Chapitre 18 - Nul besoin, nulle envie

278 21 5
                                    

[ILLUMI]

Qu'avais-je fait ?

Mes pas rapides retentissaient contre le sol alors que, la tête baissée vers mes pieds, je ne savais plus quoi penser. En plus de ça, les battements de mon cœur, résonnant à mes oreilles s'enchaînaient à une vitesse ahurissante. 

Hisoka s'imaginait-il des choses maintenant ? Et pourquoi avoir fait une telle chose ? Il n'était pas du genre à donner sans recevoir. La question « Hisoka » avait certes beaucoup d'importance, mais je ne pouvais m'empêcher de m'inquiéter pour moi. C'était vrai, d'un coup comme ça, j'avais eu envie de... avec Hisoka. Rien que cela c'était un signe de déficience mentale.  Mais surtout avais-je envie de plus avec lui ? D'aller jusqu'au bout ? Réellement ? Trop de questions. 

La seule chose que je pouvais affirmer c'était que j'avais aimé. J'avais aimé avec Ryo aussi mais ce n'était pas pareil. Hisoka et moi étions amis depuis longtemps, c'était peut-être pour ça. Il me connaissait mieux.

Je rentrai chez moi, la tête remplie de questions et d'images que j'aurais voulus oublier. Les mots que j'avais prononcés, les bruits que j'avais émis, les gestes que j'avais fait, et toutes ces choses qui me donnaient envie de m'enterrer dans le sol, tous ces trucs me collaient la nausée. 

Je traversai l'allée boisée menant à ma maison.

Cependant, j'avais le sentiment de ne pas être totalement rassasié. C'est comme un trou que je n'arrivais pas à remplir. Sur le moment, Hisoka m'avait paru être le solution mais c'était encore pire. Une personne n'est pas une solution. 

Je grimpai les trois marches centenaires qui précédaient la porte.

Est-ce que je devais réessayer avec Hisoka ? Pour être fixer. Les sensations semblaient décupler avec lui, c'était si différent qu'avec Ryo. Il n'est pas parti après, pas comme Ryo. Évidemment qu'il ne l'a pas fait, il était chez lui. C'est moi qui me suis enfui.

J'ouvrai la porte et la chaleur du foyer me traversa le corps.

Peut-être que... Peut-être qu'Hisoka resterait lui. Non. Réfléchis. Il sautait différentes personnes chaque semaine. Il ne resterait pas. Après avoir couché avec moi, il partirait. Tout comme Ryo l'avait fait. 

Je laissai tomber mes affaires, retirai mes chaussures et marchai lentement jusqu'à ma chambre, priant pour ne croiser personne.

La tentation était forte et je me demandais si, Hisoka aussi, voulait aller plus loin. 

Je m'enfermai enfin dans ma chambre.

Je le voulais. Vraiment, bien que ce soit malgré moi. 

Je m'accroupis en glissant doucement, le dos reposant contre ma porte. Puis je pris ma tête entre mes mains.

C'était décidé. Je coucherais avec Hisoka. Je méritais au moins ça, après l'avoir supporté des années. 

« Pour une fois que j'ai envie de quelque chose, pensai-je en relevant ma tête et adossant mon crane sur le bois de façon à regarder le plafond. Je fermai les yeux. C'est peut-être une bonne idée finalement. »

Après une quinzaine de minutes à somnoler ainsi positionner, j'entendis trois coups secs et distincts frappés à la porte de ma chambre. Je me relevai lourdement me retenant de grommeler de grossières paroles, même si la personne derrière la cloison avait plutôt intérêt à avoir une bonne excuse. J'ouvrai donc, et tombai nez à nez avec Gotô. Ce dernier m'informa de façon brève mais polie que quelqu'un souhaitait me voir, mon cœur gonfla subitement à l'idée que cela soit Hisoka bien qu'à mon propre mépris, mais mes espoirs irraisonnés se brisèrent aussi vites qu'ils étaient nés quand je vis le visage - trop - familier de Ryo s'incruster dans le cadre de ma porte. Je soupirai et Gotô retourna de suite vaquer à ses occupations sans autre commentaire. C'était l'avantage; il était très formel mais ne posait pas de questions; ma mère en aurait fait des caisses. 

« — Salut ! tonna-t-il allègrement.

Je le dévisageai en silence, cela dura un moment. Et je refermai subitement la porte sur son sourire d'idiot.

Il réagit immédiatement retenant mon geste et criant presque pour me stopper.

Attends, Illumi !

Je lâchai la poignée et son image se compléta. Je tournai aussitôt les talons, l'ignorant et m'enfonçai dans ma chambre. Et Ryo fit la même chose, il me suivait à l'intérieur. L'envie de lui hurler de sortir de ma chambre, de ma maison semblait tentante mais je me retins par politesse et surtout, pour conserver mon image indifférente.

Tu ne me demandes pas ce que je fais là ? s'ensuit-il alors que je lui tournais le dos.

— Non, dis-je, triomphant de ne pas avoir craqué le premier.

 Tu ne veux pas savoir alors ?

Toujours dos à lui je dis : 

 Non, pas spécialement. »

Et je ne mentais pas ; ces temps-ci, Ryo n'était que le cadet de mes soucis. 

« — Eh bien je vais te le dire quand même.

Je lâchai un soupir.

— Puisque hier, tu n'as pas pu rester, j'ai décidé de venir moi-même. Me voilà !

— Je ne comprends pas, lui signalai-je coupant court sa démonstration qu'il pensait visiblement humoristique, ou retentissante je ne sais pas. Dans tous les cas, c'était raté. 

— Je veux simplement passer un peu de temps avec toi. Il dit ça en se vautrant sur mon lit, toute motivation ayant manifestement quitter son corps au moment même où je prononçai mes précédentes paroles. C'est si dur que ça à imaginer ? C'est toi-même qui nous as déclaré, plutôt solennellement d'ailleurs, amis.

Je ne bronchai pas, cet idiot n'avait pas tort après tout. Et puis il ne pouvait pas deviner ce qu'il venait tout juste d'arriver. 

 Je peux rester alors ? conclut-il

 J'imagine. »















Ravage [Hisoka x Illumi]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant