Toi sans moi

Quarantième

-Et c'est quoi les autres rumeurs ? Moi j'suis curieux, se ramena Lucas.
-Il m'en reste encore quelques sucettes et sucres d'orges, j'en avais gardé pour vous en donner, avouai-je.
-Ça a dû te coûter cher, intervint Liam.
-On m'a fait un prix, alors, ça va.
-C'est Adam ou toi qui a payé ? me demanda Nathan avec curiosité.

Je me pointai du doigt.

-Adam a déjà assez payé pour moi.

Je le sentis surpris, je tournai alors ma tête vers lui, captant son regard mécontent.

-J'aurais dû payer, la plupart des sucreries ont été pour les personnes de mon étage ou pour des collègues de l'entreprise.
-Ça m'a fait plaisir Adam, c'est bon.

Je lui fis un petit sourire. Tendrement, sa main frôla la mienne dans une douce caresse. Il s'était rapproché, son bras reposant sur l'accoudoir de son canapé, le mien sur l'extrémité de celui que j'occupais. Dans notre bulle, je sentis ma peau se réchauffer sous son contact.

-Merci, murmura-t-il doucement avec un regard sincère.

Sa main s'éloigna, envolant avec elle notre bulle. Nous étions perpendiculaires l'un à l'autre, cependant, assez proches. Mes yeux se posèrent sur mes parents qui s'étaient eux aussi rapprochés.

-Putain, c'est quoi cette tension chaude entre vous ?

Je brutalisai l'épaule de l'imbécile suicidaire qui venait de parler sous ses plaintes. Sûrement vexé d'avoir été ignoré un peu plus tôt, il avait décidé de nous enquiquiner pour avoir l'attention sur lui.

-Ah, et aussi, il y en a une qui dit que vous êtes brusquement partis aux toilettes alors que tu mangeais une sucette. Et moins de cinq minutes plus tard tu as traversé l'open-space très rapidement et sans Adam. Ça, c'est un fait.
-Maintenant les rumeurs, s'exclama joyeusement l'imbécile.

Je levai les yeux au ciel, m'attendant à tout et à rien. Le sens de l'imagination de ces employés ne semblaient n'avoir aucune limite. Le regard sérieux de Nathan n'apaisa pas mon appréhension.

-Vous seriez partis vous embrasser tranquillement loin de la vue des autres et ça aurait dégénéré. Ou, vous avez fait des trucs chelous dans les toilettes et la précocité d'Adam t'aurait vexé ou la tienne t'aurait rendu honteux. Et pour finir, tu, commença Nathan sans parvenir à finir.
-Ou tu te serais fait rejeté par Adam alors que tu lui faisais des avances, dans le même genre, tu aurais été trop "nul" et donc il t'aurait rejeté.

Un rire glacial refroidit l'air.

-Je sais déjà de qui celle-là vient. L'autre chaudasse de merde, elle ne sait jamais quand s'arrêter.
-Je crois que le pire était au dîner de Noël, je ne sais pas d'où lui est venue l'audace de t'écraser le pied.
-Tu n'as pourtant pas encore tout vu, ris-je jaune.

J'allai continuer, mais une tape dans mon dos m'arrêta directement. Ma tête se tourna vers le lourdaud à côté de moi au sourire carnassier.

-Bah alors Nao, tu es lié à un précoce ?

Il jaugea Adam du regard avant de ricaner.

-Quoique, ça m'étonnerait. Ce serait toi en fait le petit précoce.

Son visage moqueur si énervant, sans prendre la peine de réfléchir, le liquide présent dans mon verre s'y échappa, partant à la conquête de l'air. Le temps fut comme ralenti, Lucas eut le temps de se baisser pour esquiver ma boisson, mais ce ne fut pas le cas de M.Bradford qui mangeait tranquillement son petit-four, les yeux rivés sur la table basse. Mon visage se déforma en une grimace alors qu'il se prenait en plein visage ma boisson gazeuse. Lentement, toujours, il tourna sa tête dégoulinante de sucre vers moi, les glaçons étaient heureusement fondus. J'attrapai un paquet de mouchoir que j'avais fourré dans ma poche avant de lui tendre dans un petit sourire.