Chapitre 8 - Matin de fièvre

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[ILLUMI]

Le dos droit, j'étais rentré chez moi, veillant à ne pas faire de bruit. J'avais retenu la poignée pour que le choc du loquet soit amorti, j'avais grimpé les marches de bois au ralenti pour éviter tout grincement. Le manoir était grand, l'aile réservée à mes parents se trouvait bien loin de ma chambre. Mais l'élimination de tout risque de questions méritait toutes les précisions. C'est ainsi qu'avec une lenteur extrême, je poussai la porte de ma chambre. Une fois celle-ci refermée, mes jambes cessèrent presque de me tenir, et après quelques pas fébriles, mon corps s'écroula lourdement sur mon matelas. À peine, mon front fut entré en contact avec mes draps que les larmes me montèrent. Pas de sursaut ou de hoquet comme j'avais eu l'occasion d'en voir chez Karuto ou Killua, lors de leurs quelques pleurs de nourrissons. Uniquement de l'eau salée qui s'échappait de mes yeux pour terminer les courses contre les couvertures sombres.

Trouver le mot juste pour justifier cette crise de larmes paraissait inutile. Je pleurais rarement. C'était une activité que j'avais abandonnée depuis longtemps : rien ne me touchait plus au point de mouiller mes joues. Il n'y avait que certaines nuits, certains événements qui remuaient quelque chose en moi et me laissaient couler des pleurs silencieux.

Ici, c'était l'état second d'Hisoka, les circonstances de nos retrouvailles à Ryo et moi, le fait de le revoir simplement. Ce qui était arrivé entre lui et moi était resté tapi dans ma mémoire, dissimulé dans cette pièce qui avait accueilli nos respirations maladroites. Le souvenir m'était amère : le ton embarrassé de Ryo, le sentiment de trahison qui m'avait glacé le sang, mes épaules qui tremblaient de peur contre le mur du couloir, mon serment. J'avais endurci mon comportement et mes parents n'avaient rien remarqué. La peur peu à peu disparut mais la culpabilité resta. Peu importait que mes parents le sachent ou non, j'avais sali le nom de Zoldyck.

Retrouver Ryo à peine six mois après l'épisode s'était avéré violent. La crainte, comme une lame, se collait à nouveau à ma gorge. Les agissements d'Hisoka cette nuit n'avaient été que catalytiques.

À sept heures précises, sous les abois de mon réveil, j'ouvris les yeux. Ma vue était barré par trop de mèches de cheveux pour que je remarque tout de suite que je portais encore mon uniforme scolaire. Péniblement, mon corps se redressa pour s'affaler à nouveau, sur le dos cette fois, contre le lit encore fait. Mon premier cours ne commençait pas avant neuf heures. En défaisant les premiers boutons de ma chemise qui s'étaient enfoncés dans ma peau pendant les quelques heures que j'avais passée endormies, l'image de Ryo portant ce même uniforme me traversa l'esprit.

Sans aucun doute, nous nous recroiserons dans les couloirs de ce lycée et il m'adresserait à nouveau la parole. J'aurais voulu l'ignorer, comme je l'avais ignoré en retournant dans la salle où se tenait la réception après m'être longuement assuré que toute rougeur avait disparu de mon visage. Néanmoins en l'ignorant, je ne ferai qu'attiser la curiosité d'Hisoka, je ne pouvais supporter plus de questions. Plus il en savait, plus les risques étaient élevés. Il était bien trop proche de la demeure familiale et de tous les gens qui s'y trouvaient pour en savoir autant.

Je détestais ces états d'âmes et ces louvoiements. Prise en étau entre Ryo, ma famille et Hisoka, mon cerveau s'épuisait. Mes paupières recouvrirent mes yeux. Le regret ne m'était pas familier. La culpabilité qui faisait trembler mes os était une punition, une leçon que je me devais d'apprendre.

Mon pouce glissa contre ma tempe, suivant les traces de mes larmes effacées. Mon annulaire passa sur la fossette entre mon nez et ma bouche. Le reste de mes doigts chancela furtivement sur mes lèvres. Celles-ci s'entre-ouvrirent subitement ; j'expirai. D'un geste brusque, je tirai ma chemise pour l'extraire de mon pantalon et défis la boucle de la ceinture qui ajustait ce dernier. Ma main se fraya alors un chemin entre mon ventre et l'élastique de mon sous-vêtement. Le dos plié en avant et les cheveux en désordre dégoulinant de chaque côté de mon visage inusité.

Ravage [Hisoka x Illumi]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant