Trente-cinquième

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J'avais pu m'enivrer de son bonheur moi aussi. C'était comme si nous nous étions retrouvés, réellement. Pendant quelques heures, et jusqu'à ce que le soleil ne paraisse plus devant nos yeux, nous avions étrangement rajeuni. Peut-être était-ce l'esprit de Noël qui avait agi ainsi sur nous. C'était probable. Nous avions acheté des cadeaux, sans compter, pour Nathan, Liam, Lucas, nos parents aussi. J'avais mis de côté mon malheur de nombreuses heures et, ça faisait réellement du bien. Devant un chocolat chaud et des bonhommes en pain d'épices, nous avions retrouvés notre complicité d'antan, riant si fort que les personnes autour nous avaient dévisagé, mais on s'en fichait bien. L'excitation des fêtes nous avait gagné. Si bien que, sur le chemin du retour, nous avions décidé de nous arrêter en ville. Dans ce ciel obscur, se détachait cette grande roue colorée que nous connaissions si bien. En bas de celle-ci se trouvait quelques personnes l'observant tourner sur elle-même, inlassablement. De l'autre côté, une piste de patinoire rétrécie et exposée en plein air accueillait quelques courageux qui patinaient avec joie. A peine sortis de la voiture, le froid fouetta mes joues chaudes et pâles, les faisant rougir sous sa rude caresse. Un agréable mélange titilla mes narines, le vin chaud et le pain d'épice valsaient ensemble, conquérant les passants qui ne pouvaient s'empêcher de s'approcher des stands où diverses nourritures ou objets étaient disposés.
Ma main attrapa celle si chaude d'Adam et je me collai contre son bras, essayant de lui piquer un peu de sa chaleur, grelottant sous le froid amer de Décembre.

-C'est beau, déclara-t-il, le vent faisant virevolter ses cheveux.

Mon regard fut hypnotisé, à tel point que je ne réagis pas à ses paroles. Ses yeux me rejoignirent, me fascinant tant ils brillaient à la fois grâce aux éclairages mais aussi à ses émotions qui les faisaient pétiller. Il m'offrit un grand sourire, je le lui rendis presque immédiatement.

-Tu viens ? On va aller faire un petit tour avant de rentrer.

J'acquiesçai, mon regard s'évadant pour observer toutes ses lumières colorées et ce grand arbre visible de très loin, étincelant sous les guirlandes qui y étaient accrochées et aux boules brillantes qui émerveillaient les plus petits. Mes yeux se retrouvèrent bien vite à scruter chaque étale, observant avec curiosité les marchandises exposées. Je m'arrêtai soudainement, me souvenant de quelque chose, mon regard fixé sur une étoile à accrocher en haut du sapin.

-Tu n'as pas mis de sapin de Noël chez toi Adam.

Il secoua la tête, mes prunelles remontant jusqu'à lui.

-Je n'avais pas la tête à ça, mais toi non plus j'imagine.

Dans un soupir, je me revis, durant le début de moitié de ce mois, couché sur mon lit d'hôpital. Non, je n'avais pas eu la tête à ça. Il se rapprocha, son souffle me parvint, son haleine chocolaté aussi.

-Tu veux qu'on en fasse un ensemble ?

Je clignai de nombreuses fois des yeux, un soutire étirant mes lèvres.

-C'est complètement insensé. On ne le passera pas chez toi et nous sommes le 23.

Son sourire était un reflet du mien. Mes mots étaient le contraire de ce que nous pensions réellement. Impulsivement, il s'avança, demandant au vendeur d'emballer l'étoile que j'avais repérée, scintillant de mille feux, c'était celle qui se démarquait le plus. Rompant notre contact après s'être avancé, il paya le vendeur qui lui tendit l'étoile dans un sourire en nous souhaitant de bonnes fêtes. Mes doigts se lièrent ensemble, mes dents dévoilées lorsqu'Adam se rapprocha de moi. Nos yeux se croisèrent et, nous pûmes nous empêcher de glousser.

-Nous sommes fous, lâchai-je finalement dans un petit sourire.

Dans un sourire en coin, nos mains se cherchèrent avant de s'enlacer tendrement, nos doigts s'emboîtant parfaitement bien ensemble. Doucement, nous laissâmes les effluves de cet fête nous parcourir dans un ravissement non feint. Nous avions besoin de penser à autre chose après cette séparation forcée de trois jours et toute cette souffrance. Nous avions fait une pause avec la douleur, l'oubliant le temps d'un instant, savourant la présence de l'autre et ses touchers aussi plaisants qu'exquis. Dans un excès de bonheur, je laissai mon esprit s'approcher sur sien. Ils s'apprivoisèrent sans se toucher ni même se frôler. Puis, soudainement, ils se cédèrent, comme nous nous l'étions refusés de le faire auparavant. C'était aussi enchanteur que délicieux, ne faisant qu'amplifier nos émotions et la sensation de nos touchers.

Toi sans moiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant