44. Balade

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Yu : Bonne nuit Yuma. 

A peine ses mots prononcés il s'endort. Je souris à son visage blottit contre mes genoux et continue de lentement caresser ses cheveux. Ca fait quelques heures que la nuit est beaucoup tombée et d'autant plus que nous parlons rien que tous les deux dans la tente. Mais celui-ci a fini par s'endormir. 

Moi il me reste encore des minutes ou des heures ? Que j'ai grappillé avec Soan contre mon gré dans la voiture. Je rougis légèrement en me remémorant ce souvenir et je me concentre volontairement sur autre chose. Après avoir tout préparé, on a mangé les snacks qu'on avait emmené avant de parler de notre avenir face aux étoiles et à la mère. Léo et Yugo se sont chamaillé dans le sable sous le regard de nos deux amoureux et le rire de lila. Soan lui a tout fait pour me provoquer, chose que j'ai entièrement ignorée avant de m'échapper ici avec mon frère. Alors rien que tous les deux nous avons parlé plus en profondeur de notre avenir. Ce que nous voulons et où nous irons. 

D'un commun d'accord le même rêve que lorsque nous étions gosse a refait surface, aller à l'appart à paris que la famille a, faire nos études, obtenir nos diplômes puis voyager un peu et enfin se poser éloigné de la ville mais pas trop et en forêt. Ce serait tout simplement génial. 

Et maintenant me voilà souriante face à un garçon endormis en train de continuer ma caresse apaisante en rêvant d'un futur que je m'étais moi-même interdit. C'est étrange comme j'ai si longtemps espéré avant de brutalement arrêter et qu'au moment où tout est " loin " derrière moi et bah...tout revient. 

Un bruit vers la droite, je me tourne tendu comme un arc et la fermeture s'ouvre pour laisser place au visage endormi de Leo. 

L : Je peux venir ? 
Y : Bien sûr. 

Il rentre difficilement et après ce long périple se laisse tomber à côté de nous. 

Y : Tu ne dors pas ? 
L : Toi non plus. 
Y : J'ai peur que si je le fais, il disparaisse. 
L : Je veille sur lui si tu veux.. 
Y : Merci…

Il me sourit lentement alors que je lui fais un clin d'œil complice et je me lève après avoir embrassé leurs fronts. 

Une fois hors de la tante je profite du maigre vent qui fait baisser ma température et je rejette la tete en arrière en respirant l'air frais teinté de sel. 

Par la suite, je commence ma balade le long de la mer en laissant mes pieds nu rencontré l'eau froide. 

Si une autre personne m'avait dit les mêmes mots que Léo je serais rester dans la tente pour veiller sur mon frère. Mais c'est Léo, je sais qu'il tient à lui et le protégerait de sa vie s' il le fallait. Alors je lui fais confiance. 

Au loin, alors que je me reconnecte à la réalité, une silhouette apparaît. Enfin non, j'imagine qu'elle n'apparaît pas mais disons plutôt que je la remarque. Chez une autre personne la peur serait peut-être apparu en même temps mais moi je continue simplement d'avancer en fixant cette amas de noir. 

Après plusieurs mètres parcouru par nous deux nous nous retrouvons face à face avec le même regard endormi brillant sous les étoiles et le même sourire amusé.  

S : Tu ne dors pas ? 
Y : Perspicace. 
S : Balade ? 
Y : Balade. 

Après ce court échange nous reprenons la balade laissant nos mains parfois s'effleurer. Et ce contact bien innocemment mais bien peu amical me réconforte dans tous les doutes qui pourraient subvenir. Et tout aussi naturellement une conversation débute. 

Y : Tu ne m'a jamais dit pourquoi tu t'es battu? 
S : Oh ça…

Il fixe le vide et je vois bien le crissement de sa mâchoire et le fait que ses muscles se sont tendus. Je fronce les sourcils et le fixe la tête sur le côté et quand il tourne à nouveau le visage vers moi son regard s'adoucit automatiquement. 

S : Des salopards..un jour je suis sorti en retard des cours. Un de mes profs voulait à tout prix me parler pour mon avenir. Alors j'ai dit à Lila de partir devant et que j'allais la rejoindre. Je l'ai rejoint...une dizaine de minutes après. Elle était dans un couloir vide, les garçons...ils..ils étaient en train de la plaquer au mur et de la toucher. Je me suis arrêtée horrifiée et un de ceux qui ne l'empêche ni de hurler ni de bouger à passer sa main sous sa jupe. Alors mon corps a réagi de lui-même et je me suis précipité sur eux. La seule chose que j'entendais c'était les sanglots de Lila et la seule chose que je voyais c'était leurs mains la touchant et leurs sourires pervers. J'ai frappé...je les ai tous frappés jusqu'à ce qu'aucun ne bouge avant de la serrer contre moi et de lui promettre que je serais toujours là. Que je ne la laisserais plus. Mais j'ai été convoqué et viré.. à effet immédiat. Lorsque Lila l'a appris elle s'est précipitée chez moi, mes parents étaient en train de me fâcher car ils ne savaient pas la raison. En pleure elle leur a tout expliqué ainsi qu'au sien et elle a supplié de venir avec moi. Et puis...nous sommes arrivés. 

Je me stop éberluée et haïssant encore plus l'humain en ce moment même. Il baisse la tête et je crois lire un instant la peur sur son visage. La peur de quoi ?
Je me place face à lui et relève son menton légèrement. 

Y : Tu as bien fait Soan. Tu l'as protéger, je suis fier de toi. 

Il sourit rassuré et me prends dans ses bras rapidement. Je le serre contre moi alors qu'il enfouit son nez dans mon cou. 

S : Je sais que j'ai fait le bon choix mais j'ai eu peur que tu ne sois pas de cet avis. 
Y : Tu ne dois pas avoir peur de l'avis des autres. Vis pour toi Soan. Le reste tu t'en fiche. Ils ne connaissent ni ta vie bi ce que tu ressens. 
S : Tu es de bon conseil. 
Y : Il paraît parfois. 

Je me détache lentement de lui et le fixe alors qu'il sourit aussi. A la lueur de la lune nous restons longtemps à nous observer. Et ici il me paraît d'autant plus beau et doux. Cette vision en deviendrait presque irréelle. 

Échec & MatOù les histoires vivent. Découvrez maintenant