Premier

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J'ai mal. J'ai mal, j'ai mal et j'ai putain de mal. C'est quand que ça s'arrêtera putain. Nan, en fait nan, je n'ai pas mal. Je souffre. Pourquoi je devais endurer ça ? Ma vie était déjà assez le chaos comme ça, pas la peine d'en rajouter. Je n'arrivai même pas à avaler sans souffrir le martyr ! C'était un mauvais rêve hein ? J'allais me réveiller ? Est-ce que c'était parce que j'avais dit toutes ces choses méchantes à Adam ? Ou parce que je le rejetais ? Je ressentais une vive brûlure au niveau de la marque me faisant souffrir, à tel point que je ne sentais plus l'entièreté de mon bras gauche. A peine mes yeux furent à semi-ouverts que je dus me coltiner un connard qui vint m'emmerder.

– Bonjour M.Conrad, enfin réveillé ?
– Est-ce que je suis mort ?

Wait, wait, wait. J'avais pris sur moi pour parler, dans ma souffrance ultime, d'une voix faible et enrouée, clairement et l'autre con rigole ? J'avais dit un truc drôle peut-être ? Je voyais pas où je pouvais bien être hormis les enfers, on pouvait pas souffrir autant sur Terre, si ?

 Et non, ce n'était pas encore votre heure.

Je ne savais pas ce qui aurait été le mieux finalement.

 Vous êtes à l'hôpital. Un témoin nous a raconté que vous vous étiez évanoui en pleine rue et que vous aviez des convulsions. Depuis que vous êtes arrivé, vous avez dormi environ cinq heures, c'est beaucoup dans ce genre de---

Je relevai faiblement ma main droite en puisant dans mes forces.

 Avancez pas plus, le coupai-je. Oh mon Dieu. C'est une catastrophe.

Cet abruti fini avança d'un pas encore. J'essayai de me relever en m'appuyant sur mon bras droit, l'autre ne bougeant pas d'un pouce. L'envie de vomir monta désagréablement en moi. Son odeur m'agressait les narines et j'arrivais à peine à respirer, alors même qu'il était à quinze mètres de moi et que je sentais à peine son effluve.

 Avancez pas j'ai dit ! Si vous avancez je me casse d'ici !

Le médecin s'arrêta, regarda à ma gauche et ne bougea plus. Je ne pouvais pas tourner ma tête sans amplifier la douleur, alors je restai bien en place, redressé sur mon coude droit, prêt à dégager la couverture et à partir de là.

 Bon. Rallongez-vous voyons, je ne bouge plus.

J'attendis encore quelques instants avant de me réinstaller, inconfortable dans cette position. Ma tête retrouva avec joie le coussin moelleux qui lui avait manqué. Pourtant je n'arrivai pas à être serein à présent qu'il était là. J'étais aux aguets prêt à réagir à son moindre mouvement. Soudain, les circonstances pour lesquelles j'étais sortis me revinrent en mémoire, je m'écriai presque de ma voix cassée.

 Le paquet ! Je tenais un paquet avant de m'évanouir ! On ne me l'a pas volé ?

J'attendis avec anxiété sa réponse.

– Hm, il me semble que vous êtes bel et bien arrivé avec un paquet, de cette taille là.

Il me montra avec ses mains et je pus soupirer de soulagement. L'affreux Alpha en blouse blanche profita de mon relâchement pour avancer. Ma réaction fut violente. Mon corps réagit bien avant mon cerveau, des phéromones de détresse se répandirent dans la pièce. Au même moment, je m'entendis émettre un couinement que je n'avais pas voulu. Mon envie de vomir se fit plus présente et, si je n'aurais pas été aussi mal, je n'aurais pas douté du fait que je serais replié sur moi-même, essayant vainement de me protéger. Le médecin recula, sortant la tête de la chambre, je n'entendis que lointainement sa voix et je ne compris pas ses propos.

Toi sans moiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant