Le Dieu et La Reine TOME II : Criminel Malgré Lui

Enchaînés

Narrateur

- Ou tu vas ?

Adriane se retient de sursauter.

- Alors, tu décide de partir, au beau milieu de la nuit comme un putain de lâche ?

Dep a une grande gueule. Cette ordure ne perd rien pour attendre. Il veut l'étrangler, le massacrer, lui faire tout ce qu'il ne peut pas faire à Jana. Il est de la même race qu'elle, ça lui suffit pour le détester.

Adriane boit une gorgée de l'alcool qu'il tient dans sa main. Même s'il essayait de tuer Dep, il n'y arriverait pas, trop bourré pour être violent.

- Oh ! Engorana ! Tu m'écoute ?

- Va voir ailleurs, Dep. Répond-il en s'appuyant contre sa voiture. Laisse moi tranquille.

Il jette un coup d'œil à la résidence, elle est la pièce maîtresse du ravage qu'est sa vie. Il doit partir, quitter ce lieu qui n'aspire qu'à la destruction. Il ne sait pas encore où, on verra sur le chemin.

Et voilà que Dep vient lui mettre des bâtons dans les roues, sapé comme un cambrioleur. Son corps se perd dans un sweet qui fait deux fois sa taille, son visage est avalé par la capuche. Et pour couronner la dégaine, un bonnet vert foncé qu'il porte presque comme une cagoule.

Adriane décide de l'ignorer en montant dans la 4x4.

Enfin, le délinquant disparaît. Bon débarra.

Quand il allume la voiture, le salaud réapparaît aussitôt en ouvrant la portière du côté passager. Décidément, celui là est une plaie béante.

- Ba alors ? démarre.

Adriane le fixe, se retenant de lui sauter au coup.

- Que tu veuilles ou non, je viens avec toi, connard.

- Casse toi, Dep.

- Si tu m'emmène pas je te dénonce au blondinet. Le menace-t-il, et ce fils de pute mettra dix minutes à te retrouver

Sale chien. Pense-t-il tout bas.

Adriane cherche des arguments pour qu'il lui foute la paix. Aucun. Ensuite, se demande pourquoi insiste-t-il autant pour l'accompagner?

La réponse le percute aussitôt. Elle est gravée sur le visage du voyou ; sur ses cernes, son dos qu'il courbe comme si il portait tous les malheurs du monde. Dep est saturé par l'odeur puante qui se dégage de cet endroit. L'odeur de la mort, du deuil. Et à Amsterdam, cette même odeur se propage.

Il commence à rouler jusqu'aux portails de la résidence.

- Tu as conscience que je vais conduire en état d'ébriété ? Tente une dernière fois le jeune homme.

-Dans ce cas on est tous les deux des putains de suicidaire.

- Ok c'est parti.

*

Jana n'est plus qu'une clocharde assise contre la forteresse impénétrable qu'est la résidence Engorana.
Elle voulait entrer, pas moyen. Cette propriété est mieux protégée que la maison blanche. Les gardes surveillent chaque entré, chaque mètre carré. Même les murets sont un remake de la muraille de Chine peinte en noir.

Retourne chez Kayon pauvre idiote, se dit-elle, tu es minable.

Recroquevillée sur elle même, Mégane se refuse de quitter ce trottoir sans avoir vu adriane en un seul morceau, même de loin.
Elle attendra le temps qu'il faudra même si ça veut dire crever sur cette rue.