Je me réveille, enfin non. C'est faux, je ne suis pas à proprement parler entièrement réveillé ni entièrement endormi. Après un énième cauchemar au milieu de la nuit, je suis dans cet état somnolent sans avoir la force de me lever. Alors j'ai simplement croisé mes mains sur mon ventre, la sensation de la cicatrice sous mes doigts est étonnamment apaisante. C'est étrange j'en conviens, mais c'est une piqûre de rappel de mon passé.Si je me concentre assez alors j'arrive à entendre le léger ronflement, peu gracieux, de ma tante. Normalement ça ne serait pas possible, mais la maison est désespérément silencieuse. Plutôt évident sachant qu'il est moins de cinq heures. Pour bien me contredire des petits pas se font entendre, ma porte grince sinistrement et quelques secondes à peine après un museau humide se frotte à mon cou avant de se blottir contre mon ventre et de se "rendormir ".
Un rictus amusé se glisse sur mes lèvres alors que j'ouvre mes yeux pour le fixer. Bien évidemment à peine mon regard croise le sien chocolat il referme les yeux.
Y : Smoothies, je sais que tu ne dors pas.
Bien évidemment il ne répond pas, mais semblant tout de même comprendre mes paroles il ouvre ses yeux et me fixe. Je suis persuadé que si il était humain son expression serait des plus adorable pour se faire pardonner. Mais je ne lui en veux pas, malgré la règle du " tu ne dors pas avec moi ", j'aime bien le fait que chaque matin il déroge à cette règle et vienne avec moi. Alors lentement je commence à caresser son pelage pour son plus grand bonheur. Après quelque temps de douce caresse et d'un récit d'une aventure entièrement inventée je décide de me relever le délogeant donc.
Y : Tu veux venir ? On va préparer des Pancake.
Je fronce les sourcils en le fixant alors qu'il secoue la queue. Suis-je vraiment en train de demander à un canidé s' il veut faire des pancakes ? Définitivement le statut d'orpheline ne sied guère à ma santé mentale.
Finalement nous partons tous deux préparer un déjeuner digne des plus grands rois de France. J'entends par là des pancakes, du jus maison et le café de Jeanne. Une Jeanne qui ne tarde pas à descendre attirée par les bruits et l'odeur. Je terminé donc de mettre la table, sers le déjeuner du chiot et m'atable en compagnie d'une femme a demi réveiller.
J : Tu es bien matinale.
Y : Bonjour, je suis ravie de te voir en cette belle matinée. Oui je vais bien et toi ?Elle relève les yeux de sa tasse fumante et un ricanement lui vient. Tiens, ce ricanement des plus sarcastique me rappelle quelqu'un.
J : Tu es bien ironique ce matin ma chère.
Y : Faut croire.Elle roule des yeux et nous finissons finalement par déguster votre déjeuner dans le silence qui nous est cher.
Étant donner que nous sommes samedi la journée est principalement consacré pour ma part à promené le chien, ignoré mon téléphone et faire mes devoirs en compagnie de ma tante qui elle est enroulé dans un plaid et regarde une série. Au bout d'un moment, elle se relève, attrape un livre et commence à le feuilleter. Après un énième devoir en philosophie je relève le regard et la fixe.
Ce qu'elle tient dans la main que j'ai naïvement pris pour un livre est en vérité notre album de famille. Instinctivement je sens chaque muscle de mon corps se crisper et elle tourne lentement le regard vers moi.
J : Tu te souviens de cette journée quand nous avons tous trois visité le château ?
Mes doigts se serrent et finissent par chiffonner le travail que j'ai consciencieusement fait ces dernières heures.
Y : Je ne veux pas me souvenir.
J : Moi si.
Y : A ton bon vouloir, mais souviens toi en seul s'il te plais.Elle se mure alors dans le silence pour mon plus grand plaisir. Mais bien évidemment ça ne dure pas.
J : Quand nous étions jeunes, nous étions tous les trois allés à la plage. Je me suis toujours très bien entendu avec ta mère, ce qui rendait mon frère, ton père, fou de joie. Cet été là nous avons décidé d'aller au bord de l'eau. On avait donc pris la voiture des parents avant de faire une virée, nous y sommes restés une semaine. C'était vraiment...parfait.
Je ferme les yeux, pourquoi me raconte-t-elle ça maintenant ? A quoi bon ?
J : Et puis vous êtes née, je me souviens que quelques années après votre naissance je suis rentré dans la maison. Tu étais avec ta mère en train de faire des crêpes. Elle riait et souriait tandis que tu fixais la pâte en étant des plus concentré. C'était tout simplement adorable. Et ça n'as pas changé, cette attitude. Tu gardes ce visage concentré et appliqué dans chaque tâche que tu accomplis. Peu sont ceux qui arrivent à te déconcentrer.
Mais nombreux sont ceux qui arrivent à m'agacer. Je finis par attraper ce bouquin ou des photos sont collées avec bien évidement un petit texte. Au cas où nous oublierions les fantômes du passé. J'effleure un instant du doigt la photo de deux enfants brun se tenant par la main avant de le refermer violemment.
Y : Tu te souviens de Soan ? Je t'en avais parlé. Récemment ma prof d'anglais a trouvé utile de s'accaparer a l'heure de déjeuner et il m'en a sorti. Sa phrase a été " Yuma ! Vite viens ! Ton frère est tombé, il a besoin de toi !"
Ma première réaction fut de me dire que je n'ai pas de frère, que je n'ai plus de frère. Mais il a raison, mon frère est tombé. Il aurait eu besoin de moi.Un ricanement a traversé mes lèvres et je la vois détourner le regard. Mon ricanement même faux finit par s'effacer pour ne laisser place qu'à un silence lourd. Le souvenir amère se glisse dans mon esprit, ce château, cette falaise, le crie. Je l'efface rapidement et comme si elle comprenait elle attrape mes mains dans les siennes et plante son regard dans le mien. Un sourire timide se glisse sur ses lèvres et j'éteins ma rancœur pour l'imiter. Quelques secondes à peine après que la colère remonte un toquement se fait entendre à la porte.
Y : Qui c'est ?
J : Je vais voir.Elle lâche mes mains et part ouvrir alors que je reprends l'album et caresse la couverture de mes doigts. Quelques instants après, deux paires de pas reviennent et je relève le regard. Un regard qui se teinte rapidement de surprise quand je remarque qui se tient à ses côtés.
J : C'est lui le fameux Soan ?
Y : Mais qu'est ce que tu fou la ?
VOUS LISEZ
Échec & Mat
Gizem / GerilimUne jeune fille de dix sept ans retrouvée blessée et inconsciente proche d'un incendie. Des corps brûlés, des preuves effacées. Une guerre contre quelques indices. Une enquête virulente et une plaie béante. Une course contre la montre, qui est t'il...