Soixante-douzième

40 6 0
                                    

Ses bras me rapprochèrent davantage de lui, nos corps, étroitement serrés l'un contre l'autre, se partageaient leur chaleur. Enfin, il me partageait sa chaleur et moi, je lui communiquais le froid intense qui caractérisait mon corps depuis toujours. Mon visage, posé à proximité de son cœur battant, ne pouvait que refléter ma désillusion. Étrangement, ça me faisait mal que ces gestes tendres, ce comportement amoureux et ses mots prononcés avec délicatesse n'étaient pas pour moi. J'avais l'envie de pleurer.
Mon nez son fronça, tout autant que mes sourcils, j'humai l'air à nouveau pour confirmer ce que je redoutais. Nateo gronda, le nez dans mes cheveux, les mains dans mon dos.

-Nateo, l'appelai-je avec hésitation, tu es en ruts.

Ce n'était pas une question. J'aurais pourtant préféré qu'il m'affirme l'inverse, mais j'en étais sûr. Il frotta son nez dans mes cheveux. Son corps chauffa un peu plus, il venait de s'embraser. Sa fragrance changea, se modifiant pour laisser ressortir toute sa férocité mélangée à une frénésie enivrante qui me rendit fébrile tout autant qu'elle me fit tourner la tête. Je ressentis le besoin le plus profond de l'aider, d'apaiser les chaleurs de mes Alphas. Pourtant, ma conscience me criait l'inverse, ou plutôt, que je ne résisterai pas à l'ardeur d'un alpha violent lors de ses ruts et que mon corps ne s'en remettrai peut-être pas.
Ses mains enfiévrées prirent possession de mon être, le découvrant sous des caresses chaudes et agitées, empreintes à un désir violent et sans aucune pitié. Mon corps tout entier trembla sous ses doigts chauds qui étaient auparavant rassurants mais qui, à présent, semblaient contenir le mal tout entier en leur sein.

-Nateo, s'il te plaît, ne fais pas ça, l'implorai-je, des larmes brouillant ma vue.

Ses mains s'arrêtèrent, son corps se détacha presque du mien, ses yeux se fixèrent dans les miens. Mon souffle se calma en les voyant aussi calmes et aussi tendres qu'il y avait quelques minutes. Il grogna en voyant les larmes formées à l'intérieur de mes yeux. Sa bouche se posa sur mon front, mes tempes, mes joues, le coin de ma bouche puis mon menton. De nombreuses fois, prenant soin de moi comme avant.
Je ne connaissais pas grands choses aux ruts d'un alpha, notamment pour ne jamais les avoir expérimentées par moi-même, mais j'avais entendu dire qu'ils devenaient violents. Très violents, à tel point que les omégas les ayant subi en finissaient parfois traumatisés, surtout ceux qui n'avaient pas leurs chaleurs. Ce qui était normal car les deux phénomènes allaient ensemble, l'un sans l'autre était pénible et douloureux, surtout de subir des ruts.
Pourtant Nateo restait tendre. Mais pour combien de temps encore ? Après tout, si elles s'amplifiaient, comme les chaleurs des omégas, au fur et à mesure du temps, ma fin était proche.
Je quittai le sol, soulevé par deux bras puissants et ramené contre un torse qui l'était tout autant. Je devais absolument partir d'ici. Mais, aurais-je la force de résister à cette odeur divine qui m'embrouillait l'esprit ? J'en étais moins sûr. Mon esprit s'affola un peu plus en comprenant où il m'emmenait: dans sa chambre. Mes larmes ne tardèrent pas à couler. J'étais terrorisé, immobile et incapable de lui résister. J'allais finir traumatisé à 20 ans à cause du loup de mon frère qui s'était trompé et m'avait pris pour compagnon par erreur. Son bras soutenant mon dos, passé derrière mes épaules, de sa main, il me caressa doucement l'épaule, en faisant de même sur mon genoux. Son geste ne me calma pas, au contraire, il me mettait en garde, prenant soin de moi maintenant pour ensuite mieux me faire du mal.
Mes fesses rencontrèrent délicatement le matelas, il m'avait assis sur le bord du lit, enlevant sa veste la seconde d'après. Il déchira ensuite sa chemise, exposant sous mes yeux ce torse puissant qui m'écraserait sans aucun égard quand ses ruts auraient pris possession de lui. Je pleurai de plus belle en baissant la tête, la peur me torturant les tripes.

-Adam, Nateo, chouinai-je faiblement, s'il vous plaît, ne faîtes pas ça.

Mon corps réagit au sien, se préparant à le recevoir. Il le sentit et grogna bestialement, je fermai fortement les yeux, tentant de trouver le courage pour le dissuader de commettre l'irréparable.

Toi sans moiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant