Cent-unième

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Alors, pourquoi je n'arrivais pas à m'en convaincre moi-même ? Mon cerveau l'avait compris, mais, mon cœur, lui, ne l'acceptait pas. Je doutais qu'il en vienne à l'accepter un jour. Je me demandais comment Adam le vivait, lui. Et, comment allait ma petite féline adorée. Est-ce qu'elle m'avait déjà oublié ?
Mes doigts s'accrochèrent au bas de mon pull. Je résistai depuis si longtemps à l'envie de le revoir, malgré ce qu'il m'avait dit. Bien qu'il me détestait. Je voulais atrocement les revoir et les serrer dans mes bras. La distance instaurée depuis trop longtemps me faisait de plus en plus mal, parvenant même à dépasser la souffrance causée par ses propos. Qu'est-ce que je devais faire ?

-Liam vient de rentrer, il va nous préparer le repas.

Je me levai du bureau devant lequel j'étais assis, attrapant ma veste sous le regard curieux de Nathan.

-Tu vas où ?
-Je vais passer voir Adam, je serai revenu pour le dîner.

Les traits torturés, il me laissa finalement y aller, l'espoir gonflant mon cœur autant que l'appréhension nouant ma gorge. Le trajet me parut long, atrocement long. Le volant serré entre mes mains tremblantes, je fis attention à chaque détail, la nuit plus sombre encore qu'habituellement.
Les clés en main, devant sa porte, je n'osai pas les introduire dans la serrure, trop fébrile. Un miaulement retentit dans l'appartement, me figeant autant que me rassurant. Prenant mon courage à deux mains, j'introduisis la clé, la tournant pour déverrouiller cette porte. A mon étonnement, je ne parvins pas à l'ouvrir. Perplexe, je tournai la clé dans l'autre sens, comprenant qu'Adam n'avait pas verrouillé la porte, ce qui était inhabituel.
Méfiant, j'appuyai sur la poignée, ouvrant lentement la porte. Le petit corps de ma Tina se leva et, elle miaula joyeusement de nombreuses fois. Je rentrai dans l'appartement, refermant la porte derrière moi. Mon nez se plissa, une odeur familière, et qui n'était pas celle délicieuse d'Adam, flottait dans l'air. Témoignant d'un passage régulier et surtout récent d'une autre personne ici. Je grimaçai en reconnaissant l'odeur. Alors cette pétasse avait réussi son petit coup. Elle était parvenue jusqu'ici.
Les traits mécontents, je m'approchai de ma minette, heureux de la revoir elle. Mais, à peine m'approchai-je qu'elle s'en alla en courant. Je la suivis alors, mes yeux rencontrant ses gamelle vides. De plus en plus agacé, je tournai ma tête vers le salon et, mes yeux s'écarquillèrent.
Là, au milieu de ce bazar se distinguait une masse, assise sur la chaise, le haut du corps allongé sur de nombreux dossiers. Mon irritation laissant place à l'inquiétude, je m'approchai de lui, posant mes mains sur son bras, au dessus de son pull. Son visage totalement rougit ne réagit pas à mon contact, ce qui m'inquiéta davantage.

-Adam ? Adam ? Ça va ?

Je le secouai pour tenter de le réveiller, ce qui ne marcha qu'à moitié, sa respiration sifflante m'indiqua que non, ça n'avait pas l'air d'aller. Mes yeux tombèrent sur des boites de médicaments vides. Mon regard le retrouva, de plus en plus anxieux.

-Adam ?

Ma main se posa sur son front, grimaçant davantage.

-Tu es brûlant !
-Nao ? C'est toi ?

Sa voix rocailleuse résonna, il était à bout de souffle, déjà.

-Je t'ai menti, j'en suis désolé, peina-t-il à articuler. Mais, sur le coup, je ne l'avais pas compris, je ne l'avais jamais vu. Crois-moi, me supplia-t-il. Le petit garçon, son prénom est Aloys.

Je lui intimai de ne pas parler, passant son bras derrière mon cou, le mien autour de sa taille.

-Tu ne peux pas rester là, viens. Il faut que tu m'aides Adam, je ne pourrai pas te soulever tout seul. Tu peux tenir sur tes jambes cinq minutes ?

Toi sans moiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant