Lorsque j'entrouvris la porte, un plateau chargé dans les mains, je n'entendis plus de pleurs et je le vis, assis là, totalement calme. Son visage était toujours rouge, tout comme ses yeux, à force de verser des larmes. Je vis dans le fond rouge de ses yeux une lueur d'espoir entremêlée à de la détresse, une profonde détresse. Il n'émit pas un bruit, ne prononça pas un mot, m'observant simplement rentrer et avancer vers lui. Mon visage resta neutre, je n'étais pas là pour lui faire croire des choses, juste pour prendre soin de lui.
Je ne voulus pourtant pas penser à mon départ d'ici, me concentrant plutôt sur l'intensité de son regard, ce qui ne fut pas très dur. Redressé, je posai directement le plateau sur ses genoux, m'asseyant sur le siège.
Il attrapa sa fourchette et commença à manger, silencieusement, son regard ne dérivant pas de moi.-Je t'ai mis tes médicaments et les compléments alimentaires.
Je pointai du doigts les pilules, il ne les regarda même pas, les attrapant avant de les avaler sans poser de question. Je lui tendis le verre posé sur sa table de chevet pour ne pas qu'il s'étouffe. Il le prit et le but en entier, le reposant sur son plateau.
J'essayai de dissimuler mon trouble, attrapant quelques coussins tombés du lit pour les remettre dessus.-Tu te sens mieux ?
Il n'acquiesça que lorsque je ramenai mes iris sur lui, ne me répondant pas autrement. Je me levai, attrapant le livre tombé derrière le fauteuil en le cachant de sa vue, je le rangeai dans sa bibliothèque, me posant devant pour lui boucher la vue. Même ainsi, dos à lui, il continua à me contempler, espérant croiser mes yeux lorsque je me retournerai.
Je revins près de lui, me rasseyant dans le fond du fauteuil, les bras croisés, mon regard cédant, il était fixé sur lui.-Tu as des cernes plus visibles que lorsque tu es arrivé. Tu n'as pas bien dormi ?
Son expression, sa voix et ses yeux inquiets ne m'atteignirent pas, ou du moins, plus, car, je savais à présent qu'ils ne m'étaient pas destinés.
-J'ai fait du ménage avant de dormir.
Son regard s'attrista, je ne lui avais pas parlé doucement, comme les autres fois où je m'étais adressé à lui. Non, là, je nous imposais une distance. Je ne voulais pas tomber dans son piège et souffrir plus encore que j'avais déjà souffert. Être près de lui me soignait de tous mes maux, je ne souffrais plus, je le sentais, le touchais et l'admirais à ma guise. Pourtant, le revers de l'épée était plus tranchant encore, car, il ne m'était pas réservé.
-J'aurais pu le faire ! Je vais le faire, ne t'occupe pas de ça, il faut que tu te reposes.
Il reposa son plateau, sur le côté vide du lit, là où Tina avait laissé sa place. Il enleva la grosse couette et commença à se relever. Mes sourcils se froncèrent, je grimaçai.
-Recouche toi et mange. Tu es à peine en état pour tenir debout alors pour faire du ménage ?
Ma voix tranchante lui fit mal, je le vis. Mais, elle était nécessaire pour qu'il se ménage et reprenne des forces. J'essayais de résister à l'appel si doux de son toucher, de son contact. Je savais que si j'avais un geste envers lui, il comprendrait de travers, ce que je ne voulais pas. Il souffrait peut-être, mais, je souffrais plus encore de le savoir à si bonne distance de moi. Il était près, mais, était pourtant si loin.
Il finit par m'obéir, se recouvrant avant de recommencer à manger, sans ne plus poser un seul œil sur moi. Mais, bien vite, avant de finir son plat, il releva la tête, ses yeux inquiets me scrutant.-Et toi ? Est-ce que tu manges bien ? Tu manges correctement hein ? Je ne te vois jamais manger, s'attrista-t-il.
Il rapprocha sa fourchette de moi, je fronçai les sourcils en mettant mes mains devant, l'empêchant ainsi d'avancer. Il la ramena vers lui, sans pour autant la mettre dans sa bouche, attendant que je réponde.
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Toi sans moi
RomantizmCe n'était finalement pas vraiment sa fin, juste celle de ses incertitudes. Le piège s'est refermé sur Nao, il se retrouve à présent bloqué avec Adam pour ce qui semble bien être l'éternité. Triste vie, selon lui en tout cas. Mauvais ou bons choix...