Toi sans moi

Soixante-dix-neuvième

-Il est où Adam là, me demanda dans un soupir mon meilleur ami.

Soupir que je lui rendis en continuant à affiner les traits de mon dessin commencé plus tôt.

-Il ne reviendra sûrement pas. Il est encore parti, conclus-je.

Je n'étais même pas irrité par son comportement, juste lassé par ses secrets. Lucas se releva de la table sur laquelle il était assis, en face de moi.

-Si ça se trouve, il a rendez-vous secret, souffla-t-il en agitant le bout de son doigt.

Je fronçai les sourcils, l'invitant ainsi à continuer.

-Eh bien, tu sais, il est venu là pour voir quelqu'un, chuchota-t-il presque, tel un mot interdit. C'est pour ça qu'il nous aurait abandonné dès notre arrivée ici, pour rejoindre cette personne. Et ce serait aussi pour ça qu'il se serait fait si beau !
-Adam est toujours très élégant, tentai-je de le défendre.

Lucas frappa dans ses mains, ses yeux s'agrandissant.

-Mais réfléchis Nao. A ton avis, pour quelle autre raison il nous aurait abandonné là, tous seuls comme des cons ? Et puis, il est étrange depuis ce matin, tu le sais, il avait l'air nerveux bien avant qu'on vienne te chercher, argumenta-t-il. C'était forcément à cause d'un rendez-vous.
-Qu'il aille se faire foutre avec tiens, marmonnai-je.

Mon regard retomba sur mon dessin, j'étais à la fois agacé et attristé par cette hypothèse plus que probable. Putain. Mais qu'est-ce qui clochait avec moi ? Mes doigts se resserrèrent autour de mon crayon de papier, la mine s'acharnant sur cette pauvre feuille qui n'avait rien demandée. Lucas, trop occupé par son téléphone ne le remarqua pas.

-En tout cas Nao, tu as du flair, me complimenta mon ami. Tu as réussi à devenir pote avec l'oméga du directeur d'Adam, mais en plus, c'est un gars génial qui sait cuisiner. Vraiment, je tiens à le préciser, ce qu'il a fait était vraiment succulent.

Je levai un sourcil en accrochant mon regard au sien, chassant Adam de mon esprit, il ne méritait pas autant d'attention.

-Il t'a invité à passer Noël chez lui, on peut aussi dire que c'est ton ami, non ?
-Même pas en rêve, ricana-t-il. Son Alpha l'a toujours collé dès que j'exerçais une approche pour en faire mon pote.

Je levai les yeux au ciel. Ces alphas là purée. Quand est-ce qu'ils se calmeront avec leurs ardeurs ?

-Ils seront parfaits !
-Un oméga mâle, enfin !

Sans comprendre ce qui nous arriva et sans les voir s'approcher, Lucas se fit emmener loin de moi, kidnappé, tout comme moi, des mains attrapant mes affaires alors que je tentai de comprendre ce qui se passa, m'accrochant comme je le pus à mon œuvre. Œuvre qui me fut arrachée des mains avant que je ne le comprenne. Nous fûmes jetés dans une pièce, sans nos affaires qu'ils gardèrent, d'autres personnes nous prirent en charge. J'eus à peine le temps de repérer le nombre incalculable de costumes, perruques, accessoires et coiffeuses dans la pièce que des mètres dansèrent autour de moi, mesurant chaque endroit de mon corps.

-Alors ? Pour l'oméga mâle, tu penses à qui ?
-Ilyan.

Tout de suite après, on me poussa dans une cabine avec une étrange robe et l'ordre de la mettre.

-Moi je mets pas ça. Hm, je n'obéirai pas à mes kidnappeurs, je vais prévenir mon Alpha, vous allez avoir des problèmes, les avertis-je.
-Si tu ne mets pas cette robe c'est toi qui va avoir des problèmes, me répondit-on sèchement.
-Ah d'accord. C'est comme ça maintenant les kidnapping. Je ferai attention la prochaine fois où j'irai dans un musée. Enfin, si j'y retourne, marmonnai-je plus bas.