Chapitre 27 - Cigarettes after sex

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[ILLUMI]

Allongé sur son lit, je tremblais.

Hisoka se tenait là, juste à côté de moi, il fumait une cigarette et ne disait rien. J'étais nu, lui aussi. Nous n'avions même pas pris la peine de nous couvrir avec les draps. En fait, lorsqu'Hisoka avait joui peu de temps après moi, nous étions restés dans cette position à simplement nous regarder, en respirant bruyamment et en réalisant lentement ce que l'on venait tout juste de faire. Au bout d'un moment, il m'avait souri, non pas avec cet air condescendant qu'il prenait d'habitude, non, mais avec un de ces sourires qui se voulaient rassurants je crois. Cela m'avait fait pensé à Ryo. Et je m'étais immédiatement senti coupable pour ce fait.

Il s'était retiré. Mais je le sentais encore. Comme s'il était toujours là, comme s'il avait toujours été là.

Je l'avais suivi des yeux en me redressant : il avait d'abord jeté le préservatif usagé, puis attrapé son paquet de clopes et son briquet, et finalement ouvert la fenêtre. Il faisait encore jour mais les réverbères allaient bientôt s'allumer pour éclairer les rues. Dos à moi, je l'avais regardé se pencher sur son balcon, puis allumer sa première cigarette. Et si maintenant tout avait changé ? Si tout était fini ? Si, maintenant qu'il m'avait baisé, il ne voulait plus de moi ?

Et puis il s'était retourné, m'avait encore une fois souri entre deux bouffées et avait presque bondi sur le lit en laissant la fenêtre ouverte. Il m'avait demandé s'il pouvait m'embrasser. Je l'avais fixé un instant. Il avait soufflé du nez et avait plaqué ses stupides lèvres contre les miennes. Son baiser avait le goût âpre de cigarettes et j'avais pu sentir son sourire en l'embrassant. J'avais adoré.


Et maintenant nous étions allongés sur le dos en fixant le plafond, ses doigts caressaient ma paume. Le soleil avait presque disparu. Hisoka fumait toujours: il avait posé un cendrier sur le lit près de lui.

« — Tu as aimé ? me questionna-t-il en tournant son visage dans ma direction.

Tu sais bien que oui, déclarai-je. J'attendis qu'il ne me regarde plus pour jeter un regard vers lui. J'avais toujours aimé son profil. Il souriait encore.

Alors c'était mieux qu'avec Ryo ? dit-il finalement, en se tourna vers moi précipitamment, m'attrapant en train de le regarder. Je ne pouvais pas me détourner. Il m'étudia un instant. Mais quel idiot, pensai-je.

Pourquoi cela t'intéresse tant ?  me moquai-je, en souriant légèrement. Le nom de Ryo aurait dû m'alerter ou du moins, me faire redescendre sur terre, mais d'où j'étais, je demeurais intouchable.

C'est mon seul comparatif, spécifia-t-il. Du bout des doigts, il écarta les mèches encore collées à mon visage.

Un ange passa.

Bien sûr que c'était mieux avec toi, soupirai-je en tournant ma tête en direction du plafond, vaincu. Je sentais toujours ses yeux me transpercer, mais cela ne me gênait plus. Plus maintenant.

Il ricana, l'imbécile heureux.

Dire qu'il osait se comparer à Ryo. Ce dernier n'était rien à côté d'Hisoka. Rien. Hisoka était resté, lui.

Je lui demandai à mon tour s'il avait aimé. Il rit instantanément, en déclarant comme une évidence :

Oui. Vraiment.

Je réprimai un sourire.

Et, c'était mieux qu'avec les autres ? le questionnai-je. J'avais peur de sa réponse, cela me rendit hésitant. Pendant quelques secondes, Hisoka ne dit rien. Il se contenta d'écraser paresseusement sa cigarette, une moue revêche sur les lèvres.

Les autres ? répliqua-t-il finalement.

Tu sais bien ce que je veux dire, murmurai-je.

Je vois, mais tu sais Illumi, toi, tu es spécial.

Puis encore un silence, j'entendais mon cœur battre, lent mais bruyant.

 Alors pourquoi l'avoir fait maintenant ?  dis-je. Je ne me souvenais pas m'être déjà senti aussi vulnérable en face d'Hisoka. Même pas toute à l'heure.  Le pire étant que c'était moi et moi seul, qui lui donnais l'occasion et les armes pour m'humilier.

 J'en avais envie, c'est tout. »

C'était tout. Bien sûr. Mais à quoi je m'attendais ? Après tout, j'étais comme lui : j'en avais eu envie. C'était tout. Comment pouvais-je possiblement lui en vouloir ? Après ça, je me tus définitivement refrénant tout envie d'engager une quelconque conversation.

Lorsque la nuit fut totalement tombée, je me tournai vers Hisoka. Il dormait. A vrai dire, je m'en étais aperçu depuis un moment; d'abord il s'était arrêté de parler et puis sa respiration avait changé. Dans la pénombre, mes yeux suivirent les lignes troubles de ses lèvres, de sa mâchoire, la courbe de sa joue, la pointe de son nez, ses cils clairs, ses fins sourcils ordonnés, tout. Je me redressai en silence, le regardai encore. Je levai mon bras et le dirigeai vers sa tête; ainsi, mes doigts frôlèrent volontairement ses cheveux décoiffées. J'eus subitement l'envie de l'embrasser comme il m'avait embrasser. Lentement, je me rallongeai dos à lui cette fois.

Même lorsqu'il dormait, il exerçait toujours cette attirance sur moi.

Même lorsqu'il dormait, je ne pouvais pas m'enfuir.

Même lorsqu'il dormait, je ne voulais pas le quitter.

Il me touchait sans même me toucher.

Je poussai un long et fin soupir et finalement sourit. Autant être près de lui tant que je le pouvais, n'est-ce pas ? Demain était un autre jour après tout. Aussi me glissai-je avec la plus infime des précautions sous les draps, là où Hisoka se trouvait déjà. Mon visage fit face au sien et j'observai ses traits encore quelques instants. Puis mes yeux se fermèrent d'eux même. J'avais tant de fois dormi avec lui, pourtant, cette nuit, tout paraissait différent.

Ravage [Hisoka x Illumi]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant