Dix-huitième

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Il le remarqua rapidement. Mon regard, mes gestes, ma voix, tout cela était devenu plus froid, j'étais devenu plus froid. Je ne l'aidai pas à ranger sa veste ni sa sacoche. Mais il n'en semblait pas contrarié, il était simplement inquiet.

-Est-ce que tu te sens bien Nao ?

Je le regardai droit dans les yeux sans lui répondre, l'expression tout aussi calme que mes émotions. Il s'approcha de moi après avoir ôté ses chaussures et avoir posé sa sacoche sur le sol, son manteau pendant déjà sur la structure métallique, le mien à ses côtés. Il attrapa l'une de mes mains et posa l'autre sur mon front.

-Tu n'as pas de fièvre, c'est déjà ça. Ton comportement de ces derniers jours était étrange, j'ai cru que tu étais malade à un moment donné.

Il enleva sa main de mon front, mais garda la mienne dans la sienne, la réchauffant.

-Je vais bien, finis-je par admettre.

D'un geste plus brusque que je ne le voulus, je ramenai ma main vers moi, la laissant tomber le long de mon corps. Ses yeux se plissèrent, essayant de dissimuler sa peine, mais je la ressentis se répercuter affreusement en moi. Une soudaine envie me prit, très fort. J'y résistai pourtant, comprenant que ce n'était pas mon envie à moi, mais un besoin primaire et primordial à assouvir. Je ressentis le besoin de rassurer Adam en me blottissant contre lui. Mon regard impassible ne le quitta pas, je ne le laissai pas voir mon trouble, bien qu'il dut le ressentir.

-Que se passe-t-il alors ?

Son regard nerveux attendait des réponses, des vrais. Mais, avant ça, je voulais lui demander quelque chose dont je m'étais soudainement souvenu en me réveillant et qui avait provoqué mon déclic. J'en avais besoin.

-Je voulais savoir, pour quoi exactement étais-tu désolé Adam ?

Il fronça les sourcils, égaré face à mon interrogation soudaine.

-Avant que le lien ne se manifeste, avant que nous n'ayons cet accident de voiture Nathan et moi, après la séance chez la thérapeute. Le soir, tu t'es excusé, juste toi, pas ton loup. Etais-tu désolé de m'avoir marqué sans mon consentement ou de m'avoir violé ?

Il détourna ses yeux loin de moi, soupirant en laissant une expression peinée peindre ses traits. Ce n'était pas seulement pour m'attendrir, je le sentais au fond de moi, tous les regrets qu'il éprouvait, toute la peine qui l'affligeait. Elle était évidente, mais pourtant, elle restait cachée le reste du temps, bien qu'elle le tourmentait régulièrement. Ses yeux me retrouvèrent, ils étaient désolés, sincèrement.

-C'était pour tout que je m'excusais, Nao. Au départ, nous avons pensé que c'était sous le coup de tes chaleurs et du choc qu'elles peuvent provoquer que tu nous repoussais, mais il s'est avéré que non.

Je restai stoïque, résistant à ces idées les plus étranges qui affluaient en masse dans mon cerveau.

-Et ton loup, il en pense quoi à présent ?

Son regard se voila un peu plus, ses yeux me quittèrent, se perdant dans le vague. J'attendis patiemment la réponse, les laissant s'entretenir tranquillement sans m'interposer. Un bref instant, je me demandais ce que m'aurait dit mon loup s'il aurait été là. Cette question me blessa plus que je ne l'aurais cru, alors, je l'éloignai rapidement de moi. Les yeux d'Adam prenant une autre teinte m'y aidant. La couleur rouge de ses yeux lui allait bien, elle faisait ressortir ses cheveux sombres et sa peau claire agréable. Bien qu'il avait aussi l'air plus dangereux et insaisissable. Il avait cette part insondable qui m'effrayait, cette part que j'avais toujours su lire chez Adam, mais pas chez lui. Ce côté énigmatique ne lui était pas à son avantage, selon moi du moins.

Toi sans moiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant