99 William

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 Jour 161

Nous y sommes. C'est aujourd'hui que nous fêterons l'évènement des « amoureux », c'est donc en ce jour que je lui ferais mes aveux. Encore une fois.

Je vais tout donner et j'espère qu'elle saura prendre conscience de ce que j'aurais à lui dire et surtout qu'elle l'acceptera.

Je lui dirais tout ce qu'elle voudra entendre, je jouerais tous les rôles qui la comblerons, je serais parfait, bien plus que Jinn ne l'a été.

J'ai prévu de lui sortir le grand jeu, en l'emmenant dans un premier temps au restaurant. Je lui ferais ensuite part de ce que je ressens puis lui ré-offrirais ce cadeau qu'elle avait au préalable refusé.

Cette fois, j'insisterais pour qu'elle l'accepte et l'expose à son doigt. Qu'elle soit ou non à moi, avec ce bijou d'appartenance, Jinn sera bouleversé et donc, je serais satisfait.

Je vais devoir me montrer convainquant. Mais, force est de persévérance, j'y arriverais.

Je parviens toujours à mes fins. Et, malgré les distances qu'elle s'impose entre nous, l'écart s'amenuise peu à peu. Grace à lui.

Car plus elle le déteste, plus elle est en mesure de pouvoir m'aimer moi. Je le laisse donc creuser sa tombe tout seul, en l'encourageant un peu de quelques coups de pioches.

S'il avait été moins con, il aurait laissé l'un de ses gars passer cette journée avec elle, ça aurait toujours été moins pire que moi, pour lui... Mais ça m'a quand même bien arrangé qu'il fasse le ménage pour moi toute la semaine.

Je n'ai même pas eu besoin d'insister, il ne pouvait pas s'empêcher de s'en mêler, c'était plus fort que lui, il craquait. Il est si faible pour elle... Porté par ses pulsions, c'est pathétique.

J'ai vraiment honte pour lui quand je le vois se comporter comme ça.

Ça doit tellement le démanger de vouloir moi aussi m'évincer de la vie de Mira, mais les insectes ne peuvent atteindre les dieux. Je le domine et bientôt, je la dominerais elle.

J'ai déjà bien géré leur petit jeu de « chant » hier, en sélectionnant une musique qui la touchait. J'ai bien pu remarquer qu'elle avait apprécié mes mots et que ceux de Jinn lui faisait pitié. C'était assez jouissif à voir et je me suis dit que, finalement, ainsi elle pouvait être facilement corruptible. À condition de bien choisir le morceau à interpréter et je ne pense pas m'être loupé.

Alors que je me resserre un verre de jus, Jinn fait son entrée dans la cuisine.

Il est rare dernièrement que nous soyons seul à seul lui et moi.

Enzo, comme d'habitude, est dans le salon, Chloé est partie chez ses parents et Mira doit très certainement être dans la salle de bain, c'est donc le moment de faire le point et de lui relancer quelques piques, histoire de l'achever un peu plus. Parce que tant qu'il se tiendra droit, je ne serais pas satisfait. Je veux le voir marcher, courber les épaules voûtées, affaisser et ne jamais s'en relever ! Qu'il s'efface entièrement.

Il se prépare son café sans me donner signe de vie. Ni salutation, ni regard, je suis transparent, mais plus pour longtemps.

J'ai horreur de l'indifférence ; soit on m'aime, soit on me déteste, mais je ne suis pas le genre de mec dont on se désintéresse.

-Ça te fait quoi de savoir que ton « ex » va passer cette journée avec moi ?

J'insiste volontairement sur le mot « ex » pour bien appuyer là où ça fait mal.

Il récupère sa tasse pleine et me regarde plein de médisance, j'adore ce regard...

-Pourquoi ? Ça t'intéresse de le savoir ?!

-Si je te le demande, c'est que oui.

En réalité non, mais j'aime voir la colère déformé les traits de son visage.

-Je te laisse deviner, m'annonce-t-il d'un ton plat, en se détournant pour se diriger vers la fenêtre afin de se griller une cigarette.

-Tu es frustré ? Vexé ? Triste ? Anéanti ? Tout ça à la fois ? Je lui propose cinglament.

Dis-moi que oui !

Il intériorise et ne répond pas, toujours dos tourné à moi en expirant la fumée qu'il vient d'inhaler.

Dommage... J'aurais bien voulu voir son regard de mec blessé, peut-être même brisé. Je suis convaincu d'avoir visé juste et son silence reste éloquent.

Pour changer, il n'est pas ouvert à la communication, mais je me contente très bien de sa simple écoute et réceptions de mes mots, tant que ça l'atteind.

À son tour, Mira entre dans la cuisine, vêtue d'une simple robe qui lui arrive au bas des cuisses.

Il ne peut pas s'empêcher de la dévisager brièvement. Un coup d'œil furtif qu'elle ne remarque pas, mais qui ne m'échappe pas.

Ils se saluent d'un mot bref et froid alors qu'elle me fait la bise.

Ce contact qu'il n'a pas me fait jubiler et sourire alors que la rage se lit dans ses yeux. Et dans ses yeux à elle, se reflètent de la tristesse quand elle le regarde lui. Bientôt, cette expression dans son regard disparaîtra pour ne devenir qu'un regard vide ou peut-être même de dégoût, ça me plairait davantage.

Mira se fait rapidement son café (multimédia) tandis que je me lève pour aller m'adosser à mon tour près de la fenêtre.

Je la mate lascivement pendant que lui s'en prive en fixant la vue dégueulasse des vieux bâtiments de notre cité. Je lui murmure donc discrètement.

-Regarde-la...

Il se retourne à ma demande pour l'observer de nouveau et le regard d'un désir intense qu'il lui porte est exaltant.

-Elle t'excite hein ? Je suis sûr que tu meurs d'envie de la baiser là. Son regard s'assombrit et mon sourire s'élargit. Sauf que ce soir, c'est moi qui vais la faire trembler. Je vais la prendre et la pénétré toute la nuit sans m'arrêter. Si tu savais comme j'ai hâte de la goûter et de me vider en elle.

Ses poings se resserrent alors qu'il me lance un regard fugace avec hargne.

S'il pouvait, à cet instant, il me buterait. Mais il n'en fera rien et je lui souris donc vicieusement, avant de retourner m'asseoir sur le tabouret du bar.

C'est tellement satisfaisant de le voir dans cet état. La journée commence bien et avec un peu de chance, elle se terminera encore bien mieux que ça.

Mira ressort prestement de la cuisine avec une pomme dans la main et sa tasse de café. Il la reluque pendant qu'elle est de dos et passe le pas de la porte pour rejoindre Enzo dans le salon.

Elle ne supporte plus sa présence et c'est très gratifiant. C'est que les choses se déroulent plus ou moins comme je l'avais prévu.

Il écrase sa clope sur les nerfs et complètement blasé, il aurait sûrement voulu la retenir ou lui parler après m'avoir tabassé mais, comme pour tout le reste, il en est privé.

Je le mets mentalement à terre comme il l'a déjà fait physiquement avec moi à plusieurs reprises.

Son regard meurtrier se reporte sur moi alors qu'il s'avance à son tour vers le bar, les mains posées en appui sur celui-ci et un sourire provocateur au coin des lèvres.

-Amuse-toi bien ce soir !

Il se redresse puis quitte la cuisine les mains dans les poches.

Je pousse un soupire résigné. Il ne se laisse pas abattre, mais soit. Bats-toi tant que tu le peux encore, mais plus tu persisteras, plus je me ferais une joie de te réduire à néant. La difficulté nous connaissons tout deux et c'est ce qui fait que le challenge est plus intéressant et loin d'être ennuyant.

Je souris perfidement en posant mes lèvres sur mon verre.

Bientôt, ce sera lui qui vivra dans mon ombre, bientôt, il ne sera qu'une ombre... L'ombre de lui-même.

COVER PLAY : Tome 4 : Déteste/Désire moi, passionnémentOù les histoires vivent. Découvrez maintenant