[HISOKA]
Lors ce que je me réveillai, je souris instantanément. Parce qu'il était là. Qu'il n'était pas parti. Il dormait encore alors j'eus le loisir d'observer un peu son visage immobile.
Qu'avais-je fait ?
Je me levai, très doucement. Si nous avions été chez Illumi, il m'aurait lui-même demander de partir. Or nous étions chez moi, et il n'était absolument pas question de le mettre dehors. Alors je me dirigeai vers la cuisine. Le soleil blanc matinal envahissait déjà tout l'appartement. Mes yeux se plissèrent.
Je préparai du café, et pourtant cette nuit j'avais bien dormi. En fait, je me sentais bien. D'habitude, je n'aimais pas que mes partenaires s'attardent trop longtemps le lendemain. Mais là c'était différent. Et pour cause, c'était Illumi.
Je n'avais peut-être pas été le premier mais peu importe, j'avais été le meilleur. Je resterai le meilleur.
Une tasse fumante dans la main, je m'adossai au plan de travail, pensif.
Illumi ne tarda pas à se montrer. Il s'était rhabillé presque entièrement. Lorsqu'il débarqua sans la cuisine, nous ne dîmes d'abord pas un seul mot. Il me regarda, je le regardai. Je souriais, pas lui. Puis ses yeux se détournèrent avec une telle indifférence que je vins à me demander si la nuit d'hier n'avait été qu'un rêve. Et je compris : c'était sa façon de fuir. Comme toujours.
« — Tu as bien dormi ? dis-je. Autant arracher le pansement.
Il se tourna vers moi, m'étudia un instant. Ses pensées actuelles constituaient un mystère pour moi. Mais je me souvenais d'hier. Lui aussi. Ainsi, il ne me répondit. Je n'ajoutai rien, laissant le temps flotter un peu au dessus de nos têtes. Aucun de nous deux ne parla pendant un petit moment. Puis, je brisai ce silence transi en m'adressant franchement à lui :
— Alors tu vas m'ignorer ?
Encore une question.
— Je ne t'ignore pas, déclara Illumi.
En jetant un coup d'œil vers lui, je m'aperçus qu'il fixait le sol et que, de ce fait, ses cheveux cachaient son visage baissé en direction de ses pieds.
— Je vais rentrer chez moi, finit-il par ajouter.
— Tu en as envie ? enchaînai-je. Il parut surpris de ma réplique puisqu'il releva légèrement la tête.
— Comment ça ?
— As-tu réellement envie de rentrer chez toi ? Ou préfères-tu rester ici, avec moi ? Tu peux, tu sais, lui demandai-je. Et encore une fois, un silence pesant s'écoula. Après ce cours laps de temps, j'ajoutai pour préciser ma pensée : On peut sortir. Comme des amis.
— Des amis ? souligna-t-il. L'intonation indifférente de sa phrase ne me permit pas de déterminer si, oui ou non, je l'avais vexé en utilisant ce terme. Je confirmai alors par un simple oui.
— Bien, dit-il finalement. Il restait.
— On peut aller en ville, ou n'importe où, m'empressai-je d'ajouter. Je peinais à dissimuler mon euphorie.
— En ville, c'est bien, » articula Illumi.
J'acquiesçai, un petit rictus sur les lèvres. Illumi était probablement gêné. Non; il se sentait sans aucun doute affreusement embarrassé, peut-être même honteux. Et pourtant, il ne pouvait plus ni lutter, ni sans empêcher. Notre amitié avait en effet, spontanément passé un sorte de cap, évolué. Et je pouvais affirmer très sereinement que c'était un millier de fois mieux qu'avant, entre nous deux. Je veux dire, Illumi était bandant. Et ça, je le savais depuis longtemps.
« — Je vais me doucher alors, » dit Illumi. Il s'éloigna de la cuisine à grandes enjambées, ses cheveux ondoyant dans son dos. Ce même dos que j'avais embrassé hier soir. Alors, j'attendis. Les minutes passaient, longues et engourdies à cause de mon impatience. Et s'il me rejetait ? Non, j'avais vu ses yeux; il me suppliait presque.
Maintenant.
Je marchai jusqu'à ma salle de bain à un rythme quelque peu précipité. La porte était close, évidemment. Je l'ouvris immédiatement avec assurance; traversai la pièce en deux pas, retirai d'un geste le boxer que j'avais enfilé ce matin en me levant.
Sous le jet d'eau, Illumi luisait. Il était de dos, en fait il ne s'était même pas retourné lorsque j'étais entré. Il s'y attendait. Bien sur. Avait-il redouté que je ne comprenne pas, que je ne le rejoigne pas ? Non, encore une fois, ce garçon savait pertinemment que je comprendrais. Comment avait-il acquis de telles aptitudes ? Aucune idée, mais cela me plaisait atrocement. Dorénavant, je l'avais à mes pieds, tout à fait captif.
Aussi rentrai-je à mon tour dans la petite cabine de douche, apposant mon torse contre son dos, avec la plus distinguée des lenteurs. En prolongeant le mouvement, je posai mon menton sur son épaule en empoignant délicatement ses hanches. Il pencha sa tête sur le coté, les paupières closes.
« — Je peux ? chuchotai-je au creux de son cou où ruisselait gracieusement de fines gouttes d'eau.
— S'il-te-plait, » soupira-t-il.
Je souris contre sa peau en y déposant un baiser. Depuis combien de temps me cachait-il cette facette de lui-même ?
Lorsque nous sortîmes de la douche , la salle de bain était envahie par la vapeur d'eau. Y voir clair était impossible. Illumi, bien que ruisselant, tenta de partir le premier de cette pièce en me laissant là. Encore trempé et en attrapant une serviette à la volée, je saisis son poignet. Il s'arrêta net, me regarda comme il m'avait regardé après s'être réveillé.
« — Arrête de fuir, veux-tu ?
Je lâchai son avant-bras pour saisir sa main et l'attirer plus près de moi. Puis, je lançai la serviette de bain sur sa tête. Observant son désarroi, je ne pus m'empêcher de rire. Je dégageai la serviette pour découvrir son visage qui me scrutait toujours, et me mis à doucement frotter le tissu contre ses cheveux.
— Tu es mignon, lui confiai-je, tout sourire.
— Je ne le suis pas, me corrigea-t-il, stoïque.
Son insensibilité me mortifiait; j'affichai une moue froissée. Mais il ne dit rien. Sa frigidité opiniâtre était définitivement vexante pour quelqu'un comme moi. Enfin, ce n'était pas grave, c'était Illumi, après tout, je lui pardonnais.
Quand nous fûmes séchés, je redemandai à Illumi s'il voulait toujours sortir, ce à quoi il répondit positivement. Il signifia en passant qu'il ne voulait en aucun cas rester ici, seul avec moi. Je le pris relativement bien.
— Habille-toi dans ce cas, me moquai-je.
— C'est ce que je comptais faire, » pesta-t-il. Et c'est sur ces mots qu'il quitta définitivement ma salle de bain.
Plus tard, nous marchions côte à côte dans une rue piétonne plutôt animée. L'air était frais même si nous étions au beau milieu du mois de mai. Illumi avait mis une de mes vestes en plus de porter mes vêtements. Il n'avait emporté que son uniforme.
Les mains enfoncées dans ses poches, il marchait le regard droit. Je n'avais aucune idée de ce qu'il pensait mais il avait souhaité rester alors peu m'importait.
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Ravage [Hisoka x Illumi]
FanfictionHisoka et Illumi se fréquentent depuis les prémisses de leur adolescence. L'un est de ceux qui attirent, de ceux dont on refuse de détacher le regard, aussi fascinant que malsain. L'autre est l'ombre, il est celui qui observe et analyse; efficace, i...