7. On l'appellera..X

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Je me lève lentement en attrapnt mes affaires, je ne lui lance plus aucun regard, a la place je concentre mon attention vers cette femme et lui souris. Un vrai ? Aucune idée, mais je devrais sûrement me montrer plus convaincante à notre séance. Pour que le " nôtre " ne deviennent pas " nos ", j'ai aucune envie d'avoir à la revoir.
Oui, je lui ai jamais parler, son métier me suffit simplement, c'est le genre de personne qui va se proclamer médecin de mon cerveau, va vouloir y rentrer, en déterrer les secrets et les réparer. Chérie, je suis pas une voiture, moi tu me prépareras pas. Un sourire ironique se glisse alors sur mes lèvres et je m'assied sur ce canapé digne d'une mauvaise série américaine, et bien sûr pour accomplir la fin du cliché elle s'assied face à moi sur un fauteuil carnet à la main. Cliché.

-Je suis Madame Gracia, c'est moi qui suis chargée de ton dossier, comment vas-tu Yuma ?

Tu as lu mon dossier non ? A quoi sert vraiment cette question ? Que notera-tu suite à ma réponse ?

Y : J'ai connu des jours meilleurs.
G : Comment vis-tu tout cela ?
Y : Disons que je me laisse porter par le vent.
G : Crois tu que c'est la bonne solution ?

Je crois surtout que cette discussion va bien vite m'agacer. J'ai aucune envie d'étaler les problèmes émotionnels à une parfaite inconnue. Tss. Je ne dois pas rentrer dans ce cercle.

G : Tu as de la colère en toi.

Perspicace..

Y : Sans vouloir vous offenser madame j'imagine que c'est légitime et puis..je n'ai jamais porté dans mon cœur le fait de me livrer.

Son sourire semble devenir véritable cette fois si. Alors la conversation, de son côté, devient bien plus légère. Et je pourrais presque me perdre à penser que nous sommes d'anciennes amies qui reprenons connaissance. Je pourrais m'étaler sur son canapé et laisser les rouages de mes pensées à l'air libre, l'a laissé m'analyser et noter sur son vieux calepin défraîchis les mots qu'elle gravera sur mon cerveau. Je pourrais.

G : Cette séance était très constructive, au vue de ta situation j'ai un minimum de trois séances avec toi mais je ne pense pas en demander plus. Malgré tout tu m'as l'air mature et de gérer cette situation, tu n'as pas expressément besoin d'un suivi psychologique. On se revoit dans un mois, le 3 janvier ça te va ?
Y : Bien entendu madame, merci.
G : Merci à toi.

Elle me sourit, sourire auquel je réponds et je me relève en me dirigeant vers la porte. Bien sûr, elle m'accompagne et me l'ouvre. Lorsque je passe à nouveau par la salle d'attente, je croise le regard brun de Soan alors qu'elle l'appelle. Une demi seconde nos regards se rencontrent et à nouveau j'ai l'impression que ce garçon lis mieux en moi que la professionnel derrière nous. Cette fois c'est lui qui détourne le regard a ma plus grande satisfaction, j'en profite alors pour descendre les escaliers et respirer de l'air frais. Je rejette la tête en arrière et mes pieds se dirigent d'eux même vers ma prochaine destination alors que je réponds à mes différents messages.

{ Conversation par message }

Margot : Alors ? Comment s'est passé ton rendez-vous ?
Moi : Plutôt bien, je vais chez la coiffeuse la.
Margot : Tu me montreras ?
Moi : Facetime ce soir ?
Margot : Parfait

Owen : Tu as survécu ?
Moi : Non, i'm dead
Owen : Rose ou noir ?
Moi : Des roses noir, tu le sais bien
Owen : Je prépare le tout !

Jeanne : Tout vas bien ma puce ?
Moi : Je sors de mon rendez-vous chez la psy, tu as des nouvelles ?
Jeanne : On parle de ça ce soir. Fais attention à toi.
Moi : Toi aussi

{Fin de conversation par message }

Je suis arrivé pile poil à l'heure chez ma coiffeuse. Elle me prend après avoir fini son client et pendant qu'elle me peigne bien évidemment nous blablatons. Enfin non, elle blablate. Quelque temps après je ressors de son établissement avec la coupe que je désirais, un carré noir. Parfait. Je rentre donc a la maison ou tante Jenna m'attend assis au canapé.

J : J'adore ta coiffure, elle te va très bien.

Je souris en guise de remerciement et m'assois près d'elle alors qu'elle inspire. Ce que j'apprécie avec elle c'est qu'elle comprend rapidement quand je ne souhaite pas passer par vingt mille chemin. Elle est comme moi, sur certains points.

J : Comme les médecins te l'avaient dit, ils ont pu évaluer un profil type de ton agresseur. La police a aussi travaillé sur ça.
Y : Quel profil ?
J : Une personne plutôt grande, et avec de la force physique.
Y : Qu'appelle t il grande ?
J : Plus d'un mètre soixante-dix.

J'hoche distraitement la tête et réfléchis. Donc leurs suspect font plus d'un mètre soixante dix, et ont une force physique assez conséquente. C'est..peu comme indice. Très peu.

J : Ils ont écarté la piste d'être plusieurs et pour les corps..ils sont en trop mauvais états..
Y : Le feu..
J : Oui, ils vont donc s'interroger sur les composants qui ont aidé à démarrer le feu et sur les indices que pourrait donner la maison.
Y : D'accord, dis ..je peux pas y aller donc ?
J : Non, je suis désolé.
Y : Plus tard, c'est pas grave.
J : Alors ton rendez vous ?
Y : Elle estime que trois séances seraient sûrement suffisantes.
J : Mm..
Y : Tu devrais aller la voir.
J : Pourquoi ?
Y : Tu as perdu un frère et une belle sœur.
J : La mort fait partie de mon métier.
Y : C'était- c'était ta famille.

Elle détourne les yeux en fixant ses mains et je me relève lentement.

J : Tu crois qu'ils vont le/ la trouver ?
Y : On l'appellera X, et disons que..la partie d'échecs a déjà commencé.
J : J'aime cette métaphore..

Je cours, je viens de faire une bêtise alors comme je suis l'enfant que je suis je cours loin de la maison en riant. J'entends les pas de mon père derrière moi, je continue ma route jusqu'aux parcs en le semant. Arriver ici et alors que la nuit tombe je m'assied sur une balançoire, et j'imagine, j'imagine un fantôme prêt de moi. A ce fantôme je lui raconte tout ce qui me passe par la tête, lui ne me jugera jamais. Je ne peux pas tout dire à papa et maman. Finalement papa me retrouve et me jette un sac à patate sur son épaule.
-Allez viens donc chipie ! Le repas est prêt !
Je fais un signe de la main à mon ami le fantôme. On se reverra.

Je continue ma route pour aller dans ma chambre en effaçant le souvenir enfantin de ma mémoire. Arriver au cadran de la porte je me stop et je tourne juste à demi ma tête vers elle.

Y : Tu es grande Jeanne.

Échec & MatOù les histoires vivent. Découvrez maintenant