18. Le deal

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Nous sommes revenus de notre petite excursion dans les bois alors que le jour commençait à pointer le bout de son nez. Aucun de nous n'a prononcé le moindre mot durant le trajet du retour et j'ai bien vu les regards furtifs de Rodriguez pour s'assurer que je n'essaierai pas de m'enfuir une nouvelle fois. J'ai beau vouloir quitter ce trou à rat, je me doute bien que ce n'est pas en me faisant abattre dans les bois que j'atteindrais mon objectif. Alors c'est la boule au ventre que je franchis le pas de la porte de la maison, cet endroit est anxiogène. Je ne croise personne sur le chemin qui me mène à ma chambre et je suis heureuse de ne pas tomber plus précisément sur Santiago. Mais avant de m'enfermer dans ma chambre, une question que j'avais totalement oubliée s'impose à mon esprit: qu'est-il arrivé à Samuel après que je me sois évanouie. J'ai peur de connaître la réponse mais plus j'attendrais pour demander, pire ce sera alors je rebrousse chemin et me toque au bureau de Rodriguez. Il ne tarde pas à me dire d'entrer et quand il s'aperçoit qu'il s'agit de moi, il souffle d'exaspération.

_ Putain, quoi encore ?

_ Qu'as-tu fais à Samuel après qu'il m'ait défendue ? Demandais-je de but en blanc, ne passant pas par quatre chemins.

Ma question à l'air de l'ennuyer mais je ne compte pas partir d'ici sans avoir de réponse.

_ Ton chevalier servant a eu ce qu'il méritait.

Quoi ? Mais que sous-entend-t-il par là ? La colère fuse et je jure que s'il l'a tué je lui ferai la peau coûte que coûte.

_ Tu l'as tué hein ? Tu es vraiment un...

_ Même si j'aurais aimé l'envoyer six pieds sous terre, je ne l'ai pas tué me coupe-t-il durement. J'ai besoin de tous les hommes dispos en ce moment et je ne compte pas sacrifier un bon élément juste à cause de toi, tu m'apportes déjà suffisamment d'emmerdes.

_ Alors qu'as-tu fais ?

_ Je lui ai simplement rappelé quelle est sa place et il fait actuellement connaissance avec les rats des cellules.

Il l'a enfermé comme il l'a fait avec moi lors de mes premiers jours ici... Mon corps se tend rien qu'à l'évocation de ces souvenirs et mon coeur se serre quand je me dis que Samuel vit cela à cause de moi. J'ai envie d'hurler à Rodriguez de le sortir de là mais ça ne ferait qu'aggraver les choses alors je me contente d'hocher la tête. Néanmoins, un autre détail attise ma curiosité.

_ Comment sais-tu que c'est un bon élément ? Il fait parti des nouvelles recrues, il vient seulement d'arriver.

_ Eh bien tu le questionneras lui sur ses conditions de recrutement, j'ai d'autres choses à foutre que papoter sur la vie des autres.

Je décide d'en rester là et sors de la pièce pour rejoindre ma chambre. Je suis soulagée que Samuel soit en vie même s'il n'en est pas moins puni et je culpabilise, tout ceci étant ma faute. S'il n'avait pas défié Rodriguez, s'il ne m'avait pas défendu, tout irait bien pour lui et il ne serait pas sur la liste noir de Rodriguez. Mais s'il ne l'avait pas fait, je ne serais surement plus de ce monde, morte étranglée... Je ne peux alors que lui être infiniment reconnaissante et j'ai une dette envers lui. Je me couche, me torturant l'esprit au sujet de Samuel et réfléchissant à la meilleure façon de le sortir de son trou à rats. Malheureusement, si je n'arrive pas à convaincre Rodriguez, je me vois mal organiser une évasion, j'ai suffisamment attisé sa colère ces dernières 24h.

Après une repos bien mérité et alors que le soleil est à son zénith, je décide alors de retourner dans le bureau de Rodriguez dans l'espoir de défendre le cas de Samuel. Mais quand je toque à la porte, aucune réponse ne vient. Est-ce qu'il n'est pas dans son bureau ou est-ce qu'il ne veut voir personne ? Je plaque l'oreille contre la porte et je n'entends pas le moindre bruit venant de l'intérieur. Ma curiosité mal placée a envie d'essayer de tourner la poignée pour voir si le bureau est ouvert et me faufiler à l'intérieur mais une voix dans mon dos me fait sursauter et je m'éloigne d'un pas de la porte.

MEXICOOù les histoires vivent. Découvrez maintenant