Le Dieu et La Reine TOME II : Criminel Malgré Lui

À Dieu

Amsterdam

Narrateur

Iouy Alicia pensait à Dep. Elle se demandait ce qu'il faisait, loin de tout le bordel qui se passait ici, à Amsterdam.
Elle l'enviait. Dep était assez lâche pour abandonner ses amis dans le deuil. Il avait horreur des enterrements, de la morgue, des veillés funèbres.

Mais elle ne pouvait pas lui en vouloir. Dep était fragile.

Iouy regardait devant elle. L'herbe sous ses pieds gelée par la neige, les vieux chênes dénudés, les pierres tombales. Autour d'elle, ses amis habillés en noir encerclaient un cercueil en bois vernis. Celui dans lequel reposait le père de Snake.
Monsieur Stanley avait été comme un paternel pour elle, avant qu'il tombe dans le coma. Il riait, jouait avec ses fils et leurs potes. Il donnait toujours des conseils qui marquaient à vie. Son absence était une souffrance mais ce n'était pas pour lui qu'elle pleurait. 

Elle pleurait au nom de Snake qui ne vivait que pour attendre que son père se réveil, qui se droguait pour que l'attente sois plus supportable.
Il n'était même pas là, il ratait les funérailles de son héros, de son modèle.

Le prêtre, un ami de monsieur Stanley, parlait mais elle n'écoutait pas. Iouy ne voulait pas entendre qu'il y avait encore de l'espoir, que la mort ne faisait que rapprocher les vivants et qu'elle permettait de savourer chaque instant.
Elle voulait seulement être dans les bras de Dep. Ce connard l'avait abandonné. 

Au loin, on aperçoit Berry et Kia trainer un jeune homme presque inerte. Iouy est paralysée par l'effroi lorsqu'elle reconnaît son ami, dans un état pitoyable.
Snake ne marche pas, il lévite au-dessus du sol. Son visage est serein, en paix. Son regard est un trou sans fond aux reflets rouges sang. Il pue la dope et l'alcool. 

Le discours du prêtre reprend. Tout le monde l'écoute. Lui, il chantonne.

Iouy regarde son petit frère, Tristan. Bientôt quatorze ans et livré à lui même avec un frère junki. Durant toute la durée du discours, il s'efforce de ne pas verser la moindre larme. Il veut se montrer fort. 

Lorsque la cérémonie s'achève et que monsieur Stanley est enterré, la neige se remet à tomber. 
Le téléphone de Iouy sonne dans sa poche. Sa sonnerie rock attire l'attention des autres. Elle décroche. 

: Comment tu vas ma douce ? 

Dep... 

: T'es gonflé de m'appeler, s'énerve-t-elle. Tu n'es qu'un putain de traitre. 

Il ne dit rien. Son silence en dit long sur sa culpabilité mais Dep ne regrette pas. Vaux mieux être à l'autre bout du monde que dans un cimetière pour enterrer quelqu'un qui lui est chère. 

: Comment il va ? Demande-t-il. 

Elle jette un coup d'œil sur Snake. Les mains dans les poches de son costume noir usé. Sa barbe mal rasée s'ajoute à son charme comme une touche finale. 

: Il est vivant. Souffle-t-elle. C'est déjà bien. 

 : Passe le moi. Dit Dep. Adriane veut lui parler. 

 Elle est étonnée. Le psychopathe n'est pas un type bien et elle est convaincu qu'il ne mérite pas Jana ni qu'ils leur accorde leur confiance. Pourtant, elle se précipite vers son ami pour lui donner son portable. 

: Bonsoir Snake. Murmure-t-il, toutes mes condoléances. 

 Même la coke et l'alcool ne suffisent pas à atténuer sa surprise.