Échec & Mat

3. Alors, vos souvenirs ?

Je baille longuement en fixant ma feuille vierge. Enfin, pas qu'elle ait été féconde d'une quelconque manière. Disons plutôt qu'elle est vierge des idées que je n'ai pas. J'attrape tout de même mon stylo bleu et note mon prénom en haut à gauche. En haut à droite la date, 25/11/2017 et enfin au milieu la matière, un peu plus en bas le bandeau rouge avec " notre / appréciation " et voilà, mon inspiration s'est évanouit.

Il faut dire que j'ai rattrapé un peu plus d'une semaine de cours en..une nuit. Je frotte doucement mes yeux et un instant mon regard se perd dans ma chambre. Souvent je venais chez ma tante pour des weekend, des vacances où n'importe qu'elle occasion. Alors à force nous avons emménagé dans une chambre, cette chambre. Qui est maintenant mienne 24h/24 et 7jours sur 7.

Le plafond est en pente jusqu'au mur où est collé mon lit, un lit deux places recouvert de plaid et d'oreiller. Il y a aussi des plantes un peu partout et des guirlandes au plafond et autour du miroir. Du côté opposé à ce miroir j'ai une armoire, que nous allons devoir remplir..tout le reste à brûler. Enfin j'avais quelques vêtements la mais..passons. J'aime énormément cette chambre mais la mienne, celle de quand j'étais petite, me manque. Elle a vu chaque passage de ma vie, que ce soit mes premiers pleurs, mes premiers pas, mes premiers amours, mes premières amies ..bref, elle a tout vu. Et le fait que maintenant elle soit juste un tas de cendre, c'est quelque chose qui me rends pas triste, nostalgique sûrement mais surtout folle de rage.

Je serre un peu plus fort le crayon que je tiens entre mes doigts avant de reprendre contrôle de la situation. Je m'allonge sur le dos, pose mes mains sur mon ventre et respire lentement. Le docteur a conseillé des séances chez le psychologue pour éviter ce genre de problème, mais je peux aisément les régler moi même. Finalement comme je m'en doutais, à peine ma petite séance de méditation terminée quelques coups se font à la porte.

Je relève mon corps sur les coudes et fixe cette porte. Je m'attends a tout moment la voir s'ouvrir sur une femme grande et brune qui me lancerait un de ses éternelles " l'avenir appartient à ceux qui se lève tôt " tout en allant ouvrir les volets, laisser la fenêtre ouverte bien évidement et frotter mes cheveux. Mais voilà, les coups demeurent, personne n'ouvre la porte, les volets sont déjà ouverts, le vent glacial de la matinée ne viendra pas me réveiller et mes cheveux restent " soigneusement " en ordre. Évidemment, puisque ma mère est-

Y : Entre tante Jenna.
J : J'aime bien ce surnom.
Y : Tu aimes tous mes surnoms.
J : Je l'aide à être coupable !

Elle rigole tout en avançant dans la chambre avec son éternelle jean noir et chemise bleu ciel.

J : Bien dormis ?

Je la fixe longuement la tête sur le côté et elle soupire.

J : Tu as dormi ?

Je continue de la fixer et elle s'assoit à côté de moi avant de fixer les différents cours étalés sur le lit. Un nouveau soupir sort d'entre ses lèvres.

J : Tu as faim ?
Y : La je suis d'accord !
J : Tu sais, tu peux répondre au lieu de laisser les gens réfléchir d'eux-même.
Y : Pourquoi ferais-je ça ?
J : Tout le monde fait ça.
Y : Je suis pas tout le monde moi.
J : Je sais bien, allons manger le déjeuner est prêt.

Elle se lève et part vers la sortie. Avant qu'elle ne passe le pas de la porte je l'interpelle.

Y : Tata ?
J : Oui ?

Elle ne se tourne pas, elle reste simplement dos à moi mais le léger mouvement de sa tête m'indique qu'elle est tout de même attentive.

Y : Tu as dormis toi ?
J : J'ai fait des pancakes.