[ILLUMI]
Je ne perdrais pas, pas aujourd'hui.
Ses iris stoppèrent leur mouvements et ses doigts commencèrent à se mouver. La même main auparavant reposant sur mon épaule, glissait maintenant dans mes cheveux. Je ne bougeais toujours pas. Et ce fut seulement lorsqu'il précipita son visage vers le mien et posa finalement ses lèvres sur les miennes que je daignai bouger. Je fermai les yeux en inspirant profondément quand je posai mes mains sur son torse et le repoussai doucement.
« — Ne fais plus ça.
Il me regardait, un sourire sur les lèvres.
— Ça faisait longtemps. »
C'était vrai. Tellement longtemps que je ne me souvenais pas de la dernière fois mais de la première, oui. Nous devions avoir douze ou treize ans. Hisoka était euphorique à propos de quelque chose, je ne me rappelle pas quoi exactement. Je ne revois que ses dents dévoilés par le sourire parfait qu'il affichait, son rire retentissant contre les murs de ma chambre et ses bras et jambes s'agitant alors qu'il était allongé sur mon lit. J'assistais à sa démonstration de joie assis sur le sol, le regardant fixement, sa gaieté était contagieuse puisque je me souviens du sourire quoique subtil, qui fleurissait sur mes lèvres. Je me rappelle du mouvement disgracieux que son corps avait esquissé quand il s'était allongé en travers du lit pour que nos visages se fassent face. Je ne me souviens plus de pourquoi ce sujet a été abordé mais je me rappelle d'Hisoka me demandant si j'avais oui ou non déjà embrassé quelqu'un auparavant.
Après tout, cela avait toujours été son sujet de conversation préféré.
Je lui ai répondu la vérité. Jamais je n'avais embrassé qui que ce soit. J'étais sûr qu'il le savait déjà mais il m'avait tout de même posé la question. Et puis il l'a fait. Il m'a embrassé, rien qu'une seconde, mais il l'a fait.
Et il a dit ces mots :
« — Voilà, comme ça plus personne ne pourra me voler ton premier baiser. »
Le reste de cette après-midi avait beau être flou, abîmé par le temps, cette phrase au contraire, paraissait indéfectible. Elle restait gravée dans mon encéphale en dépit du fait qu'Hisoka ait dit de biens pires choses au cours des années qui auraient dû me marquer beaucoup plus que ces simples mots. La raison pour laquelle ces derniers m'avaient tellement affecté était, je pense, le sentiment qu'ils avaient provoqué en moi. Ils m'avaient fait me sentir important. Et rien n'était comparable, à cette époque pour moi, à la sensation d'être précieux aux yeux de quelqu'un.
Bien sûr, il y avait mes parents pour ça, mais nous étions tellement nombreux, moi et mes frères. Je voulais me sentir unique, chéri, irremplaçable et Hisoka m'avait fait ressentir ça l'espace d'un court instant ; et pour ça, et je ne l'avais plus quitté.
Je me remémorai encore ses mots résonnants dans ma cage thoracique, animée par les battements de mon cœur. Hisoka avait tout de même changé depuis le début de son adolescence, et je mentirais si je niais sa beauté. Il était beau, doté de cette beauté maniaque et cruelle qui traque sa proie jusqu'à l'attraper. Sans moyen d'issue.
« — Oui, longtemps. Et j'aurais préféré que ça le soit resté, déclarai-je en réponse à sa dernière observation.
— Non ! Ne me fais pas ça, clama-t-il dramatiquement. Il attrapa ma main et la posa sur sa poitrine, à gauche, là où se trouvait son muscle cardiaque.
— Je t'en conjure, Illumi, ne brise pas ce cœur, continua-t-il tout aussi théâtralement. Je ricanai malgré moi, les yeux rivés sur ses doigts entourant délicatement mon poignet.
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Ravage [Hisoka x Illumi]
FanfictionHisoka et Illumi se fréquentent depuis les prémisses de leur adolescence. L'un est de ceux qui attirent, de ceux dont on refuse de détacher le regard, aussi fascinant que malsain. L'autre est l'ombre, il est celui qui observe et analyse; efficace, i...