Trente-troisième

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Le chant gracieux des oiseaux me tira de mes rêves plus doux les uns que les autres, les rayons du soleil s'amusant à danser sur ma peau découverte. Je me tournai dans le lit, un soupir de bien être s'échappant de mes lèvres entrouvertes. Côtoyant la belle musique, le bruit des klaxons, accompagnés de ceux des véhicules roulant et du tram me firent grimacer. C'était affreux. Pour une fois, ces nuisances là ne pouvaient pas disparaître ? Ne laissant que l'agréable mélodie des êtres vivants à plumes et à bec ? C'était tout bonnement impossible.
Ce ne fut qu'alors qu'un élément m'interloqua. Ma peau découverte ? Me forçant à ouvrir les yeux, mon regard tomba sur mes épaules nues, puis sur la couverture qui me couvrait. Je pus apprécier à sa juste valeur le tissu douillet du lit, manquant de me faire oublier ma colère. Soulevant l'épaisse étoffe, mes yeux passèrent rapidement sur mon ventre tout aussi dénudé et mes jambes. Seul mon sous-vêtement me recouvrait, j'étais heureux d'avoir opté pour un boxer spécial oméga mâle qui était le moins découvert et sexy de tous. Pour une fois que la chance était avec moi et non lui ! Yes ! Un autre sentiment remplaça bien vite cette joie. De quel droit se permettait-il de me déshabiller pendant mon sommeil ? Me levant d'un bond, je passai sur mon corps découvert ma robe de chambre qui était posée à côté du lit et déboulai dans le salon. Je le vis, tranquillement assis devant son ordinateur, remplissant des papiers tel un innocent. Ses lunettes sur le nez, il ne leva même pas les yeux vers moi, ce qui renforça mon agacement.

-Comment tu as pu oser !? Je sais que c'est toi Nateo ! Espèce de sale pervers !

Mon loup pouffa dans mon esprit, mais je l'ignorai. Adam posa ses iris foncés sur moi, enfin. Il retira ses lunettes, croisant les bras sur la table. Il attendait que je décharge ma colère avant de parler.

-Je savais que je n'aurais pas dû venir dormir avec toi, surtout pas après ce qui s'était passé. Mais je trouvais pas le sommeil ! Quel bougre ! Le salaud, il a viré mon oreiller exprès ! C'était pour se moquer de moi encore une fois ! Je le déteste ! Tu m'entends Adam ? Je hais ton loup !

Ma colère redescendue avec mes mots, je pus enfin respirer, attendant ses excuses. Pourtant, et contrairement à ce que je pensais, il remit ses lunettes sur son nez avant de reprendre son travail tranquillement. Je crus d'abord qu'il allait m'ignorer, mais il prit la parole.

-Tu avais trop chaud, déclara-t-il. Tu bougeais dans tous les sens en te plaignant que tu avais trop chaud. Ce n'était pas mon loup. Je t'ai retiré ton haut et tu as toi-même fait glisser ton bas. J'allais me décrocher pour te laisser respirer, mais tu t'es collé contre moi en couinant.

Mon corps figé, le rouge colora mes joues. Je me sentais très bête et très embarrassé. Pour tenter d'échapper à la situation gênante, je me retournai, prenant la route de la cuisine.

-Je suis en télétravail. Je ne fais plus d'heures supplémentaires, je terminerai donc vers 16h. Peut-être même un peu plus tôt, je prends des pauses déjeuners assez courtes.

Je compris la référence au lien sans qu'il n'eut besoin de la citer. L'anxiété monta en moi, alors, j'acquiesçai puis m'effaçai dans la cuisine. Il ne me restait qu'environ six heures, dans le meilleur des cas, avant de me retrouver complètement lié à mon frère. Je devais peut-être voir le bon côté des choses. Il n'y aurait plus cette étrange tension entre nous, tout allait redevenir normal et je pourrai mieux gérer mes instincts. Oui, ce serait toujours mieux que maintenant.
Relativisant, je pris mon petit-déjeuner tout seul dans la cuisine, celui qu'Adam m'avait préparé. J'avais oublié l'agréable sensation qu'était de retrouver son déjeuner chaud et déjà prêt, n'attendant plus que nous. Ce n'était pas si mal d'être ici. Enfin, c'était sûrement mieux que de se faire tuer du regard par l'Alpha de la personne censé être mon ami et qui m'a descendue auprès d'Adam. A l'heure actuelle, il ne devait même plus être en état de marcher, et tant pis pour lui.
Les heures cruciales s'écoulèrent comme ça, aussi lentement que rapidement, sous mes peurs refoulées qui réapparaissaient subitement. Mon loup, son loup, ni même Adam ne me vinrent en aide, comme s'ils étaient de mèche, d'accord pour me laisser dans mon angoisse.
Je m'étais alors isolé, trouvant de la consolation auprès de mes idoles. A un moment donné, j'en vins même à hésiter à envoyer un message à ce traître de Nathan. Après tout, il ne devait rien avoir de bien intéressant à faire et, il était lié, dans une situation finalement similaire à la mienne. Lui aussi ne voulait pas de ce lien à la base, mais il laissait son Alpha prendre possession de lui, c'était pas étrange ? Quoique, si Adam n'avait été qu'un inconnu, je n'aurais peut-être pas dit non, il était très bien fait et était très beau, voire trop justement. Sans oublier ses gestes doux et son caractère de gentil. Cet homme était trop parfait pour être lié à son frère.

Toi sans moiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant