Chapitre 30 - Walkin' all day

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[HISOKA]

Du coin de l'œil, je l'observai se raidir en se rendant compte qu'il s'était lui-même piégé. Mon rythme de marche diminua, s'accordant à celui d'Illumi. Ce dernier avait ralenti en guise de réaction à sa petite erreur. Je connaissais assez bien son aversion pour la défaite pour savoir qu'il se maudissait en silence.

J'effleurai ses doigts, et obtins facilement son regard en plus de son attention.

« — Différent comment ? répétai-je plus solidement cette fois. J'étais fasciné.

Ses yeux scrutèrent mon visage à l'affût , je le savais, de la moindre trace de sarcasme ou de moquerie. Mais il ne décela rien, car comme je l'avais précisé, j'étais on-ne-peut-plus sérieux en posant cette question. Sérieux à propos de lui. Du moins pour l'instant. En effet, mon esprit avait lui-même apporté ce sentiment d'auto-accusation; ce dernier ne cessant de croître depuis que nous avions quitté mon appartement.  

J'avais dit à Illumi, lui avais spécifié, assuré que je ne le blesserais pas. En disant cela, je lui avais menti. Car c'était faux, je l'avais déjà blessé, simplement il ne le savait pas. Seulement mentir encore et encore à Illumi semblait demeurer l'unique chose qui me permettait de m'en sortir. Maintenant, la vérité était scellée, recouverte d'un épais tissu de mensonges et je ne pouvais plus rien faire d'autre que de renforcer cette toile fourbe dont j'avais moi-même tissée le premier fil.

Alors oui, je me sentais mal à propos de mes actions passées. Néanmoins, je ne comptais pas les réparer : éliminer ses sentiments de culpabilité, de regrets et d'empathie était maintenant le but que je me devais d'atteindre. Ainsi, je pourrais être libre de toutes attaches, de toute faiblesse et faire ce que bon me semblera. Voilà quelle était la solution véritable.

Mes lèvres s'arquèrent pour l'encourager à me répondre. J'étais autant intrigué qu'attiré par lui.

Tu étais plus... disposé, dit Illumi. Sa réplique bancale me fit froncer les sourcils en esquissant un sourire à la fois narquois et perplexe. Remarquant mon scepticisme, il soupira légèrement avant de déclarer les mots suivants :

Tu étais gentil. Bizarrement. Je ne te savais pas si... soucieux de tes partenaires. Enfin, tu vois ce que je veux dire.

Sa petite tirade m'abasourdit quelque peu. Je dissimulai mon hébétement derrière un subtil rire aux teintes ironiques avant de lui répliquer les seules paroles qui me vinrent à l'esprit mais qui sonnèrent si terriblement fausses lorsque je les prononçai à voix haute, même si j'en pensais les grandes lignes : 

Je me souciais de toi. Comme je te l'ai dit : tu es spécial.

Je ne mentais pas. Ou peut-être un peu. En fait, je n'avais même pas pris conscience de ce comportement si bienveillant dont Illumi parlait. Je me souciais de lui bien sûr, mais de façon égoïste et intéressé. Cela relevait du domaine paradoxal : cette sympathie dont j'avais apparemment fait preuve hier ou ce matin, je l'avais très probablement mise en place de manière inconsciente pour arriver à mes propres fins. Pour atteindre mes propres buts.

Et puis, Illumi était, pour être tout à fait honnête, vraiment spécial à mes yeux. Il semblait être le seul dont je ne pouvais pas me lasser. Je l'avais toujours gardé près de moi, car je sentais que son potentiel n'avait pas été pleinement exploité. Et ces dernières semaines, il l'avait très largement prouvé. Et maintenant,  même après les événement de cette nuit, le sentiment qu'il avait encore des choses à découvrir, des facettes à explorer, ou des expressions à exposer, persistait inéluctablement. Et tant qu'il y aurait de nouvelles choses à démasquer, je n'abandonnerai pas Illumi. Mais encore une fois, cette opération était strictement entreprise à des fins personnelles, servait uniquement à satisfaire ma propre curiosité, juste comme un défi.

Je l'observai détourner le regard lentement. Il se remit à marcher, pourtant je savais qu'il souhaitait me poser une autre question. Même si sa bouche demeurait immobile, comme un trait droit sur son visage, les mots lui brûlaient très clairement les lèvres.

Une autre question peut-être, Illumi chéri.

Il ne releva pas le surnom bien que je contemplai sa fine mâchoire se crisper. Je lui avais facilité la tâche, néanmoins, avec le jour étaient revenus pudeur et amour propre. Cela ne lui fit apparemment pas barrière puisqu'il m'interrogea finalement :

Dans le café, tu as dit que tu ne couchais pas avec autant de personnes que je le pensais, c'était vrai ?

Rien qu'au son de sa voix, j'avais pu me rendre compte de l'effort qu'il avait dû fournir pour me poser cette question. Je réfléchis un instant. Ce que je lui avais dit était vrai pour moi, mais à l'échelle d'Illumi, le nombre de personnes avec qui je couchais pouvait paraître écrasant. Cependant le fait qu'Illumi se soucie de ce nombre m'amusait délicieusement.

Oui, c'était vrai. Mais c'est sûr que par rapport à toi...

Il accéléra le pas, comprenant la tournure que ma phrase prenait. Le taquiner était véritablement plaisant. Je ris alors qu'il s'enfuyait presque, à grandes enjambés.

Je le rattrapai et maintenant nous étions libres. Ou du moins, il l'était. Je ne l'étais qu'en apparence mais peu importait pour l'instant.

Je te raccompagne chez toi ?

-À pied ?

Oui. On reste plus longtemps ensemble comme ça.

On va devoir marcher longtemps si on ne prend pas le bus.

Et bien, je m'en moque. Tu viens ? »

Il me suivit.

Ravage [Hisoka x Illumi]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant