Le Lieutenant En Deuil

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Daniel

Le lieutenant Walder portait du noir. Aujourd'hui, elle n'était pas flic, elle était une grande sœur chagrinée par la perte de son frère. Elle était assise aux côtés de ses parents, sa mère cuisinière et son bon à rien de père. Une famille unie dans le deuil.

J'ai traversé la ville pour atterrir dans le quartier de Noe Valley rien que pour la voir. Me voilà dans l'église catholique Saint-Paul. Une immense salle ornée de piliers couleur marron dont le plafond est haut de plusieurs mètres. L'hôtel blanche ou l'on voit une grande croix dorée est la pièce maîtresse. Autour, des statues d'anges qui viennent d'une autre époque, des bouquets de roses blanches sous les fenêtres colorées qui affichent le beau visage de la Sainte Marie.

C'est la maison du seigneur.

Quelque chose d'effrayant s'en dégage. Dans ses bancs en bois sombre, ses chandeliers et ses bougies en fin de vie. Même la lumière tamisée donne des frissons. En général, plus c'est macabre plus on se rapproche des cieux : raisonnement purement catholique.

Ici, seul Dieu est grand et les hommes sont insignifiants. C'est ce qu'exprime l'église toute entière ; tu es poussière et tu retourneras poussière.
En ce lieu de sagesse et de pureté absolue, je me sens étranger.

Mais pour le lieutenant, je vais jusqu'à renier ma nature et m'aventurer ici.

Assis sur le dernier banc, à l'écart des proche de George Prado, je me sens seul. J'espère entendre les voix du seigneur qu'on dit impénétrables...

Je pense au magnifique chaos que j'ai fait de ma vie, à ces inoubliables soirées de débauche passées à savourer les fruits interdites de San Francisco avec les démons de minuit. Je pense aux femmes qui ne méritaient pas que je les traite comme des chiennes, à la satisfaction que j'ai eu après les avoir perveties. Et je pense au bonheur que ça me fait d'être criminel. Cette émotion indescriptible qui me traverse lorsque je fais le mal.
Inutile de me repentir pour espérer aller au paradis, le maître de l'enfer n'attend plus que moi pour faire la fête.

La cérémonie funéraire s'achève. Charonne Walder me remarque enfin. Sans attendre, elle se lève et vient s'asseoir près de moi. Je sursaute.

- Toutes mes condoléances Lieutenant. Dis-je sans oser la toucher. J'ai appris récemment que George était votre frère, on se connaissait.

- Vous êtes là pour lui ?

- Non, pour vous.

- D'où vous le connaissiez ?

- Seulement en tant que journaliste du lycée. J'ai aussi étudié au High school of glory.

Mais ça, elle le sait. Elle a enquêté sur moi cette coquine. Alors, le meilleur moyen d'estomper ses doutes est d'agir le plus naturellement possible.

- Comment le vivez vous ?

- Très mal. Je n'ai même pas pu reconnaître son visage...retient-elle ses sanglotes. Il était défiguré par les flammes.

Je plaide coupable. Juste après qu'Adriane l'ait tué, j'ai transporté George à l'aide de mes hommes jusqu'à chez lui, tous munis de désinfectants et de gants, Le travaille de mise en scène a commencé là-bas. Heureusement, il ne vivait plus chez ses parents depuis des mois.

Ça a été un jeu d'enfant de déguiser son meurtre en accident. Walder peut envoyer qui elle veut, ses médecins légistes ne trouveront rien.

-Que lui est-il arrivé, si je peux me permettre ?

- Une fuite de gaz à son appartement. Souffle-t-elle. On l'a retrouvé carbonisé dans sa cuisine.

J'avais cuit un œuf dans sa casserole pour rendre l'histoire plus crédible. Un tas de petits détails pour faire croire qu'il était cloîtré chez lui. On a ensuite brisé le plus discrètement possible les conduits de gaz. Une seule allumette et BOOM.

Le Dieu et La Reine TOME II : Criminel Malgré Lui Où les histoires vivent. Découvrez maintenant