Cinquième

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-Bon.

C'était le premier mot qu'avait prononcé le docteur. Cela faisait déjà cinq minutes qu'il était debout, au bout de mon lit, juste en face de moi, la mine sévère. Adam qui était à mes côtés n'avait pas vraiment compris ce silence soudain, mais il n'avait pas parlé pour autant.

-J'ai été tenu informé de votre régime alimentaire assez, léger dirons nous, ces derniers temps.

Il soupira en observant les feuilles qu'il tenait dans les mains.

-J'ai consulté votre dossier médical. Je n'ai pas été surpris d'apprendre que vous aviez été pris en charge pour anorexie il y a quelques années. C'est assez récent tout de même. En plus de cela, vous avez fait une dépression, enfin, c'était plutôt la cause vous ayant conduit à l'anorexie. Cela a donc provoqué un retard de chaleurs qui ne vous a que rendu plus fragile psychologiquement. J'ai pris en compte chacune des informations qu'il m'a été donnée.

Il fit une courte pause, me fixant sérieusement.

-Je préfère prendre mes dispositions et réagir rapidement. Ce soir nous allons faire un essai. Je préfère laisser le doute, peut-être que le plat ne vous plaisait pas après tout, ça arrive. Alors, vous allez, dès ce soir, prendre le dîner de votre choix, à condition qu'il reste sain et complet. Si vous n'arrivez pas à en manger les trois quarts sans vomir, vous aurez une perfusion pour vous nourrir. Ai-je été clair ?

J'acquiesçai, il se redressa, tournant la tête vers Adam.

-Je vous demanderai de bien vouloir ramener de plat que Nao aura choisi.
-Bien sûr.

Puis le médecin se tourna vers moi.

-Que voulez-vous manger ?

Ce serait mon dernier repas avant quelques temps, il valait mieux que je le choisisse bien. Plusieurs plats effleurèrent mon esprit, mais un seul s'imposa rapidement à moi.

-J'aimerais manger des tomates farcies accompagnées de riz.

Je baissai les yeux vers mes doigts, ça me faisait mal de demander ça, mais, les siennes étaient tellement bonnes.

-Je voudrais que ce soit ma maman qui me les cuisine.

Et moi qui criait sur tous les toits que je ne voulais plus lui parler, j'étais bien grotesque de lui demander ça.

-Est-ce que ce serait possible ? demanda le docteur.
-Ça devrait, je vais l'appeler et lui ramener les ingrédients qu'il lui faudra.
-Parfait. Je vais vous laisser, reposez vous bien Nao.

Je relevai la tête, observant le docteur partir, suivit de l'infirmière. Mes yeux dérivèrent vers Adam qui venait de se lever.

-Il faut que j'y aille, je repasserai ce soir. Prends bien soin de toi.

Il s'éloigna de moi, m'adressant un simple geste de la main avant de se détourner de moi. Je papillonnai plusieurs secondes des paupières. Redressé, je fixai la porte par laquelle il venait de partir. Pourquoi il ne m'avait pas embrassé le front avant de partir ? Il était fâché contre moi ? Je me sentis misérablement bête. Sa présence que je ne souhaitais pourtant plus me manquait déjà. J'étais bizarre aujourd'hui, non ?

-Nao !

Je sursautai violemment en voyant entrer l'oméga rousse en furie dans ma chambre.

-Je peux vous appeler par votre prénom au moins ?

J'acquiesçai sans y réfléchir.

-Tenez, c'est pour vous !

Je pris machinalement le magazine qu'elle me tendit. J'observai étrangement la couverture avant de la regarder elle.

Toi sans moiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant