Chapitre 31 - En vie

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[ILLUMI]

Deux jours s'étaient écoulés depuis le fameux soir. Celui où Hisoka et moi avions finalement sauté le pas. Je ne regrettais pas, comme je le lui avais dit. Mais j'étais bel et bien honteux de mon comportement, si docile vis à vis de lui.

Il pensait sûrement que maintenant je lui étais parfaitement dévoué, et ce simple fait me mettait profondément en colère. Mais que faire, alors qu'au fond de moi, je luttais pour ne pas retourner le voir ?

Cette matinée auprès de lui, le lendemain de la nuit où tout avait changé, avait été si rassurante. Hisoka lui-même avait fait preuve d'une prévenance telle que je ne l'en croyais pas capable. Ses mots, actions et sourires avaient semblé si nouveaux et surprenants. Ma peau en frémissait toujours, rien qu'en y repensant.

Il avait donc ce pouvoir.

Nous étions lundi, un lundi de mai. L'été approchait, la fin de l'année scolaire et les examens de fin de cycle aussi. Bientôt le lycée serait fini et Hisoka et moi nous séparerions : je continuerai mes études dans la capitale tandis qu'Hisoka... Et bien, je n'avais pas connaissance de ses plans pour l'année suivante. Nous n'en parlions pas.

Seulement, en juin, Hisoka aurait finalement dix-huit ans. "Enfin libre!", dirait-il. Et c'était vrai. Hisoka, à ce moment-là, se retrouvera totalement délivré de toutes ses assistances sociales qui l'accompagnaient depuis des années. Il parlait aussi peu des aides et inspections qu'il recevait que de son futur. Ainsi, je ne connaissais ni son avis et ni sa position sur ces sujets.
J'aimais croire que tout cela m'importait peu mais je ne pouvais m'empêcher de m'interroger, surtout maintenant que la majorité était si proche.

Mais nous avions encore un peu de marge avant d'entamer notre vie d'adulte.
Et aujourd'hui,  je devais aller en cours. Là-bas, je le reverrai. En sa présence, comment voir autre chose que son visage humide et sa poitrine se soulevant au rythme de sa respiration haletante, que se lèvres souriantes d'où s'échappaient la fumée d'une cigarette ?  Ces images demeuraient gravées sur mes paupières malgré tous mes efforts pour les effacer.

Depuis que j'avais ouvert les yeux, ce matin, j'avais essayé, en vain, de penser à autre chose. Mais lorsque je le vis, au loin, son dos reposant contre l'abribus, je sus que rien ne pourrait chasser la nuit dernière de mon esprit. Dans un court soupir nasal, j'acceptai mon sort.

Je m'approchai donc, adoptant une démarche décidée, sûr de moi seulement en apparence.

En avançant sur l'asphalte, mes pieds, que je sentais brûlants, semblaient ne faire aucun bruit que je qualifierais de très particulièrement audible, et surtout pas par quelqu'un, comme Hisoka, qui se trouvait encore à une certaine distance de moi.
Pourtant, ce dernier releva soudainement la tête, sans raison apparente ou peut-être savait-il que j'arrivais, et nos regards se croisèrent. Je ralentis instantanément jusqu'à m'arrêter totalement.

Là, planté au beau milieu du trottoir, j'étais comme enraciné. Mes jambes paraissaient tétanisées et refusaient d'esquisser un mouvement de plus en direction d'Hisoka. Ce dernier ne bougeait pas plus. Adossé et face à moi, il me fixait avec une fervente intensité. Je soutins l'échange évidemment, seulement la gêne m'accablait. Quelques secondes passèrent avant que j'observe, sur le visage d'Hisoka, se dessiner un petit sourire béat. Je recommençai alors à avancer en sa direction; le charme avait été rompu.

« — Illumi, » se contenta-t-il de dire en guise de salutation je suppose. Il avait ce ton finaud, un peu charmeur, si caractéristique.

Sans y prêter grande attention, mes lèvres s'étirèrent quelque peu en un sourire discret mais significatif. Ce sourire-ci était, pour ainsi dire, on-ne-peut-plus réel et sincère.

Dans un silence étrange mais léger,  nous attendîmes le bus côte à côte. Le fait qu'Hisoka ne parle pas, lui qui était si bavard usuellement, m'étonnait, et pourtant je me sentais tranquille.
Le bus arriva. Je montai, il me suivit. Nous prîmes ensuite place, encore une fois côte à côte,  assis l'un à côté de l'autre.

De cette manière, nos mains se touchaient. Je me convainquis que je ne l'avais pas fait exprès. Après une ou deux minutes de contact immobile, Hisoka, que je trouvai très peu fidèle à lui-même depuis que je l'avais aperçu,  me rassura en ré-adoptant son comportement joueur habituel.

En effet, il commença son jeu doucement - si doucement que n'importe qui aurait pu penser qu'il ne l'avait pas fait exprès -. Son auriculaire droit frôla d'une façon qui, je le savais, se voulait provocante trois de mes doigts. Je ne bronchai pas. Puis, avec plus de conviction, il caressa le dos de ma main, sans détacher son regard du point invisible qui se trouvait apparemment droit devant lui. Cette fois, un frisson atrocement érotique me parcourut l'échine. Je remuai un peu, il s'en aperçut.

Son petit doigt finit par attraper deux de mes doigts, agissant comme un crochet. Je regardai Hisoka : il souriait.

Il souriait car il avait réussi : ça y est, nous nous tenions la main. Indirectement peut-être, avec une forme de ridicule sûrement, mais lui et moi nous tenions la main. Mon rythme cardiaque semblait résonner au fond de ma gorge, mais je ne bougeai pas pour autant.

Ce moment ne me paraissait pas réel. Hisoka et moi, regardant droit devant nous, main dans la main.

















Note de l'auteur :

Premièrement, bonjour.

Je sais que je n'ai pas pour habitude de m'adresser directement à mes lecteurs, mais c'est important (plus ou moins).


D'abord, je voudrais simplement informer les personnes qui ont lues le début de mon histoire il y a un certain temps que, bien que dans mes premiers chapitres j'avais écrit que Illumi avait 17 ans ( via notamment l'épisode de sa fête d'anniversaire), il en a en fait 18, en partant sur le principe qu'Illumi est du début de l'année ( je n'ai pas trouvé sa date de naissance). C'est plus logique pour le reste de mon histoire. Donc Illumi a déjà 18 ans au début de mon histoire et le flash-back du chapitre 2 et 3 est donc celui de la fête de ses 18 ans. Hisoka, qui est de juin, n'en a que 17, pour l'instant.

Ainsi j'ai rectifié ce point dans mes premiers chapitres, mais je vous en informe simplement ici, à ce niveau de l'histoire, par mesure de précaution pour éviter toutes confusions.


Ensuite, je voudrais prochainement donner des titres à mes chapitres. Cela se fera petit à petit. Voilà, ce n'est pas un gros changement mais c'était juste pour prévenir.


Et finalement, dernier ébranlement, plus conséquent peut-être : je compte réécrire mes premiers chapitres que je trouve trop familiers, trop simples, trop désinvoltes. Je ne changerai évidemment rien à l'histoire en elle-même,  ainsi vous n'aurez pas besoin de relire ces chapitres.


Voilà, plus de nouveautés ou de modifications ! Du moins pour l'instant.

Merci de me lire.

Ravage [Hisoka x Illumi]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant