Chapitre 24 - Je fais ce que tu veux

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[ILLUMI]

À ce moment-là, je n'avais jamais autant détesté Hisoka. Les effets qu'il avait sur moi, ce pouvoir tout simplement qu'il exerçait dextrement sur mes sens, me donnaient l'irrépressible envie de m'enfuir, de ne plus jamais lui adresser la parole ni le regarder. Mais l'attraction qu'il produisait, sans compter la curiosité qui ne faisait que croître en moi, me retenaient, là, entre ses bras.

À sa merci.

Sans me lâcher, Hisoka me guida doucement, pas à pas. J'étais trop préoccupé par ses doigts qui s'affairaient à défaire les premiers boutons de ma chemise, pour m'inquiéter de la destination programmée par mon ami. Alors machinalement, je le suivis.

Je le suivis avec une soumission telle que je m'en voudrais plus tard de lui avoir si gentiment obéi. Mais à cet instant j'aimais trop ce qu'il me faisait pour me poser des questions.
Très vite, nous arrivâmes dans l'encadrure de la porte de sa chambre. De là, je pouvais déjà voir la suite des choses. Mille fois j'étais entré dans cette pièce mais c'était la première fois que j'y pénétrais avec de telles intentions. Je regardais fixement le lit qui se détachait du reste de la chambre du fait de la lumière tamisée d'une fin d'après-midi. Je ne pus m'empêcher de comparer les draps clairs d'Hisoka au miens, cent fois plus foncés. Encore ici, je relevai la distance astronomique qui nous séparait tous les deux, alors que nous étions pourtant si proches à cet instant.

Détrompez-vous, je ne doutais pas. J'avais, pour ainsi dire, terriblement envie d'Hisoka. Avant son arrivée dix ans plus tôt, j'avais été tout à fait étranger au sentiment de désir. À l'évidence, j'avais déjà souhaité certaines choses. Cependant cela restait léger, frivole. Un simple caprice auquel il m'était facile de renoncer ou alors tout simplement une envie banale et facile à combler. Contrairement à tout cela, l'intensité avec laquelle je "voulais" Hisoka découlait d'un sombre sentiment que j'avais du mal à nommer puisque tout était si confus. Je supposais que c'était en fait une sorte de jalousie maladive même si je n'étais en aucun cas de ce type de personnes envieuses. En fait, je ne me croyais pas jaloux de lui, enfin du moins pas d'une façon "traditionnelle"; je ne voulais pas ce qu'il avait, ni être comme lui. Non, je ne voulais en aucun cas de son habilité à se faire remarquer.

Peut-être étais-je jaloux du fait qu'il arrive à accorder cette attention spéciale à tous les gens qui lui tournaient autour mais pas à moi ? Pendant tout ce temps, j'avais été si près de lui, tellement près que je lui étais devenu acquis. L'indifférence qu'il me portait m'ennuyait-elle à ce point ? Non, je ne le lui dirai jamais, mais j'appréciais nos rapports d'une certaine manière.

Mais une chose était sûre, cette relation gentillette je n'en voulais plus. Je voulais bien plus et j'allais l'obtenir.

En proie d'une toute nouvelle motivation et ne laissant plus place à aucun doute, j'agrippai Hisoka par la col, celui réagit à mon geste pour le moins audacieux avec un sourire vainqueur. Il savait qu'il avait réussi, j'avais craqué de toutes les façons possibles. Mais ma fierté avait depuis longtemps été réduite en miettes. Alors autant en profiter.

Titubants, nous pénétrâmes la pièce; j'avais du mal à marcher droit étant donné la façon dont Hisoka dévorait mon cou et mes épaules dénudées en tirant toujours sur des mèches de mes cheveux. Aucun son ne sortait de ma bouche et pourtant celle-ci était grande ouverte.

Lorsque, finalement mes pieds heurtèrent le bord du lit, mes pupilles s'ancrèrent dans les siennes. Plus de baisers, plus de caresses, juste pendant un instant simplement nos yeux. En hommage à tous les coups d'oeil, à tous les regards que nous avions échangés. Le contact visuel avait toujours été au centre de notre relation. Je savais que les autres, Hisoka les voyait sans vraiment les voir. À ce moment-là, j'étais le seul. Le seul à avoir vu les yeux d'Hisoka, la façon dont la lumière se réfléchissait dedans, ou la manière dont ses cils frôlaient ses joues lorsqu'il clignait des paupières. À ce moment-là, je savais tout, les autres ne savaient rien.

Puis lentement, très lentement, si lentement que cela me surprit, Hisoka se saisit de ma hanche et me bascula sur le matelas. Il n'était pas du genre doux, plutôt du type intense. Je tombai mais avec la même lenteur. Mon regard ne se détachait plus du sien, chacun de mes mouvements en symbioses avec les siens. Je planais.

Il prit mes lèvres avec une douce avidité qui me fit frémir. Son corps au-dessus du mien, mes mains tout contre son dos, son genou entre mes cuisses. Le mouvement de sa langue sur mes lèvres m'alerta. Cette perte de contrôle allait plus loin que prévu. Je veux dire; Hisoka n'était pas supposé se montrer aussi prépondérant avec moi. Surtout pas avec moi.

D'un mouvement habile je parvins à retourner la situation, un flash de la soirée me détourna un instant de ma tache. La position dans lequel je me trouvais m'était si familière que cela en devint humiliant. Face à mon amertume, Hisoka sourit de plus bel mais s'abstint de tout commentaire, se contentant de me renverser une seconde fois. Il me jeta ensuite un regard qui me fit comprendre que maintenant c'était lui qui avait la haute main sur la suite des événements. Je ne pouvais le nier: bien que me révoltant, le fait qu'il prenne ainsi les rênes attisait mon désir. Et c'est ainsi que je me laissai faire.

Lorsqu'il retira complètement ma chemise, je me sentis incroyablement vulnérable. Une énième fois, j'eus envie de m'enfuir mais le visage souriant d'Hisoka me retenait là.

Doucement, il se pencha vers mon oreille alors que ses doigts défaisaient le bouton de mon pantalon.

« — Tu sais Illumi, je suis vexé... me chuchota-t-il, son souffle chaud heurtant ma joue.

Je ne répondis pas, ma propre respiration perturbée par ses gestes.

Tu as laissé Ryo te prendre ta première fois. Je suis jaloux.

Je sentis sa bouche s'étirer contre mes cheveux alors que ses mots me frappèrent de plein fouet.

Jaloux ? dis-je dans un souffle, mon cœur battait à une trop grande vitesse; mais je m'efforçais de garder un ton indifférent, priant pour qu'Hisoka ne regarde pas mon visage. D'autant plus que maintenant, sa main glissait avec une lenteur extrême tout contre mon sous-vêtement.

Je poussai alors un soupir tremblant le plus silencieusement possible.

Oui... susurra-t-il alors que ses gestes, peu à peu se précisaient.

Je fais ce que je veux, » dis-je à bout de souffle.

Ravage [Hisoka x Illumi]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant