Chapitre 39 - A little death

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[ILLUMI]

« — Illumi, j'ai couché avec Ryo.

D'abord, je ne dis rien. Ses mots ricochèrent sur mon âme, comme des pierres plates sur un mer calme. Une sorte de collision, un choc entre le réel et mes fantasmes. Pourtant peu importe le caillou, peu importe le lancer, la roche finit toujours par couler, absorbée par les flots dont elle avait elle-même provoqué le mouvement. Ainsi, je réalisai.

Quand ?

Avant. Et après.

Et ce fut comme une pluie de lames d'aciers tranchantes. Elles se plantèrent dans mon dos, mes épaules et ma poitrine, s'enfoncèrent jusqu'à ma moelle et se mirent à remuer avec férocité. Hisoka m'étudiait toujours, sa mâchoire était crispée, comme s'il serrait très vigoureusement les dents. Mais dorénavant son visage m'était flou. Son image n'avait plus de sens.

Il en avait eu assez, voilà pourquoi il était parti. Il s'ennuyait avec moi. Voilà tout. Et pourtant, pourtant... J'avais été idiot de croire qu'il s'était créé un lien entre nous. Un lien spécial.

Mais il avait menti. Et j'avais été assez naïf pour le croire malgré son caractère.

- Tu as vraiment fait ça ? murmurai-je. Je m'accrochai à des faux espoirs, déjà condamnés. Je souhaitais si fort qu'il me rassure en disant que ce n'était que l'une de ses mauvaises blagues. Il se mettrait à rire en voyant mon air mécontent et me prendrait doucement la main en la serrant entre ses doigts.

Bien sûr que j'ai couché avec Ryo, dit-il comme une évidence. Le ton de sa voix avait radicalement changé. Maintenant on aurait dit qu'il se moquait de moi. Je ne scillai pas pendant qu'il me crachait la vérité au visage.

Qu'est-ce que tu croyais ? Qu'on sortait ensemble tous les deux ?

Non, ne rie pas. Ne te moque pas de moi. S'il te plaît ne rie pas. Efface ce sourire. Tais-toi.

Hisoka, dans une semaine, je n'aurais plus jamais à te revoir, d'ici-là je ne veux plus à avoir à te parler, ne viens plus me voir, ne prononce plus mon nom. Ne me regarde plus, dis-je, clairement, le voix dénuée de toutes teintes émotionnelles.

Son visage, comme figé, garda cet air mesquin et condescendant alors que je prononçais ces mots. J'affrontai son regard une dernière fois avant de m'entendre chuchoter la phrase suivante.

Tu as tout gâché. »

Je savais qu'il m'avait entendu. Il savait que j'avais raison.

Je tournai les talons à contrecœur parce que ce j'aurais vraiment souhaité c'est le serrer dans mes bras. Sa promesse me revint en tête.

« Je ne ferais jamais rien pour te blesser Illumi. »

Tu parles.

Le reste de la journée ne fut que brouillard. La semaine suivante aussi d'ailleurs. Je ne le croisais plus dans le car. Ni au lycée en fait. Il n'était plus venu en cours. Je me posais mille questions à propos de son absence, de ses paroles, de ce qu'il m'avait fait. Et tout cela malgré moi. Ces interrogations se formaient d'elles-même dans ma psyché et restaient là à flotter au gré de mon esprit, jamais parfaitement présentes mais jamais parfaitement absentes non plus.

Car je crois que ça y était. Hisoka me manquait.

À chaque nouveau lever de soleil, c'est son image qui se dessinait sur mes paupières. Malheureusement ce n'était qu'un dessin. Poètes et auteurs s'accordent pour dire que le temps atténue ce sentiment, le tue à petit feu. Ça me rendait impuissant. J'étais agenouillé, suspendu et dépendant de l'horloge. J'en étais malade.

Cet été trop chaud, ma peau moite et mon crâne qui pesait sous le poids des souvenirs brûlants. C'était trop. Je devais partir au plus vite.

La distance aussi séparait les âmes.

Ravage [Hisoka x Illumi]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant