11. Éclat Vert

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Un mouvement du poignet et l'eau est coupé, dans un même mouvement je pousse la vitre, enroule autour de mon corps une serviette et me dirige à petit pas vers le miroir. Chaque pas que je fais laisse de petites gouttes sur le sol et chaque respiration contribue à remplir mes poumons de la buée brûlante qui encombre la salle de bain. Je pourrais presque m'entendre sortir, mes pieds sur le parquet noir et le bruit ardent des détecteur de fumée suivit du " Yüma ! Prends ta douche moins chaude ! Tu ressembles a une écrevisse " et la même pensée m'aurait parcouru. Mais maman, voyons, j'aime les écrevisses. Et surtout, les douches chaudes sont bien mieux que celles qui sont froides, a quoi bon prendre une douche froide quand le système de réchauffement de l'eau a été inventé ?

Je me plante devant le lavabo et donc le miroir qui y réside. Celui-ci est rempli de joie, si bien qu'à part ma silhouette je ne distingue rien. Tout en étalant du dentifrice sur ma brosse a dent et ensuite en le lavant les dents je réfléchis à ma journée. Après avoir passer quatre heures en cours, un repas avec ma tante et pour finir un rendez vous chez le psy.

~~~ Souvenir de la journée ~~~

G ; Tu es donc de retour Yuma ?
Y : Sous votre demande.
G : Plus que deux séances et tu pourras m'oublier.
Y : Étrange comme phrase pour une psychologue non ?

Face à mon regard amusé, elle croise un peu plus les jambes et finit par reposer enfin ce fichu carnet. Que peuvent-ils marquer tous autant qu'ils sont sur leur carnet ? Je suis persuadé que c'est simplement un complot pour qu'on se sente encore plus analyser et qu'ils ne font que gribouiller, voir dessiner pour les plus doués.

G : Parle moi de toi.
Y : Vous connaissez tout de moi.
G : Non, je connais ton dossier c'est vrai, mais parle moi de tes relations.

Je soupire, j'ai aucune envie de faire cela, mais faisons-le. Je ne voudrais pas avoir des séances supplémentaires pour " Non acceptation de discussion "

Y : J'ai une bonne relation avec ma tante, depuis que je suis petite. Elle joue le rôle d'une deuxième mère et a toujours été très proche de nous et donc de moi. J'ai deux meilleures amies, Margot et Owen, je les connais depuis petite en vérité depuis exactement trois ans. Nous nous sommes rencontrés le premier jour à la maternelle et depuis nous ne nous sommes jamais quittés. Si bien que ma famille est là leurs et inversement. En parlant de leurs familles, Owen, il a un grand frère Léo, c'est un ami très proche pour moi. Et il y a j'imagine Soan et Leïla qui sont les nouveaux du groupe.
G : Les nouveaux du groupe ?
Y : Oui, ils sont arrivés pendant mon absence et ils sont dans la classe de Léo. Ils sont donc devenus amis et une chose en entraînant une autre j'imagine qu'ils font partie de mon cercle d'amis.
G : Que penses- tu d'eux ?
Y : Je pense que Lila est une fille très honnête, spontanée et joyeuse.
G : Tu l'apprécie ?
Y : Sûrement.
G : Et pour le garçon.
Y : Soan ?
G : Oui.
Y : Vous connaissez Soan.

Un sourire se glisse sur ses lèvres alors qu'elle acquiesce.

G : Mais je veux savoir ce que toi tu en penses.
Y : J'en pense rien Madame.

Elle fronce les sourcils, attrape à nouveau son carnet et recommence ce qu'elle faisait avant ses questions. Quoi ? Qu'a-t-elle conclu de mes mots ? Enfin, je le demande mais je le sais. Je la guide vers ça depuis le départ.

G : Est-ce que tu vas bien ?

Tiens, étonnant pour une psy de demander ça. Et plutôt complètement idiot si vous voulez mon avis.

Y : Oui.
G : Ça t'arrive de t'asseoir quelque part, de ne rien dire et de ne rien penser ? Juste assise, immobile et vide ?

Je réfléchis à ses questions, sollicitant en parallèle mes souvenirs. Et rapidement des images de moi dans la baignoire, dans le bus, sur le canapé, ou encore au réveil roulent sur moi même et au coucher à moitié allongé sur le sol mais le dos et la tête sur le lit me viennent. Oui, ça m'arrive.

Y : Non, pas à mon souvenir.

Je glisse sur mon visage un sourire entre politesse et joie et nous échangeons rapidement les politesses d'usage avant que je ne sorte. Directement mon téléphone sonne et je soupire en voyant le nom s'afficher..en parlant du loup..

{Conversation Téléphonique}
S : Hey ! Ça va ?
Y : Tu as chronométré mon temps pour pouvoir m'appeler à la fin ?
S : Perspicace !
Y : Autre question.
S : A votre service mademoiselle.
Y : Madame. Comment as tu eu mon numéro ?
S : Magie ?
Y : Je suis sérieuse.
S : Léo.
Y : Le traître.
{Fin de la conversation téléphonique }

Je raccroche avant qu'il n'ait pu avoir le temps de répondre et je serre un peu plus fort mon téléphone. Foutu Léo.

A peine une heure plus tard je rentre chez moi, avec le fort désir de manger et d'aller prendre une longue douche brûlante. Bien sûr l'agent de police que je vois assis avec la tante m'indique que je vais devoir attendre pour effectuer cette routine. Et surtout, celui-là n'est pas son vrai collègue si je me souviens bien c'est..

-Bonjour ! Tu te souviens de moi je suis..
Y : L'inspecteur James. L'homme en charge principal de l'enquête.

Il hoche la tête avec un sourire avant que celui ci ne s'efface pour un visage un poil plus sérieux.

J : Pouvons-nous parler ?
Y : Suivez moi.

Je lance un regard a ma tante, mais celle si fixe obstanciblement ses mains et refusent de me regarder. Je fronce les sourcils un instant avant de continuer ma route dans ma chambre. Une fois que nous sommes tous les deux rentrés, je ferme la porte.

Y : Que voulez-vous me dire ?
J : C'est à propos de l'enquête, nous avons découvert en plus des informations que nous avions déjà que la personne coupable, X, était proche de vous.
Y : Pourquoi ça ?
J : Il n'y a aucune trace d'effraction, donc vous avez sûrement ouvert la porte à l'assassin. Est-ce toi ?
Y : Non..
J : Je suis désolé de te demander ça mais..tu vas devoir me faire une liste de toutes les personnes proches de toi et auxquelles tu aurais ouvert.
Y : Donc littéralement toutes les personnes en qui nous avions confiance. Je dois soupçonner tout le monde.
J : J'en suis navrée...et ne porte pas attention à l'indication " grand fort " etc, enfin si mais mets aussi les autres personnes.

Je hoche lentement la tête alors que ce sourire pathétiquement paternel apparaît et qu'il pose sa main sur mon épaule. Pendant que je relève mon regard à l'éclat vert vers lui.

~~~Fin du souvenir~~~

Après ça il est parti et j'ai enfin pu faire la routine. Et me voilà face à ce miroir. Je l'essuie d'un mouvement de la main et souris à mon reflet. Je ferai cette liste.

Échec & MatOù les histoires vivent. Découvrez maintenant