Toi sans moi

Quatorzième

Toujours dans son coin à déballer aussi silencieusement que lentement ses cadeaux avec une mine renfrognée, il me jetait parfois des petits coups d'œil en coin. Je lui volai l'un des cadeaux dont je déchirai l'emballage. Je lui tendis ensuite. De ses yeux boudeurs, il m'observa un instant avant de prendre le cahier. Il posa son regard dessus et le contempla avec un petit sourire en coin.

-C'est le cahier qui va avec le stylo plume que tu m'avais acheté ?
-Ouais, j'ai eu du mal à le trouver.

Dans un moment de distraction, il étendit son bras pour essayer de m'attraper. Je l'évitai encore une fois avec une mine mécontente.

-Tu as fini de faire l'enfant ?
-Mais, c'est mon anniversaire et tu ne veux même pas que je te prenne dans mes bras, s'offensa-t-il.

Je soupirai en chopant un autre cadeaux que je déballai.

-Concentre-toi plutôt sur les cadeaux, avec ta vitesse on sera encore là à minuit.
-Wow.

Je me tournai vers lui en comprenant qu'il venait de finir de déballer un cadeau après quelques minutes de silence. Un petit air émerveillé au visage, un sourire vint se coller sur mon faciès, heureux que mon cadeau lui plaise. Il leva ensuite ses yeux vers moi pour me sourire de toutes ses dents. Je m'approchai alors de lui, posant à ses côtés le cadeau que je venais de déballer et dont il n'avait pas encore jeté de coup d'œil.

-Tu as dû te ruiner !
-C'était en solde alors ça va.

Il me colla un gros bisou baveux sur ma joue me faisant grimacer. Mais il ne le remarqua pas, trop obnubilé par la petite planche en bois taillée, où quatre verres à bière étaient posés dans les trous. C'était sympa et masculin, ça m'avait tout de suite plu.

-Je sais déjà où je vais le mettre.

Je l'interrogeai du regard pour qu'il me dévoile l'information. Il se contenta pourtant d'hausser l'un de ses sourcils en gardant un air à la fois rieur et mystérieux.

-Tu verras.

Je levai les yeux au ciel en lui tendant un calendrier mural. Il était périmé depuis le temps, mais j'avais voulu lui acheter ça pour l'inciter à revenir. Il regarda le cadeau avec un air attristé. Je l'arrêtai avant qu'il ne s'excuse.

-C'est pas grave, je t'en rachèterai un.
-Je vais l'accrocher au mur.

Je tournai mon regard perdu vers lui, je n'étais pas sûr de l'avoir bien entendu. Son sourire sincère me réchauffa le cœur.

-Je vais quand même l'accrocher au mur. Il n'y a pas que les jours, les semaines et les mois sur ce calendrier, il y a aussi de beaux paysages. Et même s'il n'est plus d'actualité, je veux voir ces images et en changer chaque mois.

Il fit une courte pause, nous étions côte à côte sur le canapé, nos épaules et nos jambes se touchant presque. Son regard m'hypnotisa tant les émotions qui le traversaient et que je ressentais étaient réelles et sincères.

-Mais aussi, surtout parce qu'il vient de toi. Tu as voulu m'offrir un cadeau, tu as cherché ce qui pourrait me faire plaisir, tu as dépensé ton temps et de l'argent pour ça, alors, je ne veux rien perdre de tout ça.

Étrangement, je me sentis aussi apaisé qu'embarrassé. Alors je détournai le regard en lui tendant un paquet, en en prenant moi-même un.

-Je me sens gêné Nao. Je ne t'ai pas préparé des cadeaux comme toi tu l'as fait pour moi. Au début, je me suis surtout occupé de ma chambre universitaire. Puis, mettre de l'argent de côté. Et dès que j'en ai eu assez, j'ai recherché un appartement. J'ai pensé à un endroit qui pourrait te plaire et qui ne serait pas trop loin du centre ville, pour que tu puisses profiter des magasins sans avoir à toujours prendre la voiture.