Cinquantième

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C'était trop, beaucoup trop insultant de les laisser dénigrer ma mère en pleine rue et moi-même par la même occasion. J'allai intervenir, mais mon corps se figea à l'entente de leurs propos me concernant.

-Et son autre gosse là, à l'heure qu'il est il doit être sur un trottoir à attendre de se faire sauter ou encore dans un bordel !
-Cette femme t'a retourné le cerveau fiston, les enfants qu'elle a porté ne sont sûrement pas les tiens, Dieu seul sait combien d'hommes elle a eu dans sa vie.

Ma mère baissa la tête. Non pas par honte, mais par tristesse. Je la connaissais assez pour savoir qu'elle n'avait jamais eu honte d'être une oméga, loin de là même, c'était grâce à ça qu'elle avait rencontré mon père.
Ce spectacle m'insupportant, je décidai d'agir et de la jouer fine, je ne comptais pas arriver et m'en prendre à eux. Non, je voulais les humilier tout comme ils l'avaient fait pour ma mère et moi. Me baissant pour être à la hauteur des deux vieux, je leur fis un petit sourire en leur demandant gentiment.

-Que faîtes-vous dehors à cette heure-ci monsieur et madame ? Il est déjà seize heures, vous devriez encore faire la sieste à cet horaire.

La femme hoqueta offensé alors que je lui fis un sourire un peu plus grands. Mes yeux bleus tombèrent dans ceux marron du vieux alors que ceux aussi ténébreux de la vieille me jaugeait de haut en bas.

-Et on peut savoir pourquoi un être de rang inférieur au nôtre vient nous parler ?

Je me redressai, mon sourire perdant de son éclat.

-Et on peut savoir pourquoi des vieux sont de sortie dans les rues à cette heure-ci au lieu d'être dans leur maison de retraite ?

Ils parurent choqués par ma répartie, s'attendant sûrement à ce que je m'écrase face à eux.

-Bah quoi ? Vous avez enfin compris que vous étiez vieux ?

L'homme leva la main pour me mettre une correction, mais je l'esquivai.

-Excuse-moi, mais t'es trop vieux pour avoir un semblant d'autorité.
-Comment oses-tu me tutoyer sale ingrat ?

Il devint rouge de colère alors que la femme me scanna de son regard dédaigneux.

-J'imagine que c'est toi le raté de cette famille, me transperça-t-elle de ses yeux affreusement sombres. Si seulement tu avais pu mourir à la naissance, tu aurais sauvé notre honneur. Mais à cause de toi, tu as sali la famille parfaite qu'ils étaient. Quand je repense à ce pauvre petit Adam, soupira-t-elle, il a dû se coltiner un pleurnichard comme petit frère.

Elle avait cru m'atteindre avec ces mots, mais contrairement à ce qu'elle pensait, je me mis à rire sans pouvoir m'arrêter. Quand je me calmai sous leurs regards décomposés, mon visage redevint amusé.

-Votre honneur ? Laissez-moi rire, vous n'avez jamais eu d'honneur. Vous rabaissez les omégas en criant que vous êtes de rang supérieur, mais vous ne valez pas mieux que nous, crachai-je, acide. Il serait peut-être temps de se réveiller, nous ne sommes plus au Moyen-Âge.
-Petite merde ! Comment oses-tu ?

Ma main se referma autour du poignet du vieux qui avait voulu me frapper une nouvelle fois. Je levai un sourcil, un sourire en coin aussi amusé qu'agaçant apparaissant sur mes lèvres. Je me mis à sa petite taille, pouffant légèrement.

-Quoi ? C'est toute la force que tu as ? Tu n'es pas très costaud, papy.
-Ne m'appelle pas comme ça le raté !
-Nao, je m'appelle Nao Conrad.
-Je t'interdis de porter ce nom, tu ne le mérites pas !

Toi sans moiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant