16. Un combat à mort

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Les jours qui suivirent ces évènements, furent particulièrement calmes. Rodriguez ne me demanda pas de l'accompagner de nouveau pour gérer ses affaires et cela m'allait très bien. Nous nous étions à peine recroisé depuis notre tour au marché noir et je ne savais toujours pas quoi pensé de ce qu'il avait fait. Etait-ce une preuve de sa bonté ou tout simplement un geste parfaitement calculé pour s'éviter des problèmes avec la police ? Les rares fois où nous nous étions retrouvés face à face, j'avais eu le droit à un silence glacial et à des regards noirs, me signifiant que toutes traces d'amabilité avaient disparu.  Néanmoins, pour des raisons que j'ignore, j'ai pu réintégrer ma chambre et je dois dire que le lit est beaucoup plus confortable que le canapé miteux de la salle d'entrainement. De plus, depuis ce jour là, l'ambiance est devenue plutôt tendue dans la maison, je les entends discuter à longueur de journée de stratégies et nous savons tous qu'il faut se préparer, que ce n'est que le calme avant la tempête. Je passe alors mes journées dans la salle d'entrainement, mon bras me faisant toujours mal, mais j'arrive de mieux en mieux à y faire abstraction et les progrès que je fais, me poussent à continuer quoi qu'en pense mon bras.

Alors que je m'attendais à passer une énième journées, identiques aux autres, un vacarme pas possible au rez de chaussé me prend au dépourvu quand je sors de ma chambre. Je descends tout en restant sur mes gardes, ne sachant pas vraiment à quoi m'attendre et je suis surprise de trouver autant de monde dans la maison quand j'arrive dans la salle à manger. Des hommes s'agitent un peu partout, d'autres restent cachés dans leur coin. Leur présence n'inquiète personne et vu les conversations réjouies entre certains hommes que je reconnais et des nouveaux, je me doute qu'ils font parti du cartel de Rodriguez. Mais je me demande bien d'où ils sortent ainsi que ce qu'ils font ainsi de si bonne heure.

La réponse à mes questions ne tarde pas à arriver quand Rodriguez s'avance au milieu de la pièce pour prendre la parole:

_ Que tout le monde se la ferme crie-t-il fermement, pour faire taire les conversations.

Le résultat est immédiat, tous les regards se tournent vers lui et on pourrait entendre une mouche voler. Je suis impressionnée par son autorité mais vu l'assurance, la puissance qu'il dégage, ça paraît logique.

_ Bien. Comme vous le savez surement, une guerre se prépare et nous avons besoin de tous les hommes possibles pour les écraser. Voilà maintenant quelques temps que je suis arrivé au Mexique et si au début j'ai voulu tenter de rester cordial avec Pablo, aujourd'hui il est l'heure de le rayer de la carte.

Des cris d'exclamation fusent de toutes parts suite à ces propos et j'ai presque envie de lever les yeux au ciel devant tant de connerie. Ces hommes se réjouissent de foncer tout droit vers un véritable bain de sang. 

_ Ce connard a tenté de nous niquer en m'envoyant en taule puis en venant nous fusiller dans notre propre baraque mais il est temps de lui renvoyer la pareille. Je compte bien lui faire payer, est-ce que c'est clair ? Demande-t-il pour attiser les foules.

Ça ne manque pas puisque des cris, des acclamations, des rugissements lui répondent. Les hommes sont en furie et je n'aimerais pas être à la place de Pablo vu leur détermination et la cruauté qui se reflète dans leurs yeux.

_ En attendant d'attaquer, plusieurs groupes vont être fait. J'en veux un qui va surveiller tous les faits et gestes des hommes de Pablo, je veux savoir où ils sont, ce qu'ils font et quel est le moment opportun pour les attaquer. Un autre groupe aidera à continuer à gérer le business, avec ce qui se prépare, toute la came doit être vendue avant que ça parte en couille. Et enfin, un autre groupe se chargera avec Valerio des nouveaux, ils doivent être prêts à se battre quand le moment sera venu.

Je fais le tour de la pièce du regard et tout le monde acquiesce les dires de Rodriguez, enjoués. Je repère seulement un homme qui n'a pas l'air ravi d'être là, isolé dans un coin de la pièce et vu la tête de déterré qu'il tire, je me demande bien ce qu'il fait là. Je n'ai pas le temps de me poser d'avantage de questions car les hommes commencent à quitter la pièce et je le perds alors de vue parmi tout ce monde. Je reste à ma place tandis que la pièce se vide et j'attends de savoir ce qu'il va en advenir de moi. Il ne faut pas longtemps avant que le regard de Rodriguez s'accroche au mien et je suis toujours autant subjuguée par son regard de glace qui s'infiltre jusqu'au plus profond de mon âme. Il ne tarde pas à me rejoindre, l'attitude froide et la voix dure.

MEXICOOù les histoires vivent. Découvrez maintenant