17. Tu vas bien ?!

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Je croise les bras un instant, boudeuse. Je ne suis pas vraiment boudeuse, je suis plutôt énervée, mécontente et surtout.. Agacé. Je suis très agacé. Alors je m'appuie au muret en dehors du gymnase malgré le vent plutôt froid. J'aurais pu enfiler mon manteau, mais deux raisons m'en empêchent. Un jean taille haute, une ceinture, une chemise à manches courtes, ma tenue est parfaite sans ce foutu manteau. Et la principale raison est mon poignet droit qui tourne peu à peu au violet.

Un autre soupire alors que je fixe mes camarades qui courent autour de ce terrain. Qui a inventé ce sport ? Le demi fond. Sérieusement, c'est juste de la torture. Même moi je ne suis pas autant sadique. La journée avait bien commencé, je suis arrivé en retard car j'ai raté mon premier bus. Pourquoi ? Smoothie est malade et a vomit toute la nuit. Et bien sûr j'ai oublié mes affaires de sport et en allant au terrain je suis tombé. Je suis tombé pile sur ce poignet. Et au vu de la couleur qu'il commence à prendre et de sa taille, je crois que je devrais consulter.

Je pose un doigt léger sur mon poignet et une légère grimace me vient. C'est que ça ferait mal ce truc ! Un énième soupir et je replante mes yeux verts sur ma classe. Il me faudrait une bande, une bande que je roulerais autour de mon poignet avant que mes deux meilleurs amis ne le voient. Quoique, après réflexion si je mets une bande ça attirera plus facilement leurs attentions.

-Qu'est ce que c'est ?

Je relève le regard vers mon prof, c'est un homme sûrement dans la cinquantaine avec une légère barbe blanche et surtout une calvitie. Et comme tous les profs, il porte un jogging qui est aujourd'hui...rouge. Quel mauvais goût.

Y : Ce sont mes camarades qui courent ?
-Je parlais de ton poignet Yuma.
Y : Bah ..vous venez de répondre ? C'est un poignet ?

Il fronce les sourcils et attrape mon bras avant que je ne puisse sortir une autre remarque ironique. Il le tourne sous plusieurs angles et puis c'est à son tour de souffles.

-Tu as pas mal ?
Y : Ca picote un peu.
-Tu dois aller à l'hôpital ! Il est peut-être même cassé !
Y : Mais non !

Il ne m'écoute guère et a placé il éloigné son téléphone, compose le numéro et appelle. Sûrement à l'hôpital. A nouveau je veux pour croiser les bras mais il me lance un regard noir et tiens doucement mon poignet. Mais lâche moi ! C'est agaçant le fait qu'ils se pensent tous avoir un rôle à avoir dans ma vie ! Il finit par raccrocher et se tourner à nouveau vers moi.

-Quand tu te blesses comme ça j'aimerais que tu préviennes quelqu'un et que tu fasse en sorte de te signer.
Y : Avec une bande, ça serait passer tout seul monsieur.
-Pas forcément..
Y : J'ai pas besoin d'aide vous savez ?
-Mais nous sommes là pour ça.

Non, tu es là pour m'enseigner des choses, même si ta matière ne m'enseigne rien de bien utile d'ailleurs. J'évite toute conversation jusqu'à ce que l'ambulance arrive. A ce moment là les élèves à demi mort par fatigue et manque de souffle se tournent vers nous et je vois le regard paniqué de Margot et Owen. Je leurs fait un signe que j'espère rassurant mais qui je pense ne l'est pas forcément et puis je monte. Le trajet est long, et l'attente dans le couloir l'est d'autant plus.

Finalement " mon " médecin est arrivé. Pourquoi mon ? Car si mes souvenirs sont bons, c'est lui qui s'est occupé de moi après..l'incident.

-Madame Putero ! Que je vous retrouve, en meilleure condition néanmoins.
Y : Monsieur dont j'ai oublié le nom, content de vous revoir.

Il sourit amusé et me fait passer une série de tests avant de me demander de m'asseoir sur le lit le temps que les radios soient regardées. Quelques minutes après et mon envie de me casser grandissante, Jeanne arrive accompagnée de…

S : Tu vas bien ?!
Y : Mais qu'est ce qu'ils foutent la ?
S : Tu as vraiment une capacité remarquable pour accueillir les gens.
J : J'en conviens.
Ja : Bonjour Yuma.
Y : Mon accident est de nature d'une chute monsieur l'inspecteur.
Ja : Oh je..je suis pas là en temps qu'inspecteur, appelle moi James.
Y : Alors en temps que quoi monsieur L'inspecteur ?

Je fronce les sourcils, penchant légèrement la tête en arrière pour l'observer et à mon plus grand étonnement je le vois rougir et bégayer.

J : Nous allons aller voir le médecin.

Avant que je ne puisse répondre elle tire hors de ma chambre l'inspecteur et Soan y rentre finalement en fermant la porte.

S : Tiens tiens. Ta tante sort avec James ?
Y : Pas dans mon souvenir ?
S'ils ont l'air ..proche.

Je hausse lentement les épaules et je me décale légèrement pour lui laisser plus de place sur le lit et il fixe mon poignet.

S : Tu as prévenu personne ! Owen et Margot était mort d'inquiétude, Lila Léo et moi aussi d'ailleurs !
Y : C'est seulement un poignet.
S : Mais c'est pas ça le problème.
Y : Alors c'est quoi ?

Il reprend profondément sa respiration avant de relever son regard vers moi et de planter ses pupilles noisettes dans les siennes. Enfin, est-ce vraiment noisette ? C'est plutôt un marron foncé, un marron foncé qui à cause de la lumière vive de l'hôpital me paraît plus clair. Je finis par lâcher son regard en remarquant qu'il parle.

S : Et donc voilà.

Et merde. J'ai raté l'entièreté de son récit. Je pince les lèvres avec une moue contrite et un doux sourire se glisse sur ses lèvres. J'en viendrais à l'apprécier ce sourire.

S : Tu ne m'as pas écouté n'est-ce pas ?
Y : J'avoue..
S : Je disais que le problème est que nous sommes inquiets et qu'on continuera si tu ne fais pas attention. Ce n'est qu'un poignet mais ça pourrait devenir grave si on ne le soigne pas. Et ça pourrait être plus grave la prochaine fois.  Alors fais attention, ne minimise pas ta douleur et parle nous.
Y : Tu parles en généralisant comme si tu étais un membre du groupe depuis des années.

Il hausse lentement les épaules mais j'observe néanmoins une légère inquiétude dans son regard.

Y : C'est pas forcément mal, c'est cool si tu es bien intégré.
J : On peut entrer ?

Je me tourne vers la porte et y aperçoit Jeanne et l'inspecteur James qui attendent mon autorisation. Je marmonne un vague " je comprends toujours pas pourquoi " on " " qui semble amusé Soan et les laisse ensuite rentrer. Le docteur vient finalement et annonce le fait que ce soit cassé. Je reçois directement un coup de Soan " ah oui c'est rien hein " et un regard rempli de désapprobation des deux adultes. Je soupire et le médecin qui semble des plus amusé par la situation commence à mettre le plâtre alors que je fixe le mur pendant que Jeanne raconte tel ou tel informations sur mon enfance. Elle prend soin de ne pas parler de lui. La elle est par exemple sous les rires des trois hommes en train de raconter la journée au parc d'attraction. Mais sans tous les détails cette anecdote est beaucoup moins drôle, enfin avec tous les détails et le contexte elle ne le serait pas non plus.

Échec & MatOù les histoires vivent. Découvrez maintenant