Soixante-quatrième

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-Sympa la petite balade, admis-je en dépliant mes jambes.

Lucas hocha la tête dans un beau sourire.

-Bande d'inconscients ! rouspéta le bêta. Vous auriez pu faire encore plus de dégâts ! Il est interdit d'utiliser son téléphone alors que vous êtes au volant, vous ne l'avez pas appris au permis ?
-Si, mais c'est pas une vraie voiture ça,
objecta Lucas.
-C'est marqué où même ? demandai-je.

Lucas me lança un regard appuyé avec les gros yeux, un grand sourire étira les lèvres du bêta. Il pointa du doigt plusieurs endroits où des affiches étaient disposées un peu partout et le rappelaient. Palissant, je me raclai la gorge en perdant toute ma crédibilité. Et le clou du spectacle fut sûrement l'affiche géante suspendue au-dessus du circuit.

-Je me sens pas bien, gémit Nathan pitoyablement.

Il réussit à détourner l'attention de nous. Ça c'était un vrai pote ! Je grimaçai en le voyant régurgiter sur le sol goudronné. C'était finalement pas pour nous sauver de l'embarras. Liam lui caressa le dos alors que ça n'en finissait plus, ma grimace s'amplifiant à chaque seconde. Quand il eut enfin vomi toutes ses tripes, littéralement, il se redressa, une main sur le ventre, les yeux presque fermés. Liam l'emmena aux toilettes alors que le bêta, presque aussi dégoûté que moi appela un sous-fifre pour qu'il nettoie. Un autre bêta arriva avec un sceau et un torchon. Notre bêta attitré nous emmena plus loin sans que je ne quitte le nettoyeur du regard.

-C'est fréquent, nous apprit le bêta en suivant mon regard. Ce genre d'incident, précisa-t-il.

Je croisai le regard de Lucas et nous grimaçâmes tous deux légèrement. Le bêta frappa ses mains, attirant notre attention.

-Qu'est-ce que vous en avez pensé sinon ?
-C'était chiant,
commençai-je.
-Trop lent, continua Lucas.
-C'est vrai que ça manquait de vitesse, ajouta mon père.

Le bêta nous regarda à peine, se concentrant sur l'expression enjouée de ma mère qui, comme une petite fille, tenait ses deux mains et sautillait presque.

-C'était trop bien, affirma-t-elle dans un grand sourire.

Sourire que lui rendit le bêta sous nos regards blasés et celui plus agacé d'Adam.

-Et vous avez vu ? Elle est simple d'utilisation, nous avons pensé à l'ergonomie longtemps avant d'arriver à notre prototype final.

Ma mère hocha la tête, plus qu'attentive, je soupirai.

-Vous avez aussi beaucoup pensé aux couleurs, ajoutai-je avec ironie.

Lucas gloussa, observant les couleurs vives et pastelles des voitures. Cependant le bêta n'y fit pas attention, tout comme ma maman.

-Bon, en attendant qu'ils reviennent on va se chercher un truc à boire et à grignoter ? proposa Lucas.

J'hochai la tête, d'abord un peu réticent, mais en constatant la sécheresse de ma gorge, je me laissai tenter. Nous nous éloignâmes, Lucas, mon père et moi jusqu'aux distributeurs se trouvant dans la cabine.

-N'oublie pas que c'est moi qui te donne la becquée, me rappela Lucas dans un grand sourire.

Ma grimace ne l'atteignit pas, tout comme mon regard ennuyé. Cinq minutes plus tard, les bras chargés de cochonneries en tous genres et en boissons chaudes et froides, nous revînmes vers les trois personnes, le bêta et ma mère toujours en grande conversation sur les petites automobiles pour enfants. Mon père tendit un macchiato à Adam qui le remercia puis il tendit une briquette de jus de fruits à ma mère qui la prit avec un petit sourire de remerciement. Adam le débarrassa de la boisson de M.Bradford, permettant à notre père d'avoir la main libre. Il porta son gobelet à sa bouche, appréciant son café au lait. Une main handicapée par la boisson du vomito, Lucas en profita pour ouvrir un paquet de bonbon, en enfournant cinq dans sa bouche avant de m'en mettre deux dans la mienne. Me débattant vainement, il grimaça en sentant ma langue l'effleurer. Il m'obligea pourtant à les garder dans ma bouche, je le foudroyai du regard.

Toi sans moiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant