Chapitre 51 - Desiderata

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[HISOKA]

Mes pas s'alignaient prestement, formant une ligne droite parfaite en direction de la fille. Mes bras se balançaient vaguement au rythme de ma marche. Il fallait paraître à la fois hors d'atteinte et accessible. C'était un jeu fin et qui requérait une concentration entière. Il s'agissait d'envoûter dès le premier regard ; c'était comme jeter un sort. Je n'aurais qu'une unique opportunité. Saisir puis capturer l'instant. Mon biceps frappa de plein fouet l'épaule de la cible. J'arrêtai soudain d'avancer pour me tourner vers son visage agacé, c'était le moment critique, les secondes où tout se jouait. Mon regard artificiel percuta le sien.

« — Excuse-moi, dis-je d'un ton touché mais non moins sinueux, idéalement choisi. Je fis quelques pas dans sa direction. Ça y était, j'avais fait le plus dur : capter son attention. Tant que sa bouche restait entrouverte de cette manière, elle serait à ma merci.

Peut-être que tu pourrais m'aider, je cherchais la bibliothèque, mentis-je en ne la quittant pas du regard car c'était là que résidait tout le procédé d'ensorcellement. Les secondes s'écoulaient et ses lèvres demeuraient comme fissurées. Sa vulnérabilité était bien pire que je ne l'avais imaginé. La qualité de son bridage n'avait rien à voir avec celle de l'enseignement Zoldyck. Elle finit tout de même par reprendre contenance.

Oui, bien sûr... souffla-t-elle. C'est un peu plus loin sur la propriété. Elle esquissa un geste du bras qui ne soutenait pas ses livres pour m'indiquer la direction de ma pseudo-destination. Je la coupai cependant dans sa tentative d'explications :

Peut-être que tu pourrais m'y accompagner ? lui proposai-je d'une voix porteuse d'un sous-entendu qui suggérait l'intérêt que je feignais de lui porter. Elle cligna des yeux deux fois, me transmettant sans le vouloir son hésitation. Maléna m'avait enseigné à voir les âmes et celle de cette fille m'apparaissait claire et nette. Encore quelques manœuvres et je deviendrais l'élément déclencheur de sa révolution intérieure.

Oui, d'accord, dit-elle en tournant le dos au portail d'entrée. Je lui souris, scellant définitivement son choix.

Je suis Hisoka. Le sourire qui fleurit alors sur mes lèvres fut porteur d'une ambiguïté qui présentait une interprétation discutable : je souriais non seulement pour exprimer ma satisfaction hypocrite, mais également parce qu'à l'intérieur je jubilais. J'avais réussi brillamment l'étape la plus dure. Si elle me suivait, tout était gagné.

Et moi Aude. Je soulevai un sourcil.

Française ?

Mon père, oui.

Tu sais parler français alors ?

Oui. »

Les yeux d'Illumi me manquaient mais au moins cette fille piquait mon intérêt.

Nous passâmes tout le reste de la journée ensemble. Aude était quelqu'un de franchement brillante et dans un autre contexte, j'aurais certainement pu la tenir avec sincérité entre mes bras.


Je n'eus aucun mal à obtenir l'accord d'Aude pour me suivre jusqu'à chez moi. C'est à peu près à ce moment-là que j'aurais dû commencer à hésiter. Enfin si j'avais été quelqu'un de bien. Mais il y a longtemps que j'avais abandonné la lutte contre mon propre égoïsme et les hanches d'Illumi valaient largement plus à mes yeux que le cœur de cette fille, aussi captivante soit-elle. Alors ce fut sans le moindre remord que je lui ouvris la porte de mon appartement, et ce fut également sans se douter de rien, qu'elle m'ouvrit l'espace de ses cuisses.

Je ne décrirais pas Aude longtemps mais il y avait certains de ses aspects qui méritaient d'être décrits. D'abord, je crois que c'était l'une des personnes les plus vulnérables que je n'avais jamais eu l'occasion de fréquenter. En quelques heures, j'avais réussi à l'emmener jusque dans mon lit. Après cette nuit que nous avions passé nus l'un à côtés de l'autre, je faisais ce que je voulais d'elle. C'était atroce à admettre mais ce n'était rien d'autre que la vérité. Ses cheveux reposaient sur mon torse et son visage m'était invisible mais, bien qu'elle ne bouge pas, je savais parfaitement qu'elle était éveillée. Aude refusait simplement de me quitter. Terrifiée, sûrement, du retour à la vie réelle, de la prise de conscience. Ce qui arrangeait mon entreprise. Il suffisait donc de l'entraîner dans mon monde pendant quelques jours et puis de lui briser le cœur. Anéantir quelqu'un comme Aude était d'une facilité révoltante.

Je l'emmenai ensuite dans toutes les meilleures boîtes, les meilleurs bars que je connaissais, excepté pour le lieu de ma rencontre avec Illumi, pour en conserver la pureté. Aude me suivait toujours plus enthousiasmée. Elle apprenait à une vitesse fulgurante comment se comporter en ce genre de lieux : la façon parfaite de bouger des hanches, la courbe exacte des lèvres, ou le ton idéal à adopter. Elle observait et imitait impeccablement. J'avais cette pensée amusante qui me venait en tête chaque fois que je la regardais évoluer dans le monde de la nuit : j'allais créer un monstre.

Les examens approchaient et Aude ne me quittait plus.

« — Tu comptes les passer ? lui demandai-je alors qu'il ne lui restait plus que deux jours.

Je ne sais pas. Tout a changé si vite.

Je demeurai silencieux. Alors j'avais brillamment réussi ma mission.

Je ne crois pas, souffla-t-elle finalement. Mes parents ne m'adresseront sûrement plus jamais la parole, tu sais...

En murmurant ces mots, Aude souriait. Ce fut à ce moment-là que je ressentis mon premier et dernier pincement au cœur. Elle renonçait à sa famille pour moi. J'en fus presque ému.

Sortons ce soir, déclara-t-elle finalement.

Bien sûr, » dis-je en allant pour l'embrasser. Alors qu'Aude prenait une douche, j'attrapai mon téléphone et cliquai sur le nom d'Illumi.

« Mission réussie. Je ne pense pas qu'elle passera les examens. »

Je me sentais comme si j'avais tout juste atteint le sommet du monde. Je reposai mon téléphone sur les draps. En mordillant l'ongle de mon pouce, une pensée me vint à l'esprit. Je savais que j'avais dit à Illumi que je lui rendrai ce service sans attendre de contrepartie. Mais l'incertitude de le revoir me pesait trop. Je repris mon portable.

« Illumi, si tu termines premier de ta promotion, il y a quelque chose que j'aimerais que tu fasses en échange. »

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⏰ Dernière mise à jour : Sep 03 ⏰

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Ravage [Hisoka x Illumi]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant