Désastre

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Narrateur

À la fin d'après-midi d'octobre, un froid intense s'emparait de chaque recoin de la propriété juste après que le soleil se couchait. Les branches commençaient à se dévêtir, les oiseaux ne chantaient plus. 

L'hiver s'annonçait rigoureux. Personne n'était prêt.

La résidence Engorana abritait une princesse endormie mais dans ce conte là, les sédatifs servaient de pommes empoisonnées. Depuis l'hôpital, William la contemplait des heures. Il restait là du matin au soir, souffrant à sa place. 

Quand Angela ouvre les yeux, un attroce mal de crâne l'attaque. L'équivalent d'une dizaine de clous enfoncés dans sa cervelle. Elle essaye de bouger. Ses mouvements sont lents. Sur son ventre se pose la tête du blond à bout de force, assoupit. William dort profondément. 

Ses poumons sont asphyxiées par une odeur clinique d'antibiotiques et de blouse blanche. Très désagréable.

Elle tente de bouger. Elle retient un cri de douleur. La partie droite de son corps est en bouillie. 

Dérangé par ses mouvements, William se réveille à son tour. Confronté à son regard interrogateur, il recule brusquement. Ça y est, nous y voilà. Par ou commencer ? De quel mot user? Il reste immobile sur sa chaise. 

- J'ai fait un drôle de rêve... 

Son sourire le désarme. Elle sait très bien que tout est réel. Maintenant il est question de l'accepter ou non. 

- Angela. 

- On était... on roulait... puis une voiture nous a heurté.

Une larme de désarrois lui échappe. Ses craintes n'ont pas encore été confirmées qu'elle est déjà envahie par la folie. Autour, le silence inébranlable de la résidence.

- Dis moi que mon enfant va bien. murmure-t-elle comme un ordre. 

Impossible de soutenir son regard désorienté. S'en est finit pour Angela. Elle sera perdue à jamais. Un beau gâchis. 

- William...

- La collison a été trop violente. bredouille-t-il.

Il n'est plus qu'un gamin désemparé qui avoue une faute. Dehors, une pluie naissante, synchro avec le visage de la jeune femme. Une pluie sèche.

- Les médecins m'ont expliqué que le choc a provoqué une rupture placentaire. Le placenta s'est détaché de la poche utérine et ça a entrainé une hémorragie... 

Il usait de ce que les docteurs avaient expliqué. Peut-être qu'avec les mots scientifiques, ça ferait moins mal. William devait dire davantage. Il devait dire que l'enfant était bel et bien un garçon, que l'utérus d'Angela avait été endommagé et qu'elle ne pourrait plus jamais tomber enceinte. Mais il se tut. 

- Qu'est-ce que tu veux dire ? L'interroge-t-elle, la gorge nouée. 

- Angela, tu l'as perdu... 

La réaction fût excessive, comme il s'y attendait. Les calmants, les somnifères, la douleur, que du vent à côté de son déchaînement de colère. 

- Tu mens ! 

-...On a réussi stoppé l'hémorragie mais l'enfant n'a pas pu être sauvé.

Elle se lève. Son cri sonne comme une déchirure. Elle recule dans la chambre peu éclairée.

- Tu n'es qu'un menteur !

- Angela ! 

Elle recule encore quand William tente de la rattraper, elle heurte un miroir qui s'effondre sur son corps. Sa peau blanche est couverte d'entaille qui virent au rouge. Pas grave. À genoux ! Et les plaies s'ouvrent, le tapis est ensanglanté.

Le Dieu et La Reine TOME II : Criminel Malgré Lui Où les histoires vivent. Découvrez maintenant