Canada II

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Adriane 

L'image splendide de L'hôtel la Rosa se déverse devant moi. Je me suis égaré dans le couloir interminable. Les murs sont décorés de magnifiques tableaux datant d'autres siècles. Je me sens bien. 

J'aperçois à dix mètres de moi Mégane, cheveux couleur sang reflété par une lune sans éclat. Elle porte sa robe rouge vif. 

Un couteau apparaît dans ma main, je la pourchasse en usant de toutes mes forces. Autour de nous s'installe une ambiance de fin du monde. Comme si on descendait vers les enfers. L'hôtel tombe en ruine pourtant je n'abandonne pas ma poursuite. 

Cette fois ci, pas question de la laisser m'échapper. 

La terre s'ouvre sous nos pieds. Nous tombons dans le trou qui se forme. La chute dure une éternité. 

Je m'écrase sur le sol blanc lissé de la Residence Engorana.  Pas le temps de me demander comment j'ai atterrit ici. Je me relève. A quelque mètres, Magnum colère est déjà debout sur ses talents hauts. La chasse reprend. Le sol s'allume à chacun de ses pas. 

Douce lueur ensoleillée qui pénètre les fenêtres de la résidence. Les couloirs sont baignés dans le beau temps.

 Enfin je la rattrape. Elle est à ma merci, coincée entre moi et le mur blanc. Mon couteau effleure déjà sa gorge. 

Mon cœur s'arrête.

Megane se transforme en une Jana souriante jusqu'aux oreilles. Les cheveux bruns ébouriffés, des cils interminables, le visage pointu. Son regard me transperce. Elle me défie. Vêtue d'un pantalon débrayé, d'un tee-shirt grande taille qui laisse entrevoir ses seins nus. 

Je ne suis plus qu'une vulgaire allumette. Elle me brûle.

- Jana... murmuré-je comme une prière. 

- Tu oserais me butter, Engorana ? 

Je souris.

- Sans aucune hésitation...

Mon arme tombe par terre. Je la recouvre de mes bras. Le monde devient un champ de fleure. Du coton. 

- Tu me manques... murmure-t-elle. 

Des papillons dans le ventre qui, littéralement, me font léviter au dessus du sol. Ses gestes de racaille sans vergogne sont peints d'une subtile sensualité qui frôle l'érotisme. Son souffle effleure ma nuque. Le contacte de nos lèvres suffit à me rassasier. 

- Tu me manques aussi... l'embrassé-je sur le coup. Redeviens mienne. 

- Commence déjà par me récupérer. 

Le plafond s'écroule, les lustres s'écrasent par terre. Les fissures font la course sur les murs.

Et j'assiste à l'effondrement du visage de Jana. Tel une sculpture en porcelaine, elle se fracasse sous mes yeux. Pareil pour moi. Ensemble, on devient vulgaires poussières emportées par le vent. Un ultime baiser avant de partir entièrement en miette. 

- Je t'aime... 

- Ça te perdra, Gabriélé.

Le réveil s'avère être brutale. Le cœur en croix, j'ouvre les yeux. Les cils mouillés, le souffle court. Ce genre de rêves suffit à me chambouler pendant des jours. 

Il me faut quelque minutes de réflexion pour m'en remettre. 

D'abord mon smartphone pour vérifier mes messages. Zéro. Ça veut dire que William gère ma vie mieux que moi à l'heure qu'il est. 

Le Dieu et La Reine TOME II : Criminel Malgré Lui Où les histoires vivent. Découvrez maintenant