16. Ne me touche pas.

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S : Bonjour Yuma, je suis content de te voir.

Et le pire dans tout ça c'est que cette idiot a le culot de me sourire. Un de ses sourires lumineux qui tombe jusqu'à ses yeux et semble éclairer l'entièreté de son être. Foutu ange.
Je roule des yeux et me relève repoussant d'un même geste le plaid et je m'approche de lui, lentement, d'une démarche sûre. Une fois planté devant lui et alors que son sourire s'agrandit, un sourire se glisse sur mes lèvres. Mais ce n'est pas un sourire lumineux, plutôt...le contraire. La seconde d'après et sous le rire de ma tante il se trouve plié en deux. Je déteste qu'on se foute de ma gueule dans ma propre maison.

J : Ouuuuuh, ça c'est ma nièce.
S : Mais pourquoi ?!
Y : Pourquoi pas ?
S : Les gens normaux ne font pas ça.
Y : Qui a dit que j'étais normal ?

Il se relève lentement et son sourire devient plus joueur, avant qu'il n'attrape mon menton entre ses doigts pour relever mon visage. Bien évidemment puisque monsieur est grand je dois relever la tête. Que le monde est injuste.

S : Tu es délicieusement unique.

Je lui donne une frappe sur sa main et il ricane amusé.

Y : Ne me touche pas.
J : Pas de bêtise les enfants !
S : Promis madame.
Y : Rha mais casse toi.

Malgré mon attitude peu encline à ce qu'il soit là, il continue de me suivre jusqu'à ma chambre, et quand je m'allonge, non m'étale dans mon lit en compagnie de smoothie il fait de même près de moi.

Y : Soan, tu comprends quand quelqu'un t'envoie des signaux du style " je ne veux pas te voir ".
S : Oui ?
Y : Alors que fais-tu là ?
S : Tu as beau m'envoyer ses signaux, tu aimes bien ma présence. Je le sais.
Y : Et comment ?
S : Intuition.

Je la hais ta putain d'intuition de merde. Je soupire lourdement et lui jette un regard en coin. Ce foutu ange est allongé à fixer le plafond, je me mets dans la même position et j'entends plus que je ne vois un sourire se glisser sur ses lèvres.

Y : Dis ?
S : Oui ?
Y : Que fais-tu là ?
S : Dans ton lit ?
Y : Oui.
S : Bah..je sais pas tu y étais alors je suis venu.
Y : Non mais comment ?
S : Je suis venu à pied ? Fin entre ton salon et ta chambre y'a pas autant de chemin que ça ?
Y : Tu le fais exprès n'est-ce pas ?

Je me tourne vers lui et à peine quelques secondes après il éclate . Tss...idiot ! Je le repousse donc du lit et il s'éclate au sol en gémissant faussement de douleur pendant que j'éclate de rire.

S : Tu es vraiment méchante avec moi.

Je ne réponds pas, non je veux une foutue réponse à ma question originel. Il finit par s'asseoir sur mon lit et me fixer.

S : Je parlais avec Owen pendant notre partie et il a lâché que tu avais finalement rendu la liste. Donc je me suis dit que je viendrais mais il n'a pas voulu me donner ton adresse, du coup j'ai demandé à Lila de la demander à Margot et finalement je l'ai obtenue.

Je me relève en position assise et hausse un sourcil dans sa direction.

Y : Tu n'es pas un ange, tu es seulement le reflet d'un horrible démon manipulateur.
S : Je suis flatté que tu me considères comme tel, ma chère. Toi je te vois plutôt comme un chaton.
Y : Un chaton ?
S : Noir, au yeux vert. Non...un scorpion.
Y : Le scorpion demande à la grenouille de le faire traverser. Elle refusa en prétendant qu'il l'a tuerait. Mais il dit qu'il ne ferait pas ça. Bien sûr, ça serait idiot puisqu'ils mourraient tout deux. Alors la grenouille accepta. Et au milieu de la traverse le scorpion piqua la grenouille. Pourquoi tu as fait ça qu'elle demanda.
S : Car c'est dans ma nature qu'il lui répondit.

Un silence se fait, ce n'est pas un de ses silences lourd de sens où pesant. Non, nous nous fixons simplement avec un demi sourire pendant qu'il caresse un smoothie tout heureux.

S : C'est qui ?
Y : Smoothies, je l'ai eu a Noël
S : Adorable.
Y : Comme moi.

Il se racle la gorge et je me renfrogne alors qu'il se remet à rire. Ce garçon passe son temps à rire.

S : Donc, tu as rendu la liste.
Y : En effet, tu le sais de source sur.
S : Tu veux en parler ?
Y : Parler de quoi ?
S : De ça, de la liste, de tes souvenirs. De quelque chose.
Y : J'ai une psy pour ça Soan.

Il soupire lourdement, il le sait. Puisque nous nous y sommes vu. Et puis...je ne sais pas ce que je pourrais vraiment dire. Mais pourtant il ne reprend pas la parole. Non, il a même cessé de me regarder. A la place il joue avec le chiot comme si c'était la réelle raison de sa présence ici.

Y : Il y a une image qui ne veut pas quitter mon esprit, alors que je sortais en courant je me suis retourné juste un peu et j'ai vu une main sur le sol, couverte de sang au milieu des flammes et des débris.

Je fixe mes mains posées sur le lit et bientôt un de ses doigts s'y pose alors qu'il reporte son attention sur moi.

S : C'était qui ?
Y : Mon père. Je crois.

Il ne dit rien, il se contente de ses doigts et d'un regard posé sur ma personne. Étrangement rien que ça c'est beaucoup plus utile que tous les mots que les autres ont pu prononcer. C'est plus...apaisant. Nous finissions par naturellement changer de sujet en parlant d'anecdotes de son enfance pour lui et de mes amis pour moi.

S : Quand j'étais petit ma mère adorait m'attraper et me faire des chatouilles jusqu'à ce que je sois épuisée de rire et mon père réclamait toujours " moi aussi je veux jouer " et bien sûr après cette session je finissais toujours endormi sur le canapé.
Y : Mignon Soan chatouilleux.
S : Je retiens le " mignon "
Y : Idiot ! Moi quand j'étais petite, on partait souvent en excursion avec Margot, Owen, Léo et.. enfin on partait souvent ensemble et c'était très amusant puisque on faisait souvent semblant d'être des policiers ou même des aventuriers !
S : Oh oui je vois ! Adorable !
Y : Ouaip ! Tu connais Lila depuis longtemps ?
S : On n'a été ensemble qu'à partir du collège.
Y : Je vous imagine si bien allez au McDo et faire les cons c'est étonnant.
S : Et c'est plutôt vrai !
Y : Je m'en doutais !
S : Moi je t'imagine bien avec un Owen ivre lui il boit en te tenant la douche alors que tu es totalement habillé dedans.
Y : Oh non ! Ça c'est avec Leo.

On éclate de rire ayant tout deux l'image dans l'esprit et je me laisse tomber à nouveau sur le matelas alors qu'un sourire plane sur mes lèvres. Alors que je sens que mon T shirt c'est relève et que je m'apprête à l'abaisser je sens une main effleurer ma cicatrice. Mon premier réflexe est de me rendre et de reculer mais la main ne bouge pas. Alors lentement je me détends et le doigt fait de léger cercle sur ma peau. J'ouvre doucement les yeux alors qu'un léger frisson me parcourt et à nouveau cet ange démoniaque me sourit. Idiot de Soan.

Échec & MatOù les histoires vivent. Découvrez maintenant