Charonne Walder II

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Narrateur.

Il regardait sa montre. Un temps précieux gaspillé dans les embouteillages. Adriane détestait perdre son temps.

Arrivé à son bureau, il du assumer les regards interrogateurs que les bureaucrates lui lançaient. La petite poubelle brune d'Amsterdam le suivait et le collait comme un morpion. Elle était là, sauvage qui n'avait jamais vu la grande ville, attirée par tout ce que ses yeux voyaient. Les biblos, les tableaux, les baies vitrées. Tous sont passés sous son empreinte. Elle était aussi insolente que sa reine ; toujours prête à provoquer les employés, à chercher la bagarre.

Maintenant, il était assis sur le fauteuil de son bureau. Il tentait d'invoquer sa profonde concentration mais impossible en voyant Iouy-Alicia étalée sur le canapé, fumant des clopes et buvant la moitié de son whisky.

Il ne comprend pas. Pourquoi a-t-elle tant tenu à venir avec lui si au final, elle finit sur un canapé à buller comme à la Residence?

- Tu fais quoi ? Demande-t-elle soudain en expirant la fumée.

- Des comptes.

Elle regarde droit devant elle, exposant parfaitement son profil.

- Je veux dire de tes journées.

Adriane analyse la question. Avec celle là, tout se transforme en test. On l'évalue sous toutes les formes. Que cherche-t-elle a prouver ?

- Je viens au bureau. Je travaille sur des dossiers. Je contrôle des centaines d'employés.

- Et tu fais tes magouilles ?

Il sourit.

- En quelque sorte...

Elle n'abandonnera jamais cette idée qu'elle se fait du fils Engorana. Au fond, Iouy est intelligente. Elle voit claire dans son jeux.

Un long moment de silence qui dure une éternité et qui désarme Adriane, n'arrivant même plus à lire les papiers sous son nez. Il les regarde sans voir l'écriture.

- Tu dois te sentir vachement seul...

Ses mots n'étaient pas moqueries ni accusations. Au contraire, on sentait une compassion étrange à son égard.

Adriane se lève, prend une bouteille de vin rouge dans son armoire vitrée puis se sert. Verre à la main, il détaille une nouvelle fois la jeune femme.

Ses vêtements de gamine SDF donne l'impression qu'elle a survécu a tout. Typhon, tsunami, séisme. Elle les a tous défié san baisser les yeux.

- La solitude, c'est ma force... souffle-t-il. On va plus vite seul.

Encore un silence pesant. Elle est en pleine analyse. Pense-t-il vraiment ses paroles ou est-ce une carapace ?

- Est-ce que ça t'arrive de penser à Jana ?

Une gorgée pour encaisser la question. Pas une seule seconde ne passe sans que son nom maudit ne s'inscrive dans son esprit. Pas une heure, pas une journée sans penser à elle. Impossible d'oublier ces rares fois où il s'était senti vraiment vivant.

Le Dieu et La Reine TOME II : Criminel Malgré Lui Où les histoires vivent. Découvrez maintenant