Toi sans moi

Soixante-neuvième

Pff. Il n'y avait pas grand chose à faire ici. Hormis mater ceux qui faisaient du sport en dépit de ne pas en faire moi-même. Toujours sur le tapis de course sur lequel je m'étais laissé tomber, j'observai les gens. Des alphas et bêtas principalement. Ils me regardaient aussi. Je fronçai les sourcils, j'avais un truc sur le visage ou quoi ? Adam ne me l'aurait pas dit ? Oh, le salaud. Une personne arriva, tout sourire. Puis une autre, et encore une autre. Un troupeau apparut soudainement devant moi, sans que je ne comprenne le pourquoi du comment. Ils se pressèrent, voulant absolument faire connaissance avec moi. Je parlai un peu avec eux, jetant des petits coups d'œil à Adam pour qu'il m'extirpe de cette situation. Il ne m'adressa cependant qu'un sourire en changeant de machine, il s'était un peu rapproché, mais n'était pas venu pour autant ! Je soupirai avec lassitude.

-Tu connais Adam ? me demanda avec empressement un bêta.
-Ouais, soufflai-je dans un soupir.

Le petit groupe s'enthousiasma.

-Tu sais s'il a quelqu'un ?

Je rehaussai mon sourcil droit. J'étais censé lui répondre quoi ? Heureusement, un alpha me vint en aide, bien que c'était une mauvaise aide, il détourna leur attention. Il attrapa ma main sur laquelle il fit un étrange baise-main. Ses yeux fougueux se fixèrent aux miens ennuyés. Il ne me fit même pas rougir. Son baiser était au même niveau que son touché: insignifiant.

-Et vous, bel oméga à la beauté dissimulée sous de la fatigue, avez-vous quelqu'un dans votre vie ?
-Pourquoi vous parlez bizarrement ? demandai-je, blasé.
-Je suis un gentleman, je ne parle pas bizarrement, je suis juste courtois.

Il lâcha ma main, mais pas mon regard.

-Ah, et c'est pas un peu chiant dans la vie de tous les jours ?
-Bien sûr que non.

Il se vexa à moitié. D'autres, m'ayant mieux observé, cherchèrent à me draguer, sous mon désintérêt le plus total. Quand je pensais à ce corps, à plusieurs mètres de nous, fort et suant. Une odeur divine se répandant jusqu'à mes narines, je ne pouvais qu'être ennuyé par leurs questions. Les muscles sollicités roulant agréablement sous cette peau parfaite, son tee-shirt blanc lui collant à la peau. Comment pouvait-on être aussi sexy ? Sérieusement, j'avais vraiment gâché huit ans de ma misérable vie. Et quand je pensais que j'aurais pu louper ce moment, ne jamais le voir pour être mort trop tôt ? Grave erreur de jugement. Maintenant, je savais que j'avais tout vu dans ce monde, ou du moins, le plus beau spectacle qu'il avait à m'offrir. Il faudra que je remercie M.Bradford aussi. C'était finalement grâce à lui si j'étais là, il avait pas tort. J'avais envie de prendre une belle photo, là, à son insu, puant le mâle Alpha à plein nez.
Sans me soucier des zigotos autour en pleine discussion, je sortis mon téléphone portable, la meilleure invention de l'homme après les machines de musculation. J'ouvris mon appareil photo, vérifiant qu'il ne regardait pas dans ma direction afin de lui voler quelques clichés. Ce n'étaient même pas des clichés, c'étaient des œuvres d'art à elles seules. Je me retins fortement de le mettre en fond d'écran, ne souhaitant pas tromper mon Kim Taehyung en le remplaçant par quelqu'un d'un niveau supérieur. Oui bon, c'est bon, il fallait bien admettre la vérité à un moment donné. Si seulement Adam était acteur, j'aurais regardé tous ces films et acheté tous les DVD. Je m'en serais fait de belles soirées.
Un petit sourire sur le visage, je me mis à rêvasser en rangeant l'arme de mon crime dans ma poche.

« Il aurait embrassé d'autres omégas, me souffla amèrement ma conscience animale. »

Je perdis mon sourire, totalement. Sans oublier qu'il aurait trouvé quelqu'un de mieux que moi, c'était certain. Beaucoup de personnes auraient gravité autour de lui, et je doutais qu'il m'aurait attendu moi, son frère et son faux lié. Un soupir traversa mes lèvres alors que je sortis de ma rêverie. Peu importait car, Adam n'était pas acteur !
Je ressortis mon téléphone, coinçant ma lèvre inférieure entre mes dents. C'était l'heure de faire chier ce petit couple d'amour. Un sourire aux lèvres, bien que celle du bas torturée, j'envoyai la photo à Nathan, lui joignant un message.