Revivre

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Jana

Nous arrivons sur l'île privé en même temps que la nuit. Les lumières de la villa égarée sur la plage déserte nous accueillent et nous rassurent face à l'obscurité de la forêt à perte de vue.

C'est si vaste...

Dep est le premier à entrer. Adriane et son pote ne tiquent même pas, ils doivent être habitués à ce con.

Une odeur de Black rose et de chips explose à l'entrée, signe de la présence de mes amis d'Amsterdam. Je tourne la tête sur Dep pour apaiser le monstre de stress et d'appréhension qui prend vie en moi.
Mon cœur se serre. J'ai trop peur de les confronter. Je veux fuir, disparaître dans la nature pour que plus jamais on ne me retrouve.

Dans la salle de séjour, rien, que des meubles de catalogue qui sortent des décorations clichés sur Instagram. Du blanc partout, des étagères en mélanine, une énorme table en verre et des plantes en pots. Mais j'y sens la vie qu'il n'y a pas dans les autres domaines d'Adriane. Elle se ressent dans les canettes de bières qui traînent, sur les cendriers pleins et les cartes qu'on utilise pour faire des paris. J'arrive à imaginer le rire de mes potes qui jouent ensemble pour tuer le temps. Ça me manque.

Dep et William me regardent avec une euphorie qui me rend mal à l'aise. Aucun des deux ne tient sur place. Je m'attend à ce qu'une cage me tombe dessus.

- Gabriélé ! M'énervé-je, qu'est ce que tu prépare?

Pas de réponse, il se contente de me sourire.

Je m'assoie sur le canapé. Mon corps entier est pris par des tremblements, je ne suis plus qu'un séisme.
Enfin, j'entends les hurlements de Iouy Alicia ainsi que ses bruits de pas. Elle dévale les escaliers telle une furie et se pétrifie à la minute ou elle me voit, comme si elle avait peur que je la tue. Je me relève immédiatement du canapé tandis que mes amis apparaissent un à un dans le salon. Berry et Straw en premier lieu puis Snake et Kia qui se traînent l'un l'autre comme deux naufragés. Je perds mon souffle.
Ce n'est que lorsque Soralie et le magnifique bébé qu'elle tient dans ses bras arrivent que je respire de nouveau.

Les regrets m'assoment, je me retiens de tomber. Mais la peur m'empêche de les approcher, mes pieds sont cloués au tapis. Je crains qu'ils me rejettent et ne me pardonnent jamais.

L'expression triste, Soralie s'avance vers moi. Je panique et me crée une carapace imaginaire. Elle sourit en me montrant le petit ange qu'elle tient.

- Jana, je te présente ta nièce, Camélia.

Dès que mes yeux se posent sur l'enfant, quelque chose de chaleureux se déverse en moi pour éliminer le monstre de stress. Je fonds en larme.
Soralie s'empresse de me prendre dans ses bras pour m'empêcher de m'écrouler. Les autres nous rejoignent. Je suis chez moi.

- Pardon... Bredouillé-je.

- Nous refais plus jamais ce coup. Me gronde Berry. On est une famille, on endure ensemble.

- Je partirai plus jamais. Dis-je.

Un coup d'œil sur Adriane pour qu'il comprenne qu'il est ma nouvelle maison. Il m'offre encore un de ses rares sourires . Lui et son pote blondinet semblent aussi heureux que moi.
J'écoute mes amis, ils me disent des choses banales qui, à mes oreilles, se transforment en musique. Exactement comme quand on fume de la beuh et qu'on sent le bonheur nous submerger.

Ils me parlent d'Amsterdam, me résument leur vie à Oregamika, me racontent les bagarres qui ont éclaté avec les petits frappes du quartier. Ils agissent naturellement, ayant déjà balayé l'épisode de Kayon et ses fantômes, comme si ce n'était jamais arrivé.

Le Dieu et La Reine TOME II : Criminel Malgré Lui Où les histoires vivent. Découvrez maintenant