34. Pardonne moi

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Je démarre la voiture au quart de tour, déterminée, et nous rejoignons la route principale. Les voitures de flics ne sont pas loin devant nous, pas vraiment discrètes et j'appuie à fond sur le champignon. Mon plan est presque suicidaire mais au point où nous en sommes, il faut tenter le tout pour le tout. Nos trois voitures ne tardent pas à rattraper les 4 voitures de flics et nous tentons de les encercler. Rapidement, les balles fendent l'air, ils nous tirent dessus comme des lapins mais je garde mon calme et continue de rouler jusqu'à trouver dans quelle voiture se situe Antonio. Il est dans celle du milieu, ça m'arrange, il aura moins de chance d'être blessé pendant qu'on se débarrasse des 3 autres voitures. Notre premier 4x4 fonce telle une voiture bélier et percute de plein fouet celle des flics, les projetant dans un tonneau hors de la route. Je jette un coup d'œil dans le rétroviseur pour regarder l'état de nos hommes et quand ils sortent indemnes de leur voiture fracturée, je suis rassurée et continue mon chemin. Notre deuxième 4x4 fait la même chose, me dégageant ainsi la voie face aux deux dernières voitures de flics qui ont accéléré le rythme. En nous piégeant, ils ne s'attendaient pas à ce que l'on riposte directement ce qui joue en notre avantage, ils ne s'étaient pas préparés à une attaque. Mais nous ne garderons pas l'avantage longtemps, des renforts ont déjà du être appelés et ne vont pas tarder à les rejoindre.

J'appuie encore plus fort sur l'accélérateur, le moteur grince mais j'arrive ainsi à dépasser les voitures des flics. Je freine d'un coup pour les obliger à ralentir et l'homme de main que j'ai avec moi à l'arrière tire sur les roues des véhicules. La première voiture s'arrête violemment sous le choc mais de façon nette tandis que la seconde fait une embardée et fini en tonneau. Un hurlement s'échappe de ma gorge quand je constate que c'est la voiture d'Antonio et je saute de la voiture après l'avoir rejoint. De la fumée s'échappe du capot, la voiture peut prendre feu à tout moment alors je me hate d'ouvrir la portière arrière. Il est là, un peu sonné, du sang coule le long de sa tempe mais au moins il est en vie.

_ Antonio ! Hurlais-je en l'aidant à se défaire de sa ceinture. Il faut se barrer d'ici tout de suite !

Il acquiesce mollement de la tête et j'essaye de l'extirper de l'habitable, il est faible et me parait à moitié dans les vapes ce qui ne me facilite pas la tache mais tout d'un coup je suis tirée en arrière par une poigne féroce. Un des flics de l'autre voiture m'attrape par les cheveux et me jette au sol.

_ Petite salope ! Tu vas payer cher pour ce que tu viens de faire me crache-t-il avant de m'envoyer un violent coup de pied dans les cotes.

Ma respiration se coupe sous le choc de l'impact ne me laissant pas le temps de me relever avant qu'il ne me saute dessus. Il m'écrase de tout son poids, bloquant mes bras avec ses jambes et je suis incapable de faire quoi que ce soit lorsqu'il commence à m'étrangler. Je me débats autant que possible mais il n'y a rien à faire, cet homme connait bien ses techniques de combat et ne compte pas me laisser une chance de m'enfuir. Ma vision se floute et de petites taches noires apparaissent aux coins de mes yeux et alors que je suffoque j'ai seulement le temps d'entendre une explosion dans mon dos avant que les flammes viennent me bruler la peau. L'homme au dessus me relâche soudainement, hurlant de douleur et j'en profite pour le repousser loin de moi.

Les brulures que j'ai sur les bras me paraissent superficielles, au final mon bourreau m'a servi de bouclier face à la violence de l'explosion mais la vue qui s'offre à moi quand je me relève est tout aussi douloureuse que si l'on m'avait brulée au 3e degré. La voiture est rongée par les flammes, complètement carbonisée et il ne reste plus qu'un tas de ferrailles qui brille sous les lumières qui dansent. Mon cœur se brise, les larmes coulent sur mes joues tandis que j'imagine le corps d'Antonio encore coincé dans cette voiture. Rien ne peut survivre à une telle fournaise, pas même celui qui jusqu'ici m'avait toujours paru invincible, hors du monde et de ses lois, pour moi la mort ne pouvait pas l'atteindre. Mais aujourd'hui la réalité me rattrape et elle est brutale. Mon regard ne se détache pas de ces langues de feu qui emportent au loin mon Rodriguez et je n'arrive pas à accepter cette idée, ça ne peut pas arriver, pas aujourd'hui, pas maintenant alors que j'avais l'impression qu'une réelle connexion s'était enfin établie entre nous. Nous étions plus proches que jamais et je dois l'admettre, ça me plaisait.

MEXICOOù les histoires vivent. Découvrez maintenant