36. 24h de répit...seulement.

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-Tu es prête ?

Je relève le regard et termine d'enfiler le short qu'il m'a prêté. Il me sourit vaguement et me tend le peu d'affaires que j'ai emmené hier. Je les attrape et nous partons vers la porte avant que je ne me stresse.

Y : Léo ?
L : Oui ?
Y : Si nous passons par là a cette heure ton frère va entendre le grincement des escaliers, il m'a vu entrer et pas sortir il va supposer que c'est moi et puisqu'il ne dort pas il va venir.
L : Sortons par la fenêtre.
Y : Une équipe de choc.
L : Toi tu trouves le problème, tu l'exposes et moi je donne une solution et des muscles à tout ça.
Y : Tsss, narcissique.

Il hausse un sourcil et part vers la fenêtre, il jette son sac puis descend en s'aidant de l'arbre. Je m'assieds au bord de sa fenêtre et observais la nuit bien plus clairement que lorsque je suis arrivé. Le soleil ne devrait pas tarder à se lever.

L : Bon tu viens ou on attend la neige ?

Je roule des yeux et avec habileté du aux nombreuses fois où mon corps a effectué cet enchaînement je m'agrippe à l'arbre et descend lentement jusqu'à ce que mes pieds foulent enfin le sol.

L : J'ai cru que tu ne viendrais jamais.
Y : Garde ton sarcasme pour plus tard.
L : Voyons, il n'y a que toi qui connais cette partie de moi.
Y : Je sais bien.

J'attrape la main qu'il me tend et nous partons en direction de sa voiture, la nous nous séparons et chacun prend sa place. Je m'assieds siège passager et lui siège conducteur. On se fixe un instant puis on démarre, sans prévenir personne. Juste nous deux.

Après quelques minutes de route sous une musique calme je vois Léo s'arrêter, brusquement paniquer et me froncer les sourcils.

L : J'ai oublié-
Y : Je l'ai pris !

Je sort de sous mon bras un doudou blanc en forme de lapin et il me fait un énorme sourire.

Y : Si adorable tu es.
L : Aucun commentaire.

Il reprend la route et je pose ma tête sur ma vitre me laissant aller à simplement penser et à réfléchir à tout ça.

Notre route nous emmène jusqu'à une plage, la température n'offre pas la possibilité d'une baignade mais elle est assez douce pour qu'on entende un plaid sur le sable, qu'on s'allonge en grignotant et surtout en se remémorant diverses choses.

Nos téléphones sonnent, de nombreuses fois. Les premières fois nous ne faisons que l'ignorer mais au bout d'une dizaine de fois on l'éteint simplement avec un soupire.

L : Tu crois vraiment qu'il est en vie ?
Y : C'est ce que soutient l'inspecteur.
L : Et ta tante alors ?
Y : Elle le savait.
L : Tu es sur ?
Y : Le regard ne trompe jamais Léo.
L : Mais ton analyse a peut être été biaisée.
Y : Je te promets que non.

Je l'entends soupirer longuement à mes côtés.

Y : ...il est comment tu crois ?
L : Je sais pas.
Y : Léo ?
L : Moi aussi j'ai peur Yuma.
Y : Et si-et si il pensait que je l'ai abandonné..que nous l'avons abandonné.
L : Je pense pas mais..pourquoi maintenant ? Pourquoi ? Il était où ?
Y : Je ne sais pas.

Tellement de questions et si peu de réponses. Alors qu'à nouveau la nuit tombe et que nos 24h loin de tout sont fini nous reprenons la route en imaginant différentes choses sur comment il pourrait être pourquoi et quand.

Plusieurs questions et plusieurs scénarios et pourtant tout est fait avec une certaine distance. On y croit mais on ne s'autorise pas à s'abandonner entièrement à cette croyance.

Nous nous garons devant la maison et directement la porte s'ouvre laissant placer la famille Rousset et nos amis.

O : PUTAIN LEO TU ETAIS OU ?! JE T'OUBLIE PAS YUMA.
L : Owen cesse de crier.
M : Qu'il cesse de crier ?! Vous êtes inconscient.
Li : Et surtout égoïste ?! Vous partez comme ça sans prévenir !

Martin et Valentine les parents de Léo et Owen s'approchent avec Soan. Tous trois sont beaucoup plus calmes et patients.

V : Voyons. Calmez vous.
Mar : Je ne doute pas qu'ils aient une raison de temps d'absence et de si peu de réponse.

Je relève le regard et les fixe tour à tour, je sens Leo faire de même à côté de moi et je prends la parole.

Y : Nous avions besoin de nous retrouver. Seul.
S : Pourquoi ?
Y : J'ai appris quelque chose et j'avais besoin de Léo.
V : Est-ce grave ?
Y : Je ne sais pas encore.
Mar : Ça concerne l'enquête ?
Y : En quelques sortes..
S : Tu ne peux pas nous en dire plus ?
L : Je pense qu'elle préfère s'en remettre et vérifier ses informations.

M : Venez au salon nous allons nous coucher personnellement mais vous pouvez continuer à parler.
V : Attention à vous, et il va de soi que Léo ne recommence plus. Tu as beau être majeur, tu vis sous notre toit.
M : Notre toit, nos règles.
L : Oui...désolé papa et maman.

Ils lui sourient et embrassent sa joue avant de remonter à l'étage. On se retrouve donc ensemble et partons tous au salon sous un silence pesant. A peine assis, Soan reçoit un message et sourit.

S : Je dois y aller.
Y : Tu vas où ?
S : Tu m'as ignoré toute la journée et tu ne m'as pas dis où toi tu aller donc je pense pas que t'a demandé soit nécessaire.

Son ton est froid. Froid et cassant avant qu'il ne me jette un regard noir et sorte de la maison. Je soupire et me laisse tomber dans un fauteuil. J'ai conscience de mériter ça, mais c'est pas pour ça que ça ne fait pas mal.

Li : Il va voir sa petite amie.
L : Sa petite amie ?!
Li : Oui...la fille de la soirée.

Je ferme les yeux et me retiens de soupirer. Je n'ai rien a dire...je n'ai rien a dire. J'attrape la main de Léo pour le calmer et j'entends Owen soupirer.

O : C'est complètement idiot tout ça..
Y : Sûrement.
M : Donc vous étiez à la plage ?
L : Oui.
Li : Laquelle ?
Y : Celle au nord.
Li : On ira tous ensemble un jour ?
O : Oui ça serait plutôt amusant.
M : On s'organise ça pour les vacances ?

On hoche tous la tête et peu à peu la tension tombe. Je surprends le regard de Lila sur Léo et je remarque aisément que son regard est à la fois triste et..

Alors qu'une nouvelle discussion commence je me penche vers Léo et murmure pour que seul lui entende.

Y : Tu as mis un râteau à Lila ?
L : Oui...avant de partir. Je ne suis pas prêt pour ça.
Y : J'espère qu'un jour tu le sera.
L : Espérons surtout qu'elle sera toujours là.

Son ton est faible, il n'y croit pas. Et à vrai dire j'ai moi même du mal à y croire. Lila est une jolie fille, pleine de vie, de passion, drôle et intelligente. Il ne devrait tarder pour qu'elle soit draguer.

Je soupire et finalement je quitte mes amis après leur avoir assuré que non je ne comptais pas m'évader dans la nature. Je dois juste parler à ma tante. A Jeanne. La femme qui savait, et qui elle peut m'en parler puisqu'elle est toujours en vie.

Échec & MatOù les histoires vivent. Découvrez maintenant