MEXICO

23. Nouvelles perspectives (2)

La voix mieilleuse de James fini par me sortir de ma contemplation et nous nous installons à sa table.

_ Vous voila enfin mes amis, rude soirée non ?

Son allusion à notre affrontement chez Pablo me donne envie de le secouer dans tous les sens comme un prunier. Des vies sont en jeu, plusieurs personnes sont mortes ce soir mais ça à l'air de l'amuser comme s'il ne s'agissait que de pions dans une partie d'échec qu'il déplace à sa guise. Parce que si Rodriguez arrive à obtenir des informations précieuses de la part de James, je ne doute pas que Pablo y arrive aussi. Après tout James pourrait se définir comme un simple commerçant à qui il se vend au plus offrant, logique.

_ Si nous sommes venus pour que tu te foutes de notre gueule et que tu n'aies aucun respect pour le combat qui a été mené ce soir, autant repartir tout de suite grogne Rodriguez d'une voix sévère.

Je m'étais déjà faite la réflexion pendant son discours mais je suis touchée par l'importance qu'il a l'air d'accorder aux membres de son cartel. En tant que chef on pourrait se dire qu'il ne s'agit que d'hommes parmi d'autres, que leur mort ne l'intéresse pas le moins du monde pourtant on ressent une certaine compassion venant de sa part et presque une forme de respect pour ceux qui se sont sacrifiés pour lui. Est-ce cette forme d'empathie, d'affection qui distingue un bon chef d'un mauvais ? Ou est-ce au contraire ce qui lui fera perdre cette guerre ? Nous ne tarderons pas à le savoir, maintenant que la guerre a été ouvertement déclarée, les esprits vont s'échauffer de plus en plus et nous ne serons plus en sécurité nulle part.

_ Bien que je trouve cette querelle enfantine des plus divertissantes, je ne t'ai pas fait venir pour me moquer de ton incompétence à faire un coup d'état entre cartels. Je t'ai plutôt appelé parce que j'ai besoin que tu me rendes un service.

_ Et pour quelle bonne raison je te rendrais un service ? On est quitte à ce que je sache.

Le sourire malicieux de James montre à quel point Rodriguez se trompe, ils sont peut-être quittes mais il a forcément quelque chose à lui proposer en échange qu'il ne pourra pas refuser. Pour autant, accepter un deal avec cette vipère me parait être tout sauf une bonne idée.

_ Tu savais que Luis était revenu ?

La réaction de Rodriguez ne se fait pas attendre, son corps se crispe, ses poings se serrent et il lui faut un self contrôle olympique pour ne pas détruire tout ce qui l'entoure. Je me demande alors qui est ce fameux Luis et ce qui le relie à Rodriguez.

_ Comment as-tu fait pour retrouver cet enfoiré ? Lui demande-t-il en grinçant des dents tellement elles sont serrées.

_ Oh tu sais, un coup de téléphone par ci, un coup de téléphone par là. Quoi qu'il en soit, il compte bien récupérer ce qui lui appartient de droit, à toi de voir si tu veux que je t'aide à l'en empêcher ou non. Toi comme moi, nous savons que tu ne l'arrêteras pas sans un petit coup de pouce de ma part.

Si Rodriguez avait pu arracher la tête de James, là tout de suite maintenant, il l'aurait fait sans la moindre hésitation j'en suis persuadée. Je le vois réfléchir un instant pourtant je n'ai pas besoin d'être médium pour savoir qu'il n'a pas d'autres choix que d'accepter. Je ne sais pas ce que cet inconnu veut récupérer mais ça a l'air d'être important pour Rodriguez.

_ Qu'est ce que je dois faire ? Fini-t-il par lâcher, résigné.

Il lui tend une enveloppe, satisfait d'avoir réussi à le convaincre.

_ Durant ton petit retour chez toi, je voudrais que tu t'occupes de cet homme là et que tu me récupères son fameux carnet.

_ Un carnet ? Tu me casses les couilles pour un carnet ?