21. Je le déteste ...quand il m'ignore.

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J'entends des voix provenant du salon, et un long soupir s'échappe de mes lèvres pendant que je sors doucement de l'inconscient. Je n'ai ni rêvé, ni cauchemardé, enfin si tel n'est pas le cas je n'en garde aucun souvenir.

Alors que je me relève et met une tenue plus décente, je fronce les sourcils. La voix, je reconnais celle de ma tante mais..la voix plus grave me dis quelque chose. Pourtant je n'arrive pas forcément à discerner d'où je la connais. Je mets ça sur le compte de mon demi réveil seulement et descends lentement les marches en baillant. Bien sûr je suis comme toujours accompagné de mon cher compagnon j'ai nommé… vous ne trouvez pas ? Smoothie !

Il arrive bien plus vite que moi au salon, bien évidemment il y arrive après avoir glissé, être tomber, avoir baver et s'être relevé. Je ricane face à lui et rentre à mon tour dans la cuisine, ouverte sur le salon. Et là je me stop, je pense que si nous avions été dans un film dramatique tourné aux Etats Unis, j'aurais eu un vase entre mes mains et je l'auraient lâcher pendant qu'il se brisait en mille morceaux, interrompant la musique et laissant un silence de mort pendant que les deux autres personnes se tournaient vers moi. Mais voilà, nous ne sommes ni dans un film, ni dramatique, ni aux Etats Unis et surtout je n'ai pas de vase dans les mains.

Je me contente donc de froncer les sourcils et de fixer l'homme qui c'est impose au fil du temps dans ma vie, celle de la tante et surtout maintenant dans mon salon, enfin le salon de Jeanne.

J : Ma chérie, tu es réveillé.

Non, je dors. Debout. Ça ce vois pas ?! Je grogne et ne lâche pas du regard l'inspecteur, me souvenant au passage de son statut dans la vie et glissant donc un visage plus..doux, mais quand même dans l'incompréhension.

Ja : Tu dois te poser beaucoup de questions.

C'est la journée du " je réponds par quelque chose qui semble évident " ?! Non car ça va sembler agaçant à force !

Y : Que faites vous là inspecteur ?

Nonchalamment je prononce ses mots en servant son déjeuner au chiot excité et pour sa maîtresse adorée, moi, un bol de céréales. Il attend que je sois à nouveau face à lui, chose qui arrive quelques minutes plus tard alors que je m'assoie en tailleur dans le canapé et que je déguste mon déjeuner.

Ja : J'ai dormi ici.
Y : Dormis ?
J : Je l'ai invité hier à rester.

Je ne réponds rien, je profite d'avoir la bouche pleine pour réagir à la réaction que je devrais avoir. Finalement, je conclue que l'acceptation doit être plutôt une bonne réaction. Je hausse alors doucement les épaules et avale.

Y : Tant mieux si..tout s'est bien passé.

Je souris lentement alors que leurs deux joues se teinter de rouge. Une idée me traverse alors.

Y : Vous êtes donc mon tonton ?
J : Non nous ne..
Ja : On est pas ensemble enfin..

Je les vois se départir en excuses et bégaiement et si vous voulez mon avis c'est une vision très..amusante.

J : Et toi ? J'ai reçu un message hier. C'était bien avec Soan ?
Ja : Soan ? Le nouveau garçon à ton lycée ?

Je finis rapidement mon bol, et fuit dans ma chambre terminer de me préparer avant de fuir totalement de la maison. J'ai aucune envie de parler de Soan maintenant ! Je finis ma pseudo fuite au lycée. Ici, plâtre l'oblige, je me trouve à seulement regarder les élèves faire du sport. Quelques heures plus tard, après un long dialogue sur leurs merveilleux rencards et plusieurs cours, je me trouve en anglais. A ce cours je ne suis pas avec eux, donc je peux enfin ne plus entendre leurs sourires mielleux et leurs question sur " et ta soirée " 

C'est adorable hein..leurs câlins, leurs histoire..je suis très heureuse de savoir que Margot est épanouit avec Owen et fait du patinage avec lui, que Owen est le plus heureux et que Margot lui fait des papouilles devant un film. Je suis même très heureuse de voir que Lila est venue faire un câlin dans le dos de Léo et qu'il a embrassé sa joue. Ce n'est pas encore gagné mais je suis heureuse que ça avance. Alors pourquoi, pourquoi je suis si agacé ?! Car le garçon que j'ai fuit hier m'ignore aujourd'hui ?! Je l'aime bien..mais..j'ai pas besoin de lui  ! J'ai pas besoin de lui ! J'ai besoin de rien ! J'ai pas envie d'encore faire du mal. Pas maintenant. Alors...alors pourquoi ça m'énerve autant qu'il m'ignore ?!

J'ignore la demande de Madame la prof d'anglais et à la place je tourne le regard vers quelque chose de bien plus intéressant.

En observant la fenêtre, je me perds moi-même. Ce n'était pas un paysage des plus originaux mais...il y avait quelque chose.
Il y avait quelque chose dans la manière dont le ciel était blanc, presque trop blanc. En plissant les yeux et en faisant fie de la douleur causée par l'éclairage, je pouvais apercevoir des nuances. A certain endroit, il semblait y avoir plus, ou moins, de blanc. Comme si on avait inégalement distribué du coton si et là.
Mais ce qui attira le mieux mon regard c'est l'arbre. De ma chaise et de ma place, alors que mon nez pointé vers la fenêtre, je ne pouvais observer que ses branches les plus hautes. Si on observe quelque seconde seulement ce n'est qu'un arbre lambda mais...il y avait quelque chose.
Il y avait quelque chose dans la manière dont les feuilles, qui me paraissent minuscules, était coloré. Un vert clair, presque fluo à l'extrémité gauche de l'arbre. Et au fur et à mesure que mon regard glisse vers l'autre extrémité, les feuilles semblent perdre cet éclat. Le vert fluo deviens vert terne, strillé de marron et puis..le vert disparaît et ne laisse place qu'à un marron a la limite du noir, si ça ne l'étais pas. Cet arbre si beau semblait en un de ses points,pris de ténèbres, d'un cancer brûlant la beauté vive de ses feuilles.
Le vent semblait le remarquer, puisqu'il exempt cette partie de sa danse voluptueuse. Et mes yeux, eux, à mesure que je fixe ce paysage semble vouloir accorder plus d'attention à ses ténèbres qu'on ne remarque pas à un premier regard distrait.
Mais je ne pouvais regarder ni plus haut, le store m'en empêchait, ni plus bas, le rebord bloquait ma vue.

Alors, de longues minutes qui me paraissent de courtes secondes, je fixe cet arbre rongé. Et je me dis, je me dis qu'il y avait quelque chose. Plus je fixais, plus je voyais. J'eus même l'envie de me lever, grimper sur ma table et observer plus. Au détriment de tous.

Mais je ne le fais pas, un claquement sec à côté de moi me fait sursauter et j'attrape la raison de ce claquement le lançant loin de moi dans un même geste. Geste que je n'ai pas su retenir, geste accompagné de mon regard noir.
Elle recule presque choqué et je me crispe, une excuse toute faite sort la barrière de mes lèvres et je rassemble les affaires avant de sortir en trombe. J'ai juste le temps d'entendre un léger chuchotement avant que le claquement de la porte ne me coupe d'eux.

-Elle perds les pédales...la pauvre.

La pauvre dans ton cul connard. J'avance rageusement jusqu'à la sortie du lycée. Tant pis pour les prochains cours, on me le pardonnera. Je fixe le vide tout en avançant et un instant alors que je passe à côté de quelqu'un j'ai l'impression de reconnaître cette odeur. Mais lorsque je me tourne..il n'y avait personne.

Je soupire et me laisse tomber contre le mur d'un couloir. Je deviens folle.. Je deviens folle et je le déteste ! Je le déteste..je le déteste quand il m'ignore...

Échec & MatOù les histoires vivent. Découvrez maintenant