Chapitre 38 - Salop

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[HISOKA]

Éviter les ennuis. Dès que ça devient compliqué, je prends la tangente. Et ce n'est pas pour me vanter, mais je suis doué en ce qui concerne la fuite. C'est pourquoi je ne suis jamais vraiment allé au bout des choses. Ça doit être ça mon problème.

Abandonner Illumi comme ça au milieu de la nuit, c'était plutôt cruel. Ses pleurs surtout, ils m'avaient fait douter. Auparavant, je ne l'avais jamais vu pleurer. Pourtant, il y a quelques heures, j'avais pu sentir ses larmes terminer leur course en s'écrasant contre ma joue. Son souffle tremblant m'aurait presque retenu à ses côtés, l'humidité de ses yeux presque convaincu de rester regarder le lever de soleil de la fenêtre de sa chambre. Mais j'avais fait mon choix, et puis il était bien trop tard pour changer d'avis.

Il devait être six heures puisque le soleil venait à peine de se lever. Mes baskets couinaient sur le béton frais. Sans but précis, je marchais cherchant simplement à m'éloigner au plus vite d'Illumi. L'idée de le voir apparaître au coin de la rue, prêt à me demander des comptes, me hantait. J'aurais pu rentrer chez moi, mais il aurait fallu prendre le bus et croiser Illumi pour retourner au lycée. Le trajet s'annonçait tout à fait sympathique.

J'avais réfléchi et m'étais décidé à prendre le premier bus qui passait une demi-heure plus tôt que celui qu'Illumi et moi avions l'habitude de prendre. Pas de risque de se rencontrer.

D'ailleurs, je n'avais pas trop penser à ma façon de réagir au lycée quand nous nous retrouverons tous deux dans le même périmètre ; que faire s'il venait me parler ? Depuis quelques semaines, je n'arrivais plus à prévoir un seul de ses agissements. N'y pensons plus. N'y pensons plus.

Assis à l'arrêt de bus, je ne pouvais m'empêcher de penser à Illumi. Quelle avait été sa réaction quand il s'était rendu compte de mon départ ? M'avait-il cherché ? D'un geste du poignet, j'extirpai mon téléphone de ma poche. Pas une seule notification. Enfin il était encore tôt. Peut-être n'était-il pas encore levé... Je restai un moment ainsi, le regard perdu dans le vide, d'une façon complètement coupé de la réalité. Le temps qui passait ne signifia plus rien pendant ces étranges minutes.

Le frottement des roues du bus contre l'asphalte me sortit de cet état presque végétatif. Je me frottai les yeux et finalement balançai mon sac sur mon épaule pour gravir les quelques marches du bus, abandonnant derrière moi Illumi et tout ce qui lui était relatif. Assis, je ne pus m'empêcher de jeter un œil vers le domaine des Zoldyck, les toitures de la maison étaient visibles au dessus des arbres. Je suivis du regard le manoir à travers ma fenêtre, et ce jusqu'à ce qu'il disparaisse, dissimulé par la forêt dense.

Je discutais avec un ami à moi quand j'aperçus la silhouette d'Illumi au loin. Il n'avait pas l'air en colère, et il avait beau marcher dans ma direction, ses pas semblaient naturels, aussi légers que d'habitude.
Enfin le problème avec Illumi c'est qu'il n'a pas un visage expressif, ce qui rend ce genre de situation complexe.

Je fis mine de ne pas l'avoir vu, et pourtant je savais qu'il savait.

Illumi. Il s'approchai de moi en me fixant. Mais ses yeux demeuraient impénétrables. Pour le première fois, je me sentais mal à l'aise en sa présence. Cette confrontation, je la craignais profondément.

Le garçon avec qui je parlais il y a un instant, se tut quand il remarqua que je ne l'écoutais plus. Mon regard avait plongé dans celui d'Illumi et une atmosphère étrange s'était installée.
Le silence régnait. Je sentais les yeux du garçon passait de moi à Illumi sans comprendre. J'aurais voulu qu'il s'en aille. Mais ce que je voulais n'avait pas d'importance maintenant.

« — Tu as oublié ta cravate. »

Illumi brisa le silence de ces mots. Il tendit la main dans ma direction. Au creux de sa paume reposait en effet ma cravate froissée. Je relevai les yeux vers Illumi, son regard à lui n'avait pas dévié une seule fois de son axe. Mon cerveau bourdonnait, les voix autour de nous étaient trop bruyantes. Une boule prit d'assaut ma gorge. En fait, je me sentais atrocement coupable.

« — Illumi, parvins-je à articuler malgré le regard étouffant du concerné qui pesait sur moi. J'ai couché avec Ryo. »

Ravage [Hisoka x Illumi]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant