Soixante-cinquième

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Le faciès contorsionné, mon regard bloqué sur mon téléphone entrain de m'humilier, je ne pus m'empêcher de me demander ce que je pouvais bien faire ici.

-Le rose vous va très bien mister casse-couilles.

Mes yeux trouvèrent le maudit bêta souriant. Sale con. Puis, ils glissèrent jusque sur Lucas, aussi handicapé que moi par ce casque Barbie.

-Oh allez, faut pas exagérer, ce n'est que pour un petit moment.

Déçu de mon faux ami coupable de prise de photos interdites, je lui adressai une légère moue qu'il s'empressa de capter dans son appareil.

-Magnifique, s'extasia-t-il en regardant ladite photo.
-Vous allez pouvoir y aller ! Attendez juste que les autres guignols vous dépassent.

Mes yeux suivirent les fameux guignols qui arrivaient droits sur nous. Ralentissant doucement, il se stoppèrent derrière nous sous nos expressions interloquées.

-Sympa le casque, remarqua un alpha en pointant mon casque et celui de Lucas du doigt.
-Je peux l'échanger avec le tien si tu veux, proposai-je, l'espoir renaissant en moi.

Il secoua pourtant la tête, coupant court à mes espoirs.

-Très peu pour moi. Il te va juste comme un gant, ça te rend mignon.

Je me renfrognai. Il allait lui montrer le mignon comment il savait conduire, lui il allait voir. Il m'offrit un sourire qu'il espérait sûrement charmeur, mais qui ne me faisait ni chaud ni froid. Je n'entendis étonnamment rien d'autre, bien que l'homme me complimentait et que nous nous tutoyons comme si nous nous connaissions, Adam ne disait rien. Un peu curieux, je lui jetai un regard. Il me regardait aussi, le fond de ses yeux cachant une tristesse passagère, qui s'étiola dès que nos yeux se croisèrent.

-Ça vous dérange si on se mesure à vous ? Vous m'avez l'air d'être de très bons guerriers aguerris, observa un autre avec ironie.
-On a survécu à pas mal de choses, donc, oui, cranai-je.

Mon comportement dut leur plaire car ils se sourirent entre eux. A bien y regarder, on avait plutôt l'air de gros débiles. Surtout avec des casques rose bonbon Barbie, nos vêtements du Dimanche, c'est-à-dire amples et ne nous donnant aucun style. Nous faisions tous les deux tâches face à deux alphas très bien habillés à la limite d'être en costard, tout comme Nathan qui s'était mis presque sur son trente-et-un, mon père et ma mère étaient aussi soignés. Bien que ma mère avait un sourire idiot et un téléphone prêt à nous mitrailler, tout comme Nathan qui avait toujours le front aussi rouge. Est-ce que ça partirait un jour au moins ?

-Vous êtes prêts ?

Je me repositionnai correctement, mon pied prêt à donner un bon coup d'accélérateur et à me propulser au premier rang.

-J'ai perdu mon mégaphone, prévint le bêta à l'intention du groupe d'alphas.

Ils avaient l'air de s'en foutre autant que nous car aucun ne répondit. Un léger sourire aux lèvres, j'attendis le top départ pour le dégainer et niquer ce putain de bêta de merde.

-A vos marques ? Prêts ? Partez !

Sans perdre une seconde, je démarrai au quart de tour, faisant crisser les pneus de ce petit bijou. Mes adversaires ne mirent pas de temps pour me suivre, jouant au coude à coude pour tenter de me dépasser dans un virage ou me faire peur. Je ne vis plus Lucas qui avait sûrement du mourir après un virage serré contre un alpha qui l'avait poussé en dehors de la piste. Je n'étais pas mieux loti, mais je m'en sortais. Mes opposants alphas inconnus me dépassèrent, prenant un peu d'avance sur moi. En jetant un coup d'œil au-dessus de mon épaule, je vis Adam et Liam, essayant de me rattraper eux aussi, voire même de me dépasser si possible. Je lâchai le volant d'une main, attrapant le mégaphone que je dévoilai. Bien que loin, je vis l'expression du bêta changer et je l'imaginai d'ici m'insulter de tous les noms. Un grand sourire sur le visage, je le rangeai bien gentiment, attendant le bon moment pour le sortir. Au détour d'un virage, les deux alphas me doublèrent. Concentrés, ils ne firent pas attention à moi. Ayant appris des inconnus, je me décidai à user de l'une de leurs tactiques aussi prédatrice que dangereuse. D'un coup de volant, je les serrai au virage suivant, lâchant la pédale d'accélérateur. Nos voitures manquèrent de se toucher, mais par miracle, elles n'y parvinrent pas. Plus réactif qu'eux, j'accélérai, redémarrant en trombe. Un grand sourire au lèvres, je frappai l'air de l'un de mes poings avant de brandir fièrement mon mégaphone. Un coup d'œil au dessus de l'épaule, je le mis devant ma bouche.

Toi sans moiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant