Quatre-vingt-seizième

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Il ne tarda pourtant pas à se remettre de son embarras soudain, ses yeux tombant sur le nuage rosé entourant le bâton en bois qu'il tenait. Voyant la catastrophe arriver, Adam lui prit son chocolat chaud, s'attirant le regard à la fois attristé et incompréhensif du petit qui ne l'avait pas fini.

-C'est pour que tu puisses goûter à la barbe à papa. Il faut qu'avec tes doigts, tu tires dessus et ça te fera un morceau. Ne croque pas dedans, le prévint-il.

Il le fit alors, ses petits doigts tirant trop doucement pour en arracher un bout. Il tira alors plus fort, un gros morceau entre les doigts, il se surprit lui même de sa force. Avec un petit sourire amusé, je trempai mes lèvres dans le chocolat chaud, me permettant de me réchauffer. Curieux, il goûta, ses grands yeux se tournant vers nous sous la douceur et la finesse de la sucrerie.

-C'est trop bon.

Je gloussai devant son air adorable, Adam souriant. Il tendit alors à sa sœur pour qu'elle goûte. Mais, handicapée par son chocolat chaud, elle lui fit un sourire contrit. Déçu, il tourna son petit air blessé vers moi, ne pouvant pas, je me baissai à son niveau et ouvris ma bouche. Il y mit un morceau de barbe à papa d'un air concentré. Avec contentement, je mâchai, mais, le petit vorace, dans un instant d'égarement en profita pour croquer dans la gaufre nappée. J'observai avec étonnement la gaufre où un bout était manquant puis le petit glouton la mangeant avec délice.

-C'est aussi trop bon !

Offensé, j'avalai ma bouchée de barbe à papa. Ses petits yeux innocents et brillants de joie me dissuadèrent de le gronder. Et, dans tous les cas, je comptais lui faire goûter. Je ricanai alors, nos deux autres compagnons se joignant à moi. Avec convoitise, son regard se posa sur la crêpe que tenait Adam, et dans laquelle, il avait déjà croqué. Il leva les yeux au ciel en soupirant et la lui mit à sa hauteur. Le garçonnet croqua dedans avec voracité, et sous le regard perplexe d'Adam.

-Est-ce qu'il a mangé ce midi ?
-Presque deux glaces
, se vanta-t-il dans un grand sourire. Maman m'a donné la moitié de la sienne !

Embarrassé, à la fois par l'aveu que par son appellation, je me raclai la gorge en détournant le regard. Son regard brûlant se fixa sur moi, son intensité me rendant mal à l'aise.

-Tu as envie de manger quoi ?

L'intonation douce de sa voix m'incita à le regarder, ce que je fis, l'extrême douceur de son regard envola mon malaise.

-Tu préfères la crêpe, la gaufre ou les chichis ?

Je risquai un petit coup d'œil vers le petit qui dévorait tranquillement la barbe à papa, les yeux brillants.

-Peu importe, je ne suis pas difficile.

Avec un grimace, il évita l'endroit où le petit avait croqué, mangeant de l'autre côté. Je pouffai doucement.

-On dirait Mélissa.

Les deux concernés me regardèrent, puis, ils se regardèrent, mon regard passant de droite à gauche. Ils détournèrent tous les deux le regard.

-Chocolat, se plaignit Hugo en tendant la main.

Adam lui tendit sa boisson, et, il l'avala d'une seule traite, nous permettant de jeter le gobelet et d'avoir une main supplémentaire de libre. Qui partit justement, directement à la conquête des churros, en piquant un sur lequel il y avait beaucoup de sucre, le secouant pour le faire tomber avant de le tremper dans le supplément. Il se régala encore davantage, un grand sourire au visage.

-Tu veux goûter la gaufre Mélissa ?

Elle tourna la tête vers moi, surprise. Rougissant légèrement, elle secoua la tête. En baissant mes yeux vers son chocolat, je le vis toujours entier. J'allai parler, mais, elle se racla la gorge, prête à prendre la parole.

Toi sans moiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant