Chapitre 15 - Comme nous avions l'habitude de le faire

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[HISOKA]

« — Je dois te demander quelque chose, Illumi.

Je t'écoute, répondis-t-il.

J'inspirai, je ne voulais pas lui avouer mais mais il était très difficile de mentir aux yeux d'Illumi. Les mots refusaient cependant de sortir alors je continuai simplement à le regarder et je réalisai encore une fois à quel point  il est beau. Le genre de beauté naturelle harmonieuse qui procure un plaisir à l'esprit sans pouvoir être clairement déterminé de façon conceptuelle. 

Je pensais avoir pris conscience qu'il allait acquérir cette beauté singulière au début de notre adolescence. J'avouais avoir essayer de me convaincre que le fait qu'Illumi gagnerait en éclat au cours des années me gênerait car je ne voulais pas de concurrence, mais j'avais très vite réalisé que cela me rendait plus impatient qu'autre chose de voir ce qu'il allait devenir, physiquement parlant, et j'avais été surpris. Il faut dire que je ne m'attendais pas à ça. C'était avant que je connaisse la pureté des traits des Zoldyck. Sa beauté sonnait maintenant comme une évidence.

Pendant un instant, j'avais failli lui avouer mes actes d'hier soir mais son visage attentif me retint. Je me mordis l'intérieur de ma joue et mon regard changea ; mes paupière s'affaissèrent légèrement. Et je me précipitai vers ses lèvres. Mais pas comme j'avais déjà pu le faire avant. Cette fois, c'était emporté, débridé, sans aucune retenue, comme je n'avais encore jamais embrassé Illumi. Ce n'était plus gentil et amical, c'est frénétique et impatient. Je sentis Illumi bouleversé, surpris et furieusement perdu au milieu de ce turbulent baiser que je lui soutirais. Comment ne pourrait-il pas l'être ? Je l'étais tout autant : je ne savais plus si j'étais seulement attiré par Illumi ou si je tentais juste d'oublier ce que j'avais fait avec Ryo, dévoré par la culpabilité. Je penchais dangereusement pour la deuxième option même si la première m'apparaissait soudain incontestablement vraie.

Illumi, bien que manifestement troublé, participait tant bien que mal à l'échange. Même si ses mouvements semblaient moindre à coté des miens, plus hésitants et novices, il ne me repoussa pas. Enfin, il finira par le faire bien assez vite mais pour l'instant je menais la danse et me délectais du fait d'avoir réussir à le faire coopérer. Finalement, comme prévu, Illumi me poussa si fort que je manquai de trébucher sous l'impulsion de ses bras. Il était plus retenu avant. Enfin, nos baisers aussi l'étaient. 

 Oh, commentai-je mes doigts sur mes lèvres. C'était quoi ça Illu ?

 — Ça suffit. Je t'ai dit de ne plus refaire ça, murmura-t-il esquivant ainsi ma question. Il refusait visiblement de me regarder pour le moment. 

— Mais tes lèvres ne me disaient pas d'arrêter, elles... ajoutai-je en obtenant le contact visuel que j'espérais. Qui dois-je écouter, dis-moi, tes mots ou tes lèvres ? Je l'observai inspirer d'indignation, le coin de ma bouche relevé en un sourire que je savais agaçant aux yeux d'Illumi.

- Arrête avec tes phrases pré-faites à deux balles, répond-t-il après de longues secondes silencieuses. Je ne réponds rien à Illumi, n'en éprouvant pas l'urgent besoin et me replongeai simplement dans la contemplation des billes d'un noir parfait qu'étaient ses yeux pour oublier ceux de Ryo.


[ILLUMI]

Hisoka percevait très clairement mon trouble peu importe tous les efforts que je produisais pour le dissimuler. Ces deniers temps, il lisait en moi comme dans un livre ouvert. Et je ne le supportais pas. Comme s'il n'était pas déjà assez agaçant. C'était en parti pour cela que mes humeurs s'étaient faites changeantes et que mes réactions étaient comme amplifiées. Cependant, maintenant, j'étais perdu malgré moi. Mon esprit me criait d'attraper mes affaires et de mettre les voiles, de préférence, en claquant cette maudite porte. Mais je ne bougeais pas, à mon plus grand désarroi. 

Je mentirais si je disais que mon cœur ne s'était pas étrangement emballé quand Hisoka avait mouvé ses lèvres contre les miennes de façon si nouvelle. Je crois me souvenir que, dans les bras de Ryo, j'avais ressenti quelque chose d'équivalent même si le sentiment que m'a provoqué Hisoka, semblait décuplé si on le compare à celui que j'ai eu lorsque Ryo m'a embrassé avec la quasi-même promptitude. 

Mais comme je l'ai dit, en embrassant ainsi Hisoka, les sensations étaient multipliées et mes réactions pour un simple baiser, paraissaient, et c'était peu dire, exagérées. Je n'aurais pas cru pouvoir éprouver cela en ne faisant rien d'autre qu'embrasser, et je ne pouvais m'empêcher de me demander si en compagnie d'Hisoka,  les émotions suscitées si l'on allait plus loin étaient aussi nombreuses et enivrantes. Cela expliquerait tout de suite son succès. Et quand bien même, ce serait le cas, cela ne m'étonnerait en aucun cas. Hisoka avait toujours été intense et je ne doutais pas sur le fait que son comportement au lit n'y faisait pas exception. Mes pensées dérivant vers de lieux peu sûrs, je recentrai mon attention sur Hisoka qui affichait encore son indémodable rictus fier mais cette fois je ne pouvais pas lui en vouloir, il avait gagné.

Je le coupai dans son élan alors qu'il allait dire quelque chose, et déterminé à vérifier mon hypothèse et haletant d'envie de ressentir ces fameuses sensation à nouveau, je me cramponnai son haut de mes doigts et m'accrochai désespérément à ses lèvres encore humides. Je sentis son bassin cogner contre le plan de travail mais je continuai, concentré et inondé par le contentement addictif que me procurait ce baiser. 

Hisoka, la surprise passée, agrippa fortement mes hanches de ses mains pour m'approcher encore plus de lui.  Un frisson inédit me parcourut le bas-ventre suite à ce geste. Je ne savais pas à quoi il pensait, ou s'il se doutait que ce jour allait arriver. Mais après tout, dix années étaient tout de même parvenues à s'écouler depuis notre première rencontre. Il y avait de quoi renoncer, enfin, si espoir il y avait eu. Mes mains passèrent de son pull à ses cheveux qu'elles parcoururent sans gêne. D'où me venait cette soudaine aisance ? 

Je me séparai un court instant pour regarder les yeux mi-clos d'Hisoka et reprendre mon souffle que j'avais court. 

 Tu ne dis rien ?  dis-je, le regardant de bas, les sourcils légèrement froncés. 

 Non, pourquoi je gâcherais une opportunité pareille ? déclara-t-il, passant maintenant son avant-bras dans le bas de mon dos et collant ainsi nos deux torses à moitié. Mes doigts enserraient maintenant sa nuque. Je lui jetai un regard noir avant de fondre à nouveau sur ses lèvres.  Je ne voulais pas de ça, pas avec Hisoka. Enfin c'est ce que je pensais. Mais maintenant que c'était en train d'arriver, je crois bien que c'est ce que j'avais toujours voulu. 

Et, je ne mentirais pas, mais pour l'instant c'étaient les pensées d'Hisoka qui m'inquiétaient le plus : peut-être allait-il s'imaginer des choses alors que moi-même n'avais aucune idée du comment du pourquoi ma bouche était sur la sienne. Je recouvrai ma respiration, la tête envahie d'une satisfaction que je qualifiais de malsaine puisque ce n'était autre qu'Hisoka qui me la procurait. 

— Et maintenant que ce que tu comptes faire, mon petit Illumi ? Continuer à me rouler systématiquement des pelles ou passer enfin à la vitesse supérieure ?  s'enquit-il en me regardant de haut. Je commence presque à m'ennuyer. »






Ravage [Hisoka x Illumi]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant