Chapitre 22 - Les lendemains

282 24 17
                                    

[HISOKA]

« Viens chez moi quand tu veux. Je t'attendrai. »

Illumi était parti. Mais la fête battait toujours son plein. J'étais retourné au cœur de la soirée, mais j'avais la tête ailleurs.
Après un moment passé à rire bruyamment, à boire et à flirter, je me décidai donc à rentrer chez moi. Je n'avais envie de personne ce soir alors, je rentrai seul.


Lorsque le soleil se leva le lendemain , il pénétra dans ma chambre sans aucun filtre puisque visiblement, dans la fatigue de la veille, j'avais oublié de fermer les persiennes. Je grognai contre mon oreiller. Ma tête me faisait mal. Je n'avais pas souvent la gueule de bois, mais quand cela m'arrivait, c'était pour de vrai. Et pourtant, j'avais été plus que raisonnable hier soir. Je me surpris alors à penser à comment se sentait Illumi en ce moment.

L'alcool ne lui réussissait pas, pour sûr. Hier soir en avait été la preuve. En effet, si je n'avais pas gentiment décliner son offre, qui sait ce qui serait arriver ? Serions-nous aller jusqu'au bout ? Je me demandai quelle tête Illumi ferait si j'étais à l'intérieur de lui. Je souris en imaginant l'expression que pourrait afficher son visage usuellement si peu expressif. Je roulai sur le côté. Rien que la dernière fois, dans cette même pièce, lorsqu'il m'avait presque supplié de coucher avec lui, les bruits qu'il avait faits, et l'expression dans ses yeux humides m'avaient tellement excité que j'avais eu du mal à renoncer à aller plus loin.

Mais je le voulais tout entier. Et puis, ma satisfaction n'aurait pas été totale si je m'étais contenté de coucher avec lui alors qu'il était ivre. De plus, ce n'était pas éthique.

Ce week-end, je décidai de le dédier à la solitude. La soirée d'hier m'avait, et je ne sais pourquoi, épuisé. Et puis je devais avouer qu'une étroite part de moi croyait en la possibilité qu'Illumi se présente devant ma porte dans le courant de ces deux jours. Ce qui n'arriva pas. Évidemment.



Lorsque nous nous revîmes, le lundi suivant, j'agis normalement. Toi aussi. Cependant, je ne cessais d'imaginer ta peau sur laquelle je n'avais aucune prise comme une pierre trempée de pluie, lisse et glissante. J'avais l'inconfortable sentiment d'avoir perdu mon emprise sur toi... Est-ce que tu te souvenais de ce que tu avais fait ? Ou plutôt tenté de faire ? Te souvenais tu de tes gestes ? Ou avaient-ils été effacés par l'alcool ? Je mourrais d'envie de le savoir. Tout comme je mourrais d'envie de t'entendre, une nouvelle fois, me demander de coucher avec toi . J'irais jusqu'au bout cette fois.

Les semaines passaient et j'attendais. J'en avais assez d'attendre. Pendant tout ce temps, j'avais pris mon mal en patience, et n'avais rien fait. Avec quiconque. Je préférais t'observer en souriant et t'imaginer nu sous mes mains. Quelque chose avait changé, tu le sentais. Et tu te défendais à ta façon, c'est-à-dire en étant plus insondable que jamais. Ça m'excitait. Je voulais être celui qui ferait naître l'émotion dans tes yeux et je voulais être le seul à pouvoir la contempler.



Ce soir, je suivis Illumi jusque chez lui. Il n'avait ni accepter, ni refuser. En fait, il ne disait pas grand chose, son silence encore plus cassant que d'habitude. Je souriais en marchant, je savais que cela l'énervait. Et je savais aussi qu'il ne dirait rien a ce propos. Il entra chez lui et disparut dans sa chambre, j'allais le suivre mais d'abord, j'avais faim.

Une quinzaine de minutes plus tard, je toquai à la porte de sa chambre et entrai avant même que sa voix se fisse entendre. Il était adossé sur son lit, a demi allongé. Son dos reposant sur un tas d'oreillers aux couleurs sombres. Ses cheveux s'étalaient sur ces derniers, libres. Je fus vexé qu'il n'ait même pas relevé les yeux quand j'étais entré dans la pièce, qu'il préfère lire son bouquin plutôt que de me parler. Les gens me regardaient toujours, jamais ils ne m'ignoraient.

« Illumi, dis-je en m'élançant vers son lit pour m'asseoir en tailleur juste en face de lui.

Regarde-moi.

Il releva les yeux à l'entente de son prénom. Ils n'exprimaient rien mais maintenant, au moins, ils me regardaient moi. Moi et rien d'autre.

Que veux-tu ? s'aventura-t-il, déjà agacé.

Il m'intriguait et je mourrais de désir de savoir ce qu'il lui passait par la tête Je voulais lui arracher son indifférence. Le faire pleurer.

Quand comptais-tu passer chez moi ? » lui demandai-je. Autant la jouer franchement. Je n'avais été que trop patient avec lui.

Il ne répondit pas tout de suite. Je pensai d'abord qu'il ne comprenait pas de quoi je parlais, qu'il ne se rappelait pas. Il m'étudia pendant de longues secondes sans esquisser un seul geste, pas même un battement de cils. Et finit par me répondre sans plus d'hésitation, avec une froide insolence :

« Jamais. »

Il se souvenait. Je souris.

« — Alors tu te souviens, Illumi... De tout ? le provoquai-je.  Néanmoins, il ne répondit rien. Il ne me lâchait pas des yeux mais je savais que je l'avais coincé. Des jours durant, il avait évité le sujet et ainsi la confrontation en ne parlant que très peu. Mais maintenant que nous étions seuls, même s'il refusait de dire un mot, il allait être obligé de m'écouter. Il ne pouvait plus s'enfuir. Si Illumi tenait à quelque chose, c'était bien à son ego.

Je me rapprochai de lui, il ne bougeait pas. Sa respiration était silencieuse mais je voyais sa poitrine se soulever doucement à travers sa chemise d'uniforme bien boutonnée.

Tu te souviens... avoir bu ? » continuai-je, sûr de moi. Tant qu'il ne détournait pas le regard, tant qu'il ne mettait pas sa fierté de côté...

J'étais proche de lui, de son visage et, je pouvais sentir l'odeur de ses cheveux. Ils sentaient l'amande. Comme depuis toujours. En silence, je pris une grande bouffée d'air par le nez. L'effluve sucrée affecta tous mes sens en émoi. À ce moment précis, un frisson parcourut mon bas-ventre, je me retins de sauter au visage d'Illumi. Il ne me faisait pas cet effet avant.

Plus près encore, je lui murmurai : « Et tu te souviens m'avoir embrassé, n'est-ce pas ? »

La distance négligeable qui séparait nos bouches ne me rendait pas la tâche facile. Mais, ce supplice, je me l'infligeais seul. Illumi n'avait pas bougé d'un millimètre. Ni avancer, ni reculer. Il se contentait de respirer ; d'envoyer son souffle chaud se heurter lascivement contre mes lèvres et de m'observer. Ses yeux sombres me rappelèrent le fait qu'il était plus sobre que jamais. Il n'y avait plus rien pour nous arrêter, cette fois, toutes les étoiles étaient alignées si je puis dire : l'alcool ne brouillait plus nos esprits, la culpabilité de la dernière fois n'était plus qu'un lointain sentiment, j'avais envie de lui et vice-versa.

Plus proches encore, j'avais cessé de voir ses yeux et mon regard se portait maintenant exclusivement sur sa bouche et ses mouvement qui traduisaient sans aucun doute, une nervosité, sinon quasi-imperceptible. Je savais qu'Illumi regardait lui aussi mes lèvres car de temps à autre, nos regards se relevaient et nous nous regardions une fraction de seconde. Et le frisson faisait une nouvelle fois son apparition. Mon sourire en coin s'effaçait peu à peu à mesure que je mordillais ma lèvre inférieure. Cela faisait longtemps que je n'avais pas eu autant envie de quelque chose.

Doucement, je repris mon monologue : « Tu te rappelles Illumi, tu m'as poussé sur le lit brutalement, murmurai-je en écartant d'une main une mèche de son visage. Lorsque le bout de mes doigts effleura sa joue, je crus mourir de plaisir. Il déglutit lentement.

Puis tu es monté sur mes genoux... »

Illumi mourrait d'envie de me faire taire et moi, je mourrais d'envie qu'il le fasse avec ses lèvres. Il devait craquer en premier. Je devais réduire son ego à un tas de miettes si petites qu'il ne pourrait même pas les ramasser. J'allais le pousser à céder, mon but était maintenant si proche.

Assis face à face, nos nez se touchaient presque. J'entendis Illumi inspirer profondément et puis finalement, bloquer sa respiration.

Nous y sommes.

Ravage [Hisoka x Illumi]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant